<doc6771|right>Durant la terrible période quand la RDC actuelle était l’Etat Indépendant du Congo, des atrocités y ont été commises sur les populations locales. Plusieurs millions de Congolais ont été décimé dans la fleur de l’âge à cause d’un système inhumain de travaux forcés de portage, d’exploitation du caoutchouc, de la construction de routes et de celle d’un chemin de fer. Même si cela n’est pas souvent dit, même si aucune personne n’a été jusqu’ici poursuivie, ne fût-ce qu’à titre posthume, ce qui est encore moins connu sont les révoltes des nations et des peuples de cette région africaine contre l’ignominie de l’exploitation capitaliste sauvage.
Au chapitre 8 de l’ouvrage d’Adam Hochschild, {« King Leopold’s Ghost »}, l’auteur revient sur ces hommes qui se sont dressés tel Spartacus à Rome et ont défié la Force Publique du roi Léopold II pendant tout son règne de terreur et d’esclavage. Le peuple Sanga, comme le feront plus tard les Kanak, sous la direction de Mulume Niama, se révoltera et se réfugiera dans une grotte calcaire appelée « Tshamakele ». Il y résistera trois mois durant. La répression consistera à miner la grotte et faire disparaître toute trace de vie pour que le lieu ne soit jamais vénéré par les locaux.
En 1890, dans le Bas-Congo, un homme du nom de Nzansu rassembla une armée de 50.000 hommes. Il tua des officiers Blancs et leurs soldats Noirs venus d’Afrique occidentale pour la plupart. Il détruisit plusieurs postes militaires de l’Etat. En revanche, il épargna les missions protestantes suédoises qui travaillaient en respectant les populations locales. Malgré l’application de la stratégie de la terre brûlée pour les décimer, les hommes de Nzansu résisteront longtemps et jamais le chef ne fut attrapé. Au Kasaï, le chef Kandolo va organiser un véritable maquis à partir de 1895. Il sera tué, mais ses deux lieutenants Yamba-Yamba et Kimpuki résisteront encore jusqu’en 1908. Plus près de nous au Kivu, une caravane de porteurs se révolte en 1897 et s’organise en une armée très disciplinée. Ils vivront en bon entente avec les chefs locaux et feront subir de très lourdes pertes à la Force Publique. Un des chefs militaires, Mulamba, aura comme prisonnier un missionnaire Français, Auguste Achte, qui témoignera de sa grande magnanimité. Non seulement il sera épargné, mais aussi il lui sera remboursé les biens confisqués et il recevra de généreux cadeaux car une enquête avait établie qu’il s’agissait d’une personne qui enseignait la parole de Dieu, ne portait pas d’arme et surtout ne brutalisait jamais les Africains. Vers 1900, ces combattants de la liberté trouveront refuge en territoire allemand appelé …Ruanda-Urundi.
Ces mouvements d’insurrection de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème annoncent les futures révoltes des années 60 qui mèneront le continent à l’indépendance. L’auteur termine son ouvrage, que je ne saurais recommander davantage, par ces deux phrases : « At the time of the Congo controversy a hundred years ago, the idea of full human rights, political, social, and economic, was a profound threat to the established order of most countries on earth. It still is today.” 1
Traduction libre : “Lors de la controverse sur le Congo au siècle dernier, les concepts de droits de l’homme, des libertés politiques et économiques étaient considérés comme une menace grave de l’ordre établi de la plupart des pays du monde. C’est encore le cas aujourd’hui. »
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1 Hochschild, A., {King Leopold’s Ghost, London: A Story of Greed, Terror and Heroism in Colonial Africa}, Houghton Mifflin Company, 1998, p. 306