«Plus de 60% de jeunes vivant en ville sont victimes du chômage. Plus de 55% en milieux ruraux le sont également». Tels sont les propos de Faustin Ndikumana, président de Parcem, une ONG pour le changement des mentalités. C’était ce lundi 13 août au lendemain de la célébration de la journée internationale de la jeunesse.
D’après lui, cette situation est d’autant plus préoccupante que la jeunesse constitue plus de 75% de la population burundaise.
M. Ndikumana appelle à la diversification des secteurs de production. «Car le secteur agricole n’est plus prometteur vu l’exiguïté des terres». En outre, il invite la jeunesse à détecter de quoi elle est capable : «Tout être humain a du talent spécifique, caché en lui».
Pour cet activiste de la société civile, le gouvernement devrait faciliter l’implantation des entreprises des jeunes. Il insiste sur la révision de la politique fiscale et l’évitement des tracasseries administratives aux jeunes qui investissent.
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Eric Ndayikengurukiye, coordinateur du réseau national des jeunes en action (Reja), estime que l’inadéquation entre la formation scolaire et les besoins du pays est l’une des causes du chômage. Pour lui, la formation devrait être orientée vers l’auto-emploi.
Il déplore que «le système de l’Agence de promotion des investissements (Api) ne conduise pas au redressement du quotidien de la jeunesse». Selon lui , l’appui de l’Api ne profite qu’aux investisseurs disposant de gros capitaux à travers les exonérations : «Or, ceux-là sont minoritaires et n’ont pas véritablement de problèmes».
M. Ndayikengurikiye demande aux responsables de l’API de miser plus sur les entrepreneurs de petits capitaux dont les jeunes sont majoritaires.
En plus, le gouvernement devrait mettre sur pied un fonds de garantie pour les jeunes. «Car ils ne bénéficient pas des crédits auprès des banques suite au manque d’hypothèques»
Le président du Reja insiste tout de même sur la sensibilisation au changement des mentalités chez les jeunes. Il parle d’une synergie des pouvoirs publics, de la société civile et des médias pour la sensibilisation à l’auto-emploi.
Le gouvernement tranquillise. Pour Evelyne Butoyi, ministre en charge de la jeunesse, les jeunes burundais ne doivent pas désespérer. Le ministère ne ménage aucun effort pour réduire le chômage.Elle parle d’une «imminente» implantation de la banque pour les jeunes. «Les préparatifs vont bon train». Elle évoque également la construction des centres jeunes au niveau de toutes les communes du Burundi : «C’est dans ces espaces qu’ils pourront débattre sur leurs préoccupations et essayer ainsi de trouver des solutions». Et d’ajouter qu’il s’agit-là d’une forme de ‘‘responsabilisation des jeunes».