En s’appuyant sur les sorties médiatiques de la jeunesse du Cndd-Fdd d’un côté, et du MSD de l’autre, {Nishelo}, un lecteur d’Iwacu, nous livre sa vision des « jeunes des partis » politiques burundais.
1- Tout le débat que nous sommes entrain de faire ne concerne ni la protection du Lac Tanganyika, ni la promotion des danses traditionnelles du Kumoso. Non. On parle de la conquête et de l’exercice du pouvoir.
Or, dans un Etat démocratique, il y a des mécanismes qui réglementent cette « conquête » et cet « exercice ». Autrement dit, pour être concret, l’on ne peut pas juste appeler le jeune « lambda » au changement, car au moment du vote il faut bien avoir un candidat. Donc, si on alimente seulement le camp de la société civile, des médias, des associations, etc. on sera en manque de candidats valables à un moment donné.
Simplement dit, la jeunesse si elle se réveille, ne peut amener le changement au niveau des acteurs (je souligne) que par les canaux reconnus qui sont les partis politiques. Soit, elle crie au dehors et la caravane continue de passer, soit elle entre, ou elle crée, ou elle influence un parti politique. Sinon, tout le discours de conscientisation, changement de mentalités est certes beau, mais il ne demeure que la première étape. Nécessaire, mais non suffisante.
2- Le point 1 étant plus idéologique, si on rentre dans le vécu actuel, je partage ton analyse. Il y a énormément à faire et le chemin reste long.
A titre illustratif, en considérant l’interview des leaders des jeunes au sein du CNDD-FDD, tout comme celui du MSD, les deux discours sont désolants.
Pour le premier, quand il affirme « Si une personne commet un forfait, ne l’attribuez pas à son parti politique sur les médias. Il faut plutôt recourir aux instances judiciaires », pour un leader de sa carrure, c’est juste vouloir « noyer le poisson ».{ Mukirundi bavuga ngo « umuryambwa aba umwe agatukisha umuryango ».} Toute organisation a une culture et des valeurs qu’elle défend. Si, réellement, il s’agit d’un esprit d’apaisement qui régne dans les jeunes Imbonerakure, {« namba ariko karangamutima kabo »}, alors il aurait dû en appeler solennellement à la jeunesse de son parti, condamner et se désolidariser, au nom de la League, de tous les Imbonerakure qui ont un comportement « déviant ». Sinon, dire que celui qui sera attrapé devrait juste être considéré comme un « individu » et traité comme tel est trop simpliste.
Pour le second, le fait qu’il dise « La jeunesse du MSD ne va pas échapper à l’idéologie de son parti et de l’ADC Ikibiri à laquelle elle est membre. L’expérience a montré que lorsque le dialogue n’est pas possible, il y a usage de la force. Or, le pouvoir utilise la force qui lui est donnée par le peuple pour l’opprimer. Il doit nécessairement y avoir des répliques. » sous-entend, si je comprend bien le mot « répliques », que l’option armée n’est pas exclu. Voilà, un discours aux antipodes de ce qui se dit depuis le début avec Hogi et les commentaires qui ont suivi. Pourquoi sacrifier trois ou quatre ans à faire la guerre alors que l’on pourrait s’inscrire plutôt dans une logique de confrontation électorale à l’échéance à venir ? De tels propos pour un leader d’un mouvement de jeunes font peur.
Voilà pourquoi le 1er commentaire parlais de contamination. On en a ainsi la preuve.
En résumé, du point 1 et 2 on constate aisément qu’un changement de mentalités, un changement de pensées et d’idéologie ne s’opère pas du jour au lendemain, sinon le monde arabe n’aurait pas attendu trois, quatre décennies pour connaître les bouleversements actuels. J’ose espérer qu’au Burundi nous ferons un parcours plus rapide, la triste vérité demeure que le renouvellement d’une classe politique prend du temps… Ne confondons donc pas vitesse et précipitation.
Merci.