Autour et à l’intérieur du marché central de Bujumbura, les gens qui mendient deviennent de plus en plus nombreux. Ils s’organisent même en association. Mais une triste réalité : des mères célibataires et des vieilles mamans se servent de petits enfants pour attirer la pitié des passagers. Certaines n’ont aucun handicap physique, d’autres, plus habiles, font semblant d’être handicapées et ont localisé des endroits stratégiques pour plus de récolte. <doc2356|left>« Je me lève très tôt pour marcher pendant au moins 45 minutes afin d’arriver en ville, quelque part à l’avenue de la Mission ou de la Victoire. Et vers 16 heures, je retourne à la maison avec une ‘’récolte’’ de 2500Fbu ou 3000Fbu», affirme Madeleine, une mendiante sexagénaire, native de Sororezo, Commune Kanyosha, province de Bujumbura Rural, trouvée à l’avenue de la Victoire. Ce n’est pas parce qu’elle le veut que Mado, comme la surnomment d’autres ‘’collègues’’ mendiants, tend la main à chaque passant : « J’ai tout perdu à cause de la guerre de 1993. Je suis devenue veuve en 2002 et la belle famille à commencé à me maltraiter. Deux ans après, mes deux garçons qui combattaient pour le FNL sont morts », raconte-t-elle recroquevillée sous un parapluie tout aussi en haillon que ce qui lui reste de pagne. Le malheur ne vient jamais seul, dit-on. Avant d’aller dans la rue, Mado qui n’a que ses mains pour mendier et ses pieds pour se rendre quotidiennement à son ‘’poste’’ afin d’assurer son calvaire de survie, se fait voler tout ce que son mari lui avait laissé dans la maison: « Alors, comme je n’ai pas la force pour cultiver, j’ai pris la décision de mendier même si c’est très honteux. » Ainsi, malgré elle, la mendicité est devenue comme un métier, une profession. Des enfants de la rue devenus des « adultes de la rue » En plus de ces filles et vieilles femmes, l’effectif des enfants de la rue devenus « des adultes de la rue », gonfle du jour au jour. A proximité de l’ex-stade FFB et à quelques mètres de l’Office du Thé du Burundi (OTB) à l’avenue de la Grèce, on trouve une trentaine de jeunes, garçons et filles, en train de jouer aux cartes ou de fumer du tabac et même du chanvre. Plus alarmant, certaines filles sont enceintes. Un de ces jeunes âgé de 25 ans indique qu’ils passent la nuit devant des kiosques ou de grands magasins de la capitale. Il s’est retrouvé dans la rue, dit-il, à cause des menaces de sa marâtre après la mort de son père en 2001.