La jacinthe d’eau, nuisible mais rentable

Cette plante envahissante reconquiert petit à petit le Lac Tanganyika. Dangereuse pour la biodiversité, elle peut être une source de revenu.

A Ku Mase, dans la zone Ngagara, commune Ntahangwa, la jacinthe d’eau repousse. Idem tout près du cercle Nautique de Bujumbura ou dans les parties du lac sises à Kibenga rural en commune Muha. Les Lacs du Nord ne sont pas épargnés. Une grande partie de Rweru est déjà envahie.

Une grande menace pour la biodiversité du Lac Tanganyika et ses riverains, alertent les environnementalistes. « La jacinthe d’eau est un des fléaux les plus importants pour les étendues d’eau douce, les rivières ou les lacs », affirme Tharcisse Ndayizeye, environnementaliste. Peu d’espèces végétales peuvent résister à sa croissance. « Elle finit par étouffer les espèces natives en formant un tapis qui bloque la lumière aux strates inférieures ».

Ce qui affecte la faune. Cet environnementaliste donne l’exemple des poissons contraints de migrer car, ils ne peuvent pas se reproduire. Cette plante rend également difficile les déplacements en bateau. « Or, la pêche est l’une des principales activités économiques des riverains du Lac Tanganyika ». Et l’approvisionnement en eau se complique également.

Albert Mbonerane, un autre environnementaliste fait savoir que la présence de cette plante constitue un signe éloquent de pollution. A l’exemple de Ku Mase, un des lieux les plus pollués du Lac. Même cas sur certaines plages de Rumonge ou Makamba où se déversent les déchets provenant des usines d’extraction d’huile de palmier.

Originaire de l’Amérique Latine, signale M. Mbonerane, cette plante provoque une anoxie fatale (perte d’oxygène) et rend le milieu invivable pour plusieurs espèces aquatiques.

Rentable aussi

Tous s’accordent à dire que dans certains pays, la jacinthe d’eau est déjà une richesse. M. Ndayizeye donne l’exemple de certains pays asiatiques et africains. En Chine elle a été largement utilisée comme aliment du bétail ou comme engrais durant les grandes pénuries des années 1950 aux 1970.

Aujourd’hui, il fait savoir que son seul usage est maintenant de nourrir les canards et de contribuer à l’épuration des eaux polluées. Au Bénin, une entreprise transforme cette plante pour obtenir une fibre absorbante utilisable comme dépolluant.

« C’est aussi une matière première importante pour la confection de meubles de qualité ». Ainsi, en Birmanie, Thaïlande et au Vietnam, la plante est largement récoltée. « Ses racines, bouillies et séchées, sont assemblées en cordelettes puis tressées autour d’une armature en bambou ».

Au Kenya ou en Madagascar, la jacinthe d’eau sert comme engrais chimique ou alimentation pour les animaux comme les zébus. Albert Mbonerane affirme, pour sa part, qu’il est possible de transformer cette plante. « Néanmoins, ça demande beaucoup de moyens financiers et techniques ».

Wilbert Dusabe, Directeur Général de l’entreprise Biogaz-Burundi indique qu’ 1 tonne de jacinthe d’eau peut produire entre 80 et 150 m 3 de biogaz. « Le biogaz étant une substance gazeuse formée recueillie au cours de la digestion anaérobique de la matière organique comme les déchets de cuisine, déjections animales, etc ».