La mort de Nzarabu clôt-elle le dossier Gatumba ?

La vérité sur le massacre de Gatumba, dans la nuit du 18 au 19 septembre, risque d’être enterrée en même temps qu’Innocent Ngendakuriyo (alias Nzarabu), un des 22 prévenus dans cette affaire.

Fait troublant, aucun n’avait été poursuivi par le ministère public pour avoir participé directement à l’attaque, tous sont poursuivis pour complicité. Pourtant Nzarabu avait avoué détenir la vérité sur la préparation et l’exécution du massacre. Il a accusé certains cadres et officiers de la police nationale et du Service National de Renseignement (SNR) dont un général et un commandant qui l’ont arrêté, d’être les responsables. Nzarabu assure qu’ils l’avaient chargé de tendre un piège à Claver Nduwayezu, alias « Mukono », un chef rebelle qui sévissait dans la région, et accusé d’être le principal cerveau de ce massacre. Le piège aurait mal fonctionné. A la barre, Nzarabu a demandé à plusieurs reprises à être confronté à ces hauts gradés de la police. En vain.
Condamné à perpétuité, Nzarabu a été incarcéré à la prison centrale de Rumonge, d’où il sera mystérieusement « évadé ». Dans une interview accordée aux médias locaux, Nzarabu a affirmé qu’un groupe composé de cadres de la police et du SNR l’a exfiltré de la prison. Ces personnes lui ont demandé de changer sa version des accusations dans cette affaire et lui ont promis d’exiger son acquittement.

Du vivant d’Innocent Ngendakuriyo, ceux qu’il pointait du doigt n’ont jamais été inquiétés par la justice. A fortiori, ils ne le seront plus jamais, maintenant qu’il est mort. A moins qu’une association ou une organisation locale ou internationale ne porte le cas devant une juridiction autre que burundaise. Quant aux 831 Millions Fbu de dommages et intérêts réclamés par les familles des victimes, autant faire une croix dessus. Finalement, la mort de Nzarabu arrange bien du monde. De là à croire que c’est un coup monté, comme le murmure une certaine opinion, il n’y a qu’un pas.