Lundi 23 décembre 2024

Société

« La Journée du 8 mars n’est pas une fête ! »

10/03/2020 Commentaires fermés sur « La Journée du 8 mars n’est pas une fête ! »
« La Journée du 8 mars n’est pas une fête ! »
Divine Kaneza : « Nous voulons l’égalité des sexes dans tous les secteurs »

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes célébrée ce lundi 9 mars au Burundi, Divine Kaneza, psychologue et chargée de suivi des activités au sein de Solidarité des Femmes Burundaises pour le Bien-être social et le Progrès au Burundi (SFBSP) explique que le combat de la Burundaise pour ses droits est encore long.

La Journée du 8 mars semble avoir pris une teinte plus folklorique que revendicative au Burundi. Qu’est-ce qui explique cela ?

Nous observons une réelle confusion entre le 8 mars et d’autres journées qui sont célébrées dans l’année comme la fête des Mères ou la Saint-Valentin ! Or, la Journée du 8 mars n’est pas une fête ! Elle est entièrement dédiée à l’évaluation des étapes franchies en matière d’égalité hommes-femmes, mais également à la mise en exergue des obstacles dressés sur le chemin de l’émancipation féminine afin de les soumettre aux autorités concernées pour y répondre.

Pourquoi il n’y a pas eu de manifestations de femmes de grande ampleur à l’occasion de cette journée comme on a pu le constater ailleurs dans le monde ?

Au Burundi, il y a eu aussi des manifestations. A notre niveau par exemple, au sein de notre association, nous avons battu le pavé ici dans notre quartier Twinyoni (Zone Kamenge) et cela sans oublier les festivités initiées aujourd’hui par le gouvernement et tenues à Gitega où les femmes ont pu manifester. Je pense qu’il faut juste que tous les Burundais attachés aux droits des femmes unissent leurs forces pour faire en sorte que nos voix revendicatrices portent assez loin.

Quels sont les principaux défis auxquels font face les femmes et filles burundaises ?

La majeure partie de nos concitoyennes, analphabètes pour la plupart, ignorent leurs droits et libertés. L’accès des filles à l’héritage reste un tabou et la participation des femmes en politique demeure assez limitée. A cela, il faut ajouter une insuffisance des moyens financiers pour agir en faveur de l’autonomisation économique du beau sexe. A côté de cela, nous disposons d’un arsenal juridique plutôt protecteur en matière de droits des femmes, mais fort inappliqué.

Justement, le cadre juridique burundais est-t-il suffisamment outillé face aux violences faites aux femmes ?

En 2016, le gouvernement a mis en place une loi portant prévention, protection des victimes et répression des violences sexuelles basées sur le genre. C’est un grand pas franchi, mais en même temps, nous nous désolons de constater que cette loi est assez loin d’être mise en application. Il est donc du devoir de nos décideurs politiques d’assurer le respect de cette précieuse loi.

Quelles actions mène votre association dans la lutte contre les préjugés sexistes ?

Nous menons des campagnes de sensibilisation en direction des femmes et filles car nous avons constaté que ces dernières sont souvent elles-mêmes actrices de leur exclusion. Ensuite, nous intervenons auprès des jeunes attendu que les préjugés sexistes doivent être combattus dès le bas âge. Nous menons aussi une bataille acharnée contre l’analphabétisme puisque celle-ci renforce la marginalisation de la gent féminine. Enfin, nous amenons des femmes vers une maîtrise de leur santé sexuelle et reproductive tout en les soutenant dans la création d’activités génératrices de revenus.

Que demandez-vous au gouvernement en vue d’atteindre une égalité parfaite entre les sexes ?

Étant donné que le Burundi est adhérant aux ODD (Objectifs de développement durable établis par les Nations Unies et devant être atteints d’ici 2030) qui, en leur article 5, abordent l’égalité des sexes, il faudrait que l’Etat burundais investisse intensément dans l’autonomisation économique des femmes Burundaises, dans la promotion de l’éducation des filles et qu’il élabore une législation permettant un meilleur accès des femmes aux postes décisionnels. Nous voulons l’égalité des sexes dans tous les secteurs.

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