Il a défrayé la chronique. Des audios circulent depuis mercredi 17 avril sur les réseaux sociaux où un officier de police déclare qu’il décimera une famille qui tiendra une réunion clandestine nocturne. Femme et enfants ne seront pas épargnés. Un parti politique de l’opposition est cité. Les orpailleurs clandestins subiront également le même sort. Ces propos terribles sont attribués à Jérôme Ntibibogora, commissaire de police dans la province de Muyinga.
« Douter, toujours douter » est le principe sacro-saint d’Iwacu, notre credo. Il fallait absolument appeler le concerné. Ce dernier assume complètement. Il persiste et signe : « On ne badine pas avec la sécurité. A l’heure où je vous parle, je viens de tenir le même langage dans une autre rencontre. »
De tels propos choquent, scandalisent, provoquent des sueurs froides. Surtout quand ils sortent de la bouche d’un haut responsable de la police. Des questions : A partir de quel nombre et à quelle heure faut-il accuser les gens qui se rassemblent de tenir « une réunion nocturne » ? Qui est habilité à faire ce constat, avec quels éléments matériels ? D’après quelle loi ?
Un commissaire de police provincial est une autorité. Il a plusieurs policiers sous sa responsabilité. « 1 500 », dira le commissaire Ntibibogora. Comment vont-ils interpréter les propos de leur chef ?
Un homme avec une telle responsabilité devrait faire preuve de sang-froid, de respect des procédures. Contrairement à ses propos, il doit être plus un gestionnaire de moyens humains et matériels qu’un homme de terrain.
A l’approche des élections, il y a intensification de l’effervescence politique. Dans nos récentes publications, nous avons démontré comment l’intolérance politique gagne du terrain. Une vive agitation politique prend de l’ampleur, surtout chez les jeunes. Malheureusement, à l’instar de ce commissaire, il y en a d’autres qui jettent de l’huile sur le feu. Nous l’avons démontré dans le dernier numéro. L’usage de la force par une autorité est en principe très encadré. Un commissaire qui a dévié de sa mission devrait être vite recadré, rappelé à l’ordre, voire sanctionné par ses supérieurs hiérarchiques. Il y a urgence. En fait, il faudrait revenir sur les missions fondamentales de la police à savoir : protéger et servir.