Du 3 au 7 janvier, le Programme de développement des filières (PRODEFI II), financé par le FIDA a organisé un atelier de renforcement de capacités des formateurs locaux sur la myciculture. Une formation utile pour les bénéficiaires.
Cinquante (50) mamans-lumières/Pères -Lumières et MONAGRI en provenance de la zone d’action du PRODEFI telles Kayanza, Ngozi, Karusi, une partie de Muyinga (Mwakiro), Muramvya et Gitega y étaient conviés. « Ce sont eux qui nous aident à mettre en œuvre les activités en rapport avec la nutrition dans les collines », a indiqué Dr Aloys Hakizimana, responsable de sous-composante Nutrition au niveau du PRODEFI II. Il s’agit donc d’une formation des formateurs : « Nous avons choisi deux ou trois personnes par collines, dans 50 collines pilotes. Et là, nous allons continuer à étendre cette formation sur toutes les collines de la zone du projet.
Nous avons 353 collines que nous encadrons. »
Dr Hakizimana espère que d’ici deux ou trois mois, toutes ces collines seront renforcées en capacité surtout les leaders communautaires, les maman-Lumières qui n’ont pas eu la chance de prendre part à ces assises, les agents de santé communautaire, les autres moniteurs agricoles.
Et ce, souhaite-t-il, ‘’pour que dans ce cadre multisectoriel, on puisse faire la promotion de la culture du champignon dans le cadre de la lutte contre la malnutrition.’’
Il attend d’eux une intervention effective dans la prévention de la malnutrition chronique et la prise en charge de la malnutrition aiguë modérée au niveau collinaire. « Notre objectif est de prévenir la malnutrition chronique qui est un problème de santé publique dans notre zone du projet. Nous voulons réduire cette malnutrition à 40% selon les normes de l’OMS. »
Les cibles étant les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et les femmes allaitantes. Ce qui concorde avec le programme gouvernemental via le ministère de la santé publique et de lutte contre le Sida par le Programme National Intégré de l’Alimentation et de Nutrition : PRONIANUT.
Le champignon, une culture résiliente
« La formation portait sur plusieurs thèmes plus particulièrement sur l’importance du champignon sur le plan nutritionnel. La plupart des participants s’occupent des sites FARN/FAN (Foyer d’Apprentissage et de Réhabilitation Notionnelle/Foyer d’Apprentissage Nutritionnel) », confie Prosper Kiyuku, spécialiste du domaine de la culture des champignons. Il souligne que les champignons contribuent à lutter contre la malnutrition en raison de leur richesse en éléments nutritifs tels les protéines, les vitamines, les sels minéraux et bien d’autres éléments indispensables dont l’organisme a besoin. Il évoque l’importance économique de cette culture. En effet, son rendement est très élevé. « Ils peuvent procurer des revenus assez substantiels pour les producteurs. » Une culture aussi non-saisonnière, résiliente aux changements climatiques, adaptée au contexte du Burundi.
M.Kiyuku ajoute que c’est aussi une culture qui se fait en condition, hors sol, sur des très petites surfaces. « Comme dans certaines régions du pays, les terres de cultures s’amenuisent de plus en plus, je pense que c’est quelque chose qui peut contribuer à lutter contre la faim et la malnutrition dans le contexte de terres exiguës. »
Technique de culture
Contrairement aux autres cultures, les champignons sont cultivés sur les résidus des récoltes : des fanes des haricots, les rafles de maïs, la paille de blé, etc. « Bref, les champignons se cultivent sur tout ce qui est résidus de l’agriculture, de l’agro-industrie. » Selon M.Kiyuku, avant de procéder à la culture proprement dite, il faut d’abord désinfecter les substrats. Ce qui se fait généralement par pasteurisation à haute température. « Cette opération est exigée parce que les substrats sont ramassés dans les champs contenant un certain nombre de contaminants. »
Après la pasteurisation, il faut attendre que le substrat se refroidisse. Le lendemain, on procède à l’ensemencement, puis l’incubation.
Il informe que l’ensemencement consiste à introduire la semence dans le substrat. Les substrats des champignons étant conditionnés dans des sacs en plastiques. Une fois la semence introduite, explique-t-il, elle va se développer en produisant du mycélium lequel mycélium va envahir tout le substrat. Et au bout de 15 ou 20 au maximum, tout le substrat est envahi par le mycélium et il est temps de passer à la fructification.
A ceux qui pensent que les champignons sont exclusivement cultivés dans un endroit opaque, il fait savoir que le champignon étant un organisme autotrophe, ne faisant pas de photosynthèse, il n’a en principe pas besoin de lumière pour sa croissance.
Mais, nuance-t-il, l’expérience nous a montré que lorsque vous privilégiez les conditions d’obscurité, cela se fait généralement en fonction de l’aération. Le mycélium étant un organisme vivant, il a besoin de beaucoup d’oxygène pour respirer, pour pouvoir se développer. « Raison pour laquelle, au lieu que l’incubation se fait dans des salles obscures, nous préférons le faire dans des salles qui sont ouvertes, peu importe qu’elles soient éclairées ou pas mais on a remarqué que l’aération est un facteur primordial. »
Satisfaction des bénéficiaires de la formation
Jean-Marie Vianney Nzoyisaba, colline Rusasa, commune Bugenyuzi, province Karusi est un Papa-Muco. Cette formation lui a été d’une grande utilité : « C’est vraiment une bonne chose. Car, la culture des champignons n’est pas très développée. Or, le formateur nous a montré que c’est une excellente culture très riche en éléments nutritifs.» En plus des techniques de culture, ajoute-t-il, ils ont appris comment faire la conservation la récolte. Et de remercier le Programme PRODEFI qui leur a promis de rendre disponibles les semences et leur trouver des marchés en cas de forte production. Au moment où le prix de la viande ne cesse de monter, ce leader communautaire de Bugenyuzi trouve que le champignon est un vrai substituant. Après ces cinq jours de renforcement de capacité, M.Nzoyisaba a pris la décision de se lancer lui aussi dans la myciculture.
Espérance Ndayizye, de Kayanza abonde dans le même sens. Elle est Maman-Lumière, elle affirme que cet atelier est venu à point nommé. Elle demande au PRODEFI d’étendre cette formation au niveau national.