Le 26 juin marque la Journée Internationale dédiée à la lutte contre la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le Burundi a ratifié la Convention contre la torture le 18 février 1993. Malgré les textes nationaux et internationaux, la torture reste une réalité préoccupante dans le pays.
Le rapport publié en février 2024 par la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) révèle que huit cas de torture ont été signalés en 2023. Selon plusieurs observateurs, des statistiques à revoir à la hausse. Parmi ces incidents, on compte le cas dans la province de Makamba où un homme a été sévèrement battu par des autorités judiciaires et policières pour lui extorquer des informations dans une affaire de tentative de corruption.
D’autres exemples de traitements inhumains et dégradants incluent les violences commises par des policiers à Muyange, commune de Nyanza-Lac. Le 20 août 2023, un officier de police a pénétré au domicile d’un certain N.P et a infligé des coups à son épouse. Un autre incident survenu le 6 octobre 2023 implique N.E., victime de lésions corporelles infligées en public par un officier de police. Ces cas, suivis par la CNIDH, témoignent de la brutalité exercée par certaines forces de l’ordre.
Les rapports de Human Rights Watch et d’Amnesty International mettent également en lumière des abus persistants. En janvier 2023, Human Rights Watch a documenté des exécutions extrajudiciaires, des tortures et des disparitions forcées. Les victimes sont souvent des opposants politiques ou des personnes soupçonnées de collaborer avec des groupes armés. Les Imbonerakure et des agents du Service National de Renseignement (SNR) sont fréquemment impliqués dans ces actes, selon Human Rights Watch. Le cas d’Innocent Barutwanayo, membre du CNL dans la commune de Matongo en province de Kayanza, arrêté, torturé et finalement décédé des suites de ses blessures en détention, illustre tragiquement cette réalité.
Amnesty International, dans son rapport de 2023, souligne également les disparitions forcées et les exécutions sommaires. Les corps des victimes sont souvent retrouvés dans des cours d’eau ou des zones de brousse, enterrés à la hâte sans identification ni enquête.
L’Association de Lutte contre le Chômage et la Torture (ALUCHOTO) a dénoncé plusieurs cas emblématiques. Dans une conférence de presse organisée dans le cadre de cette journée, le coordinateur d’ALUCHOTO Vianney Ndayisaba a dénoncé la torture morale infligée à la population. « Par exemple, des habitants des provinces de Bubanza, Bujumbura, Rumonge et Makamba continuent de perdre leurs terres sous prétexte de morcellement illégal, un processus souvent orchestré par des agents de l’État en collaboration avec des malfaiteurs », dénonce-t-il. Vianney signale également des arrestations arbitraires, des tortures physiques et des enlèvements fréquents. « Ici, nous mentionnerons Edouard Ndayisenga, un enseignant du lycée communal Hosana de Kaniga en commune Rutana, province de Muramvya, arrêté pour avoir dénoncé publiquement des injustices à son encontre », ajoute-t-il.
Les conditions de détention dans les prisons burundaises sont également alarmantes. Vianney donne l’exemple de la prison centrale de Mpimba construite pour accueillir 800 détenus, mais qui abrite actuellement plus de 13 000 détenus. En outre, cette surpopulation entraîne des conditions de vie déplorables, exacerbant les souffrances des détenus. « La torture blanche, via l’isolement prolongé et l’humiliation sexuelle, est une autre forme de maltraitance documentée », signale le coordinateur d’ALUCHOTO.
Face à ces violations, ALUCHOTO demande à l’État burundais d’éradiquer l’impunité et de punir les auteurs de ces actes conformément à la loi.