Avant l’introduction de l’écriture, on ne signait pas un document, » on donnait sa parole ». Ijambo. La parole, dans notre tradition était respectée. La parole du roi, elle, quasiment sacrée. Car lorsque le roi parlait, sa parole s’adressait à tous. Père de la nation, le roi mesurait la portée de ses mots. Tradition tout cela, nous sommes en République, « indépendant », en « démocratie », diront certains. Mais hier comme aujourd’hui ou demain, un chef, un président, doit avoir de la hauteur, de la retenue. Au-dessus des ethnies, des partis, quand il prend la parole, il s’adresse aux citoyens, sans aucune distinction. A ceux qui ont voté pour son parti ou non. Il parle aux nantis et aux va–nu-pieds, aux repus et aux affamés et autres mujeri (les chiens malingres), qui restent des enfants de la République. Un président doit être au-dessus de la mêlée. La parole, surtout celle d’un chef, est puissante. Elle apaise, souvenez-vous, du fameux « je vous ai compris » d’un De Gaulle, le 4 juin 1958 face au peuple en colère à Alger. Instantanément, la foule s’est calmée. La parole d’un chef peut souder un peuple. Pour le meilleur comme pour le pire. Pensons aux discours d’un chancelier allemand de sinistre mémoire, galvanisant les foules, stigmatisant une partie de la population. La suite on la connaît. La parole d’un leader n’est pas anodine. Hier, aujourd’hui, et demain.