Jeudi 29 novembre et mercredi 5 décembre, l’ONG ActionAid, a organisé une série d’activités dans le cadre de la campagne de 16 jours d’activisme contre les violences de faites aux femmes. La mobilisation pendant cette période est une occasion pour interpeller toutes les parties prenantes à éradiquer ce fléau qui gangrène la société burundaise.
Les activités de mobilisation autour d’une conférence-débat ont été ouvertes à Bujumbura, par Mme Marie Beata Musabyemariya, Directrice Pays d’ActionAid et se sont poursuivies en commune de Ruyigi et Butaganzwa (en province de Ruyigi)
Des milliers des femmes, représentantes des associations de Ruyigi, de Karusi, de Rutana et de Bujumbura, la capitale, ont effectué des marches manifestations en lançant des messages en rapport avec la lutte contre les VSBG. Plusieurs autorités du pays et de la province de Ruyigi avaient ont participé à la mobilisation de la communauté et aux cérémonies
A l’ouverture, Madame Beata Musabyemariya a lancé un cri de détresse. «A nous de se lever et vaincre à jamais ce cancer qui ronge le tissu social ». « En tant que piliers du ménage, nous avons mis à l’honneur, la protection des femmes dans l’exercice de leurs métiers quotidiens » a –t-elle expliqué.
La campagne de ces 16 jours d’activismes a été placée sous le thème de : «Luttons contre les violences sexistes dans le monde du travail ». C’est une occasion d’appeler au respect des droits des femmes qui exercent leurs activités dans les secteurs informels.
Au regard de violences et des autres discriminations dont elles sont victimes, les femmes ont la tâche encore difficile pour venir à bout des violences. Certaines catégories de femmes vivent du travail précaire comme le commerce de rue du travail peu honorables, tels que la prostitution. Elles vivent des conditions de vie difficiles qui ne leur permettent pas de gagner décemment leur vie. En témoigne, Mme Francine Manirambona, mère de 5 enfants et habite le quartier Nyabagere, de la zone Kamenge. Elle est vendeuse d’avocats et n’a pas de point de vente fixe. Elle témoigne qu’elle est fréquemment victimes des rafles quotidiennes organisées par des policiers et qui lui prennent toutes ses marchandises. « J’ai trouvé qu’il ne vaut plus la peine de continuer mon petit commerce ». Elle a opté de se prostituer nourrir ses enfants.
Néanmoins, concède-t-elle, « c’est un métier à risques. Outre le Sida qui me guette, le risque d’attraper des maladies sexuellement transmissibles est grand, sans parler de la stigmatisation dans l’entourage ».
Mme Beata déplore ce choix et indique que c’est « Un signal que si rien n’est fait, le risque que ces mauvaises pratiques fassent effet tache d’huile sont grands ».
Un travail en réseau, une nécessité…
Des fois enclines à se prostituer parce qu’elles n’ont pas accès aux autres sources de revenu tels que le crédit, les participants ont convergé sur la nécessité d’adhérer dans des associations pour porter loin leur voix. « De la sorte, leur voix portera loin et sera plus audible. Parce qu’unies, les institutions de microfinances verront le sérieux de la chose ,lorsque vient le moment de contracter de crédits », a fait remarquer Lydwine Nimbona, en charge de la protection des veuves, orphelins et autres groupes vulnérables au sein de la CAFOB .
Quant aux autres violences sexuelles s’observant ici et là dans de nombreuses localités du pays, Marc, un enseignant de l’Ecole fondamentale de Muriza de la commune Butaganzwa (province Ruyigi) trouve que sans un investissement à tous les niveaux, l’éradication des violences sera difficile. Il appelle notamment les hommes d’église à jouer un rôle important en tant que « responsables de la conscience morale, les hommes de l’Eglise doivent s’investir plus que jamais pour l’éradication des VBG ». Pour lui, les lieux de culte constituent un endroit le plus approprié pour la sensibilisation et la dénonciation des méfaits de VBG. Aussitôt d’insister sur la détermination du gouvernement d’infliger des: «sanctions sévères à l’encontre des hommes qui se livrent au concubinage».
Abondant dans le même sens, il demande que les enseignants qui abusent de leurs fonctions pour demander des faveurs sexuelles à leurs élèves soient sévèrement punis. « Leurs supérieurs hiérarchiques doivent se montrer exemplaires en réprimant les auteurs de ces pratiques.
Dans ce cadre, il a salué la mesure de la ministre de l’Education qui autorise les jeunes filles tombées enceintes en cours de scolarité, de retourner sur le banc de l’école après avoir accouché. « Une avancée majeure pour lutter contre tabous et les stigmatisations liées à ces VBG».
Punir sévèrement les contrevenants
Les élus locaux, parfois soudoyés pour étouffer les poursuites des crimes liés aux VSBG, sont pointés du doigt. « Malheureusement, une situation qui ne cesse pas de s’observer dans certaines provinces ».En témoigne, Laetitia Mbazumutima, de la colline Nyangurube, commune Butaganzwa, province Ruyigi. Sans cesse, battue par son mari, elle a porté plainte. « Mais, chaque fois que l’on emprisonnait, il était relâché le jour suivant ». Au risque de se faire tuer, elle a fui son ménage.
Les barrières socio-culturelles sont une autre embuche pour éradiquer ces VSBG. L’administrateur de la commune Butaganzwa a lancé l’appel à l’endroit de toutes ses victimes qui se désistent de porter plainte, pour cause de peur des représailles. « Les auteurs de viols seront poursuivis. Ayez ce courage de signaler les cas de viols auprès des autorités compétentes», a –t-il intimé avant de rassurer que les victimes doivent savoir que peu importe le temps, la justice finit par rattraper les coupables. « Dans cette tâche, l’investissement de tout un chacun est capital, en particulier des agents communautaires. Pour vaincre cette peur, la population doit en parler »
Même son de cloche pour Gloriose Nimenya, députée de la province Rumonge, en charge des questions de genre à l’Assemblée nationale. Tout en saluant le pas déjà franchi dans la lutte contre les VBG, elle a réitéré l’investissement de tout un chacun pour l’éradication ce cancer social. « Au 1er chef, les femmes doivent comprendre qu’il sera difficile d’en finir avec les violences tant qu’elles resteront éparpillées, sans un travail en réseau. Ce sont elles qui doivent impulser le changement, les autorités administratives leur emboîteront le pas ». Toutefois, elle a appelé ces dernières à mettre en application les différentes lois en vigueur. « Elles sont les piliers du foyer, les autorités doivent les protéger à tout prix car, quand une femme est battue, violée, c’est toute la vie du ménage qui est ébranlée .Par conséquent, poursuit-elle , c’est l’économie de tout le pays qui est mise à mal.
Aussitôt d’insister: « Pour la vulgarisation de nouvelle loi contre les VBG et, bien plus, sa stricte application ».
Signalons que ces seize jours d’activisme se sont clôturés le 10 décembre. Une date qui coïncide avec la célébration de la journée universelle des Droits de l’Homme.