L’un des chapitres du protocole portant création du Marché commun de la Communauté Est-Africaine vise à supprimer les obstacles juridiques à la mobilité de l’emploi. Au Burundi, on exige actuellement moins de documents et l’on donne plus de facilités pour obtenir un permis de travail. <doc2965|left>« Avec l’intégration régionale, c’est la libéralisation du travail, », indique Boniface Ndayiragije, directeur général du travail au ministère de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale. Il précise que l’adoption du protocole du marché commun est la preuve « d’une politique active de l’emploi ». Selon lui, avec la mise en application du protocole, tout citoyen d’un pays membre de l’EAC a droit à un permis de travail dans le pays hôte. Pour s’assurer une meilleure mobilité de l’emploi, le directeur général du Travail indique que le Burundi encourage la création de l’emploi en donnant plus de facilités aux investisseurs pour venir s’installer dans notre pays. Il précise que le ministère exige moins de documents que par le passé. Par ailleurs, les ressortissants des pays membres de l’EAC bénéficient d’une réduction de 50% des frais de permis de travail, comme stipulé dans le protocole. Et de souligner que ce n’est pas le cas pour les autres ressortissants d’autres pays. Pour ces derniers, le ministère doit s’assurer de leurs bonnes intentions ou leurs motivations, notamment en exigeant le nom de son éventuel employeur, mais aussi démontrer l’intention de créer de l’emploi ou d’en chercher. Postuler dans n’importe quel pays de l’EAC Boniface Ndayiragije se réjouit que le Burundi ne soit plus dans un espace clos : « Que ce soit un Burundais ou un autre citoyen de la communauté, il est libre de circuler. Il n’y a plus de barrières. Il peut postuler dans n’importe quel pays de l’EAC. Tous les ressortissants des cinq pays sont traités sur un pied d’égalité. Non seulement ils peuvent chercher de l’emploi mais aussi investir ou en créer. » ______________ { Les conditions exigées pour obtenir un permis de travail au Burundi Le permis de travail est octroyé par une commission d’orientation et délivré par le directeur de l’Inspection du travail, selon l’ordonnance ministérielle n°660/086/92 du17 février 1992 portant réglementation de l’emploi des étrangers au Burundi. Pour un étranger résident, il est délivré sur sa demande. Cette dernière est, pour le non-résident, formulée par son futur employeur. Le demandeur doit fournir : une lettre de demande, une carte d’identité pour l’étranger non résident et la carte d’identité (ou visa de séjour) pour un résident. Sont également exigés le diplôme ou certificat, deux photos passeport et un curriculum vitae.} _______________ En outre, sur le marché du travail, la compétitivité est garantie à tous les citoyens des cinq pays. Autres avantages de cette mobilité de l’emploi: l’échange d’expériences, l’ouverture d’esprit, la migration, la circulation des biens et de la main-d’œuvre et enfin le renforcement des capacités dans l’EAC. Par ailleurs, un projet de révision du code de travail est en cours pour s’ajuster au contexte régional. « Il prévoit des actions spécifiques dans le but de supprimer les obstacles à la mobilité des travailleurs au niveau de l’EAC », conclut le directeur général du travail. <doc2967|left>Témoignages De nationalité kenyane, Osman Hussein possède un cabinet médical en plein centre ville de Bujumbura depuis décembre 2010. L’idée de venir s’installer lui est venue quand il était de passage dans la capitale burundaise en 2007. Au début, il voulait ouvrir un magasin pour la vente de matériels et appareils médicaux, une branche d’une société basée à Nairobi. Finalement, il a opté pour un cabinet médical. Pour avoir le permis de travail et tous les documents nécessaires, l’endroit où s’installer, cela lui a pris sept mois. Pour l’obtention d’un permis de deux ans, Osman Hussein précise avoir payé trois cent dollars américains. Tharcisse Niyonzima, Burundais, vit, depuis deux ans, à Kampala où il représente une société d’import-export. Il affirme n’avoir eu aucun problème pour s’installer sur le sol ougandais : « J’ai cherché seulement un permis de travail. Cela n’a duré que quelques jours. C’était facile puisque je faisais la navette entre Kampala et Bujumbura. » _____________________________ La mobilité de l’emploi est l’une des préoccupations des chefs d’Etat de l’EAC. C’est pourquoi le protocole portant création du marché commun de la Communauté Est-Africaine, en sa quatrième partie, parle de libre circulation des personnes et de la main-d’œuvre. De plus, l’article 10 de ce chapitre sur la libre circulation des travailleurs stipule que : – Les Etats membres donnent solennellement la garantie à la libre circulation dans leurs territoires, des travailleurs qui sont ressortissants des Etats membres de la communauté. – Les pays membres s’assureront qu’il n’y a pas de discrimination basée sur la nationalité des travailleurs en provenance d’autres Etats membres et en relation à l’emploi, à la rémunération et aux autres conditions d’emploi et de travail. – La libre circulation des travailleurs donnera au travailleur le droit de : a) postuler à l’emploi et accepter les termes d’emploi lui offerts ; b) circuler librement dans les territoires des pays membres pour des fins d’emploi ; c) conclure des contrats et entamer le travail suivant ces contrats, les lois nationale et administrative sans discrimination. – Rester dans le pays hôte dans le but de prester suivant les lois et procédures régissant l’emploi des travailleurs de cet Etat membre ; – Jouir de la liberté d’association et des négociations collectives conformément aux lois nationales du pays hôte ; – Jouir des droits et des bénéfices des systèmes sociaux accordés aux travailleurs du pays hôte, etc.