En ce moment, le pays retient son souffle. Mais saluons tout d’abord la maturité des Burundais qui ont voté dans le calme, malgré une certaine tension. On peut regretter la coupure volontaire des réseaux sociaux, sorte de déclaration de mauvaises intentions, mais en réalité elle ne change pas vraiment la donne. Les Burundais ne votent pas via internet et puis à l’heure actuelle, au Burundi comme ailleurs, la censure complète est quasiment impossible. Aujourd’hui au Burundi, presque tous ceux qui utilisent les réseaux sociaux savent comment contourner le blocage (VPN).
L’élection, en tout cas le premier tour, n’a pas été sans incidents, parfois graves, mais s’est plutôt bien terminée. A l’issue du vote, les principaux candidats se sont exprimés. Que ce soit Evariste Ndayishimiye ou Agathon Rwasa, tous deux ont prononcé des mots dignes d’hommes d’Etat. Des paroles mesurées, un appel à la raison et au calme. Cette sérénité dans les deux camps mérite notre reconnaissance.
Ensuite, il y a eu cette courte déclaration du « Guide suprême » qui est passée relativement inaperçue. Là aussi, le président sortant s’est posé soudain en homme d’Etat, responsable, apaisant. Dans un discours très imagé, il a comparé l’élection au geste du semeur. « Tu peux cultiver et faire une bonne récolte ou bien cultiver et faire une mauvaise récolte. »
Des mots sages. Mieux, et ce conseil ne souffre aucune ambiguïté, il a dit que l’on ne peut pas être « éternellement premier » ! Se posant en arbitre, au-dessus des deux parties en compétition, il a même invité le perdant à accepter d’être deuxième, avec un message d’espoir à son intention : « après une mauvaise récolte, il faut continuer, avancer ».
Cette « parabole du semeur » du président Pierre Nkurunziza entrera sûrement dans l’histoire. Pour faire bonne mesure et rester dans le même registre, permettez-moi de conclure : « que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent…»