Les clients des banques et institutions de microfinance digèrent mal la limitation des retraits cash qui s’observe ces derniers temps. Selon eux, cela déstabilise leurs payements quotidiens. Or, jusqu’à ce jour aucun ordre en tout cas officiel de limitation des retraits en espèce n’a été donné.
À la Régie nationale des Postes lundi 14 août 2023 vers 11h00, les clients de cet établissement financier font la queue comme d’habitude. Ici, la limitation de retrait est sur toutes les lèvres.
À cet avant-midi, les agents exerçant sur les guichets, indiquent qu’ils ont un ordre de ne pas dépasser 100 mille BIF à chaque client par jour. « C’est un ordre que nous avons reçu, il faut attendre un autre pour vous donner plus de 100 mille », s’est expliqué un agent. Sur place, une maman veut effectuer un retrait de 500 mille BIF.
Après l’annonce du retrait limité à 100 mille, elle a piqué une colère : « Pourquoi on me refuse mon argent ? C’est mon argent. » Elle a décidé de compléter son chèque et prendre les 100 mille à quoi elle a droit.
Pour contourner la mesure, elle confiait qu’elle va passer sur 4 autres agences ou bureaux de la Régie nationale des postes pour faire son retrait. « Je n’ai pas le choix, car j’ai des dépenses que je dois effectuer aujourd’hui. D’abord acheter mon stock puis payer mes travailleurs ».
Elle a choisi de se rendre à Kamenge, Ngagara, Kinindo et Kanyosha pour retirer 500 mille. « Imagine, le coût de transport qu’elle va faire » réagit une autre cliente. Celle-ci a eu crédit de 2 millions de la part de la Régie nationale des Postes. Il se demande comment elle pourra retirer les 2 millions si la mesure de limitation des mandats de retrait n’est pas suspendue.
« Donc je veux prendre 20 jours pour retirer les deux millions, ce n’est pas facile », se demande-t-elle avec un sourire ironique. Cette femme fait savoir qu’elle a une maison en construction et qu’elle veut que la saison des pluies arrive alors que tout est déjà fini.
Si elle doit passer 20 jours pour retirer son crédit, elle juge qu’il ne lui servira en rien. Une autre sur place ne comprend pas comment des banques peuvent décider de ne pas donner de l’argent à leurs propriétaires.
C’est injuste pour elle. Il trouve que tout ne peut pas être payé par des moyens électroniques. « Pourrons-nous acheter notre stock en vivres sans argent en espèce ? »
Cette dernière attendait que son compte soit crédité d’une somme comptant pour un crédit que la Régie accorde aux parents des enfants qui se préparent pour la rentrée scolaire.
Elle craignait de perdre son temps quand le crédit sera sur son compte alors qu’elle voulait acheter les cahiers, uniformes et autre matériel scolaire pour ses enfants.
A la microfinance Kazoza Finance, l’avant-midi du même lundi, un agent de l’un de guichet a confié qu’il ne peut qu’accepter qu’un retrait d’un montant limité montant à 3 millions. Dans cet établissement financier, les découverts sont momentanément suspendus.
Le bureau qui offre ce service indique qu’il confectionne un rapport et dit aux clients qui veulent acheter ce service qu’il faut attendre sans préciser la date. «J’avais misé sur ce découvert », a confié un des clients.
Celui-ci comptait utiliser ce découvert pour envoyer une petite somme à sa famille qui est sur la colline à l’intérieur du pays. « Une autre somme, c’était pour ma ration. C’est difficile pour moi », raconte notre source. Ce père de famille pense que cela est lié au manque de liquidités qui se trouverait dans les banques et institutions de microfinance.
Que de lamentations
A la microfinance Cecadem ce mercredi vers midi, la limitation est sur les lèvres. Mais ici, difficile de savoir le montant. « Ici difficile de savoir si l’argent en espèce est disponible ou pas. Quand il n’y a pas, on ne communique pas » s’est lamenté un militaire.
Et un autre de renchérir : « Hier, peu de personnes ont pu retirer leur argent. C’est un problème sérieux. » Des sources sur places ont confié que les agents de la coopérative d’épargne leur disent de patienter parce que l’argent va être disponible.
Mais, regrettent-elles, ils finissent par se lasser et rentrer sans leur argent en poche. « Hier, à l’agence, hôpital militaire, les retraits ont commencé à 15h00 et ceux qui s’apprêtaient à retirer étaient déjà rentrés. » Et ces cas ne sont pas isolés.
Face à ce constat, les clients ne décolèrent pas. Irakoze recontré au centre-ville non loin de Régie nationale des Postes ne comprend pas pourquoi une banque peut lui refuser son argent. « Les banques se conduisent comme si notre argent est une aide qu’elle nous offre ».
Ce client de la RNP demande aux institutions bancaires de se ressaisir. Et autre d’ajouter : « Il faut qu’elle analyse bien que ce ne soient pas ces services perturbés qui font que des gens ne déposent plus avec engouement leurs argent en banques. »
Pour lui, si un client veut effectuer un retrait de 2 millions et qu’il est limité à 50 mille par jour, le jour où il aura fini de retirer, il n’aura plus la force de faire d’autres versements.
Nos sources s’accordent pour dire que le fait de limiter les retraits en espèce risque d’encourager la thésaurisation alors que cela avait mis à mal l’économie burundaise dans un passé très proche. En-tout-cas, il ne comprend pas comment les banques leur refusent l’accès à de l’argent gagné à la sueur de leur front.
Fin juillet, la Banque de la République du Burundi avait déclaré sur son compte tweeter qu’elle continue d’alimenter les banques et Institutions de Microfinance en billets de banque.
Qu’elle a également levé les mesures de limitation des montants de retraits et de dépôts en cash. Mais elle a encouragé l’utilisation d’autres moyens de paiement que le cash.
A cette période, il déplorait qu’il s’observe des clients des banques commerciales et des institutions de microfinance effectuent des retraits en cash en montants importants, « ce qui augmente le niveau des billets et pièces en circulation, avec notamment un effet inflationniste. »