Mardi 14 janvier 2025

Société

La hausse des prix de transport : « un choc pour les passagers non avertis »

La hausse des prix de transport : « un choc pour les passagers non avertis »
Certains passagers au parking dit ’’Cotebu’’ attendant désespérément un bus

La plupart des personnes qui veulent prendre les bus ou les taxis collectifs pour se rendre à l’intérieur ou quitter une province pour se rendre dans une autre, sont désemparées : les prix du transport fixés par certaines compagnies de voyage ou par les conducteurs desservant l’intérieur du pays. L’association des transporteurs du Burundi en appelle au respect des prix officiels fixés.

Il est 10 h au parking de bus et de taxis collectifs desservant l’intérieur du pays, communément appelé ’’Cotebu’’, situé dans la zone Ngagara de la commune urbaine de Ntahangwa, en mairie de Bujumbura.

Des passagers font la queue devant les agences de voyage, leurs sacs sont lourdement chargés. Certains ont leurs tickets, bien tenus dans les mains, mais il n’y a aucun bus pour les transporter. La plupart de ces passagers tentent de regagner l’intérieur du pays depuis quelques jours.

Approchée, Lyse Kaneza confie qu’elle a été choquée lors de son arrivée au parking lorsqu’on lui a annoncé le prix du ticket Bujumbura-Gitega. « Normalement, c’est fixé 9 300 BIF. À mon arrivée, on m’a informé que je vais payer 15 000 BIF dans le minibus de type Toyota Hiace. J’ai hésité, comme je n’avais pas assez d’argent, mais voilà, il n’y a aucun autre bus ».

Elle ajoute qu’elle a tenté d’aller acheter un ticket sur les agences de voyage, mais en vain. « On m’a répondu que tous les tickets étaient vendus déjà et que même ceux qui en ont acheté sont toujours à l’attente de bus ».

Assise, Marie Claire a la tête penchée, comme si elle était lourde à supporter, une main est posée sur sa joue pour soutenir ce poids, elle est pensive, la mine renfrognée, elle affirme qu’elle vient de payer 30 000 BIF pour ses deux enfants qui doivent regagner Bukeye.
« C’est tellement triste. Il y a du désordre dans la fixation des prix. Chacun fixe le prix en fonction de ses calculs et c’est à prendre ou à laisser. Je viens de payer 30 000 BIF pour mes deux filles. Donc le trajet qui coûtait 5 600 BIF est monté jusqu’à 15 000 BIF, c’est terrible », lâche cette mère, rencontrée sur le parking dit ’’Cotebu’’.

Elle confie que pour avoir le bus, elle a dû payer un commissionnaire pour s’en occuper. « Ce sont des commissionnaires qui m’ont aidé à trouver un bus. Ils viennent et t’appellent en cachette pour te demander si tu voyages ou pas. J’imagine même que ce sont eux qui haussent les prix ».

Ce qui dérange, aujourd’hui, s’indigne un habitant de l’intérieur du pays interrogé, c’est qu’il est difficile d’organiser son déplacement vers Bujumbura. « C’est toute une aventure. Même en cas d’urgence ce n’est pas évident d’avoir un véhicule et quand il faut retourner à l’intérieur du pays ce sont d’autres gymnastiques ».

Des sanctions pour ceux qui haussent les prix

Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’Association des transporteurs du Burundi, rappelle que le ministère de l’Intérieur avait interdit des intermédiaires entre les passagers et les employés des agences pour éviter la hausse des prix.

« Les intermédiaires ou commissionnaires sont contre la loi et ce sont eux qui provoquent la hausse des prix de transport. Des sanctions sont là pour punir ceux qui haussent les prix », a-t-il souligné.

Il ajoute également que, durant cette période de pénurie du carburant, le déplacement est devenu un problème majeur. Les véhicules de transport sont limités faute de carburant et, par contre, le nombre de passagers en quête de bus ou de taxis collectifs reste élevé.

Pour Charles Ntirampeba, le prix de transport devrait être fixé en tenant compte non seulement du carburant, mais également de tous les équipements de la voiture.

« Le ticket de transport est généralement fixé par le gouvernement au vu du prix carburant seulement, alors que tous les autres équipements et accessoires pour les véhicules ont vu leurs prix monter notamment les pièces de rechange, l’huile de moteur, les pneus, même les impôts ont augmenté. Tout cela n’est pas pris en compte et c’est peut-être ce qui pousse ces transporteurs à faire payer plus d’argent à leurs passagers », confie le secrétaire général de l’Atrabu.

Selon lui, ils sont en train de suivre de près la question des prix de transport avec le ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme. « Nous voulons que ceux qui ont investi dans le transport des personnes et des biens gagnent aussi à travers le secteur du transport ».

Charles Ntirampeba appelle les transporteurs à attendre la décision du ministère. « Nous avons tenu une réunion et on a exposé les chiffres montrant comment nous sommes en train de travailler à perte et une étude explique clairement que ceux de Bujumbura ont des manques à gagner. Les transporteurs devraient suivre les prix de l’État en attendant la décision finale ».

C’est au moment où le carburant manque cruellement, surtout l’essence. Au marché noir, c’est-à-dire du côté de Gatumba et de Nyamitanga près de la frontière avec la RDC, un bidon de 20 litres d’essence se négocie à plus de quatre cent mille BIF.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Ryamuhenga

    Depuis quasiment 4 ans, le malheureux Burundi est incapable d’importer du carburant. C’est grave, extrêmement grave.
    C’est la conséquence d’une gestion terrible depuis 2005.
    Depuis l’indépendance, le pays n’était jamais tombé çi bas.
    Il y a des responsables.
    Hier une information a fait le tour de la toile: Des militaires ont tué des quidams qui font la contrebande du fuel à partir du Congo.
    Sommes nous tombés sur la tête?
    Iyo vyananiye leta kugura ibitoro. Uwubizanye aba yacumuye iki?

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