<doc4627|left>C’est l’histoire d’une guerre qui n’a jamais dit son nom et qui a débuté au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Déjà, durant l’entre-deux-guerre (1918-1939) les vielles démocraties et surtout l’Amérique du Nord, s’imposant de plus en plus comme une puissance planétaire sur le plan aussi bien économique que politique, regardaient d’un très mauvais œil l’émergence d’une Union des Républiques Socialistes Soviétiques (1917 avec la révolution bolchévique).
Les un et les autres voulaient dominer le monde en imposant aussi bien leur système de production que celui de leur conception du monde. Il se formait inexorablement un monde bipolaire sur le plan idéologique. Le monde était brutalement divisé entre le camp socialiste d’un côté et le camp capitaliste de l’autre. La Guerre Froide venait de commencer.
Aujourd’hui, les media nous répètent à l’envie que cette guerre est finie ; que la chute du mur de Berlin (le 9 novembre 1989) et surtout l’écroulement de l’URSS (le 26 Décembre 1991) et du Pacte de Varsovie (14 mai 1955 – 1er juillet 1991) ont sonné le glas de ce conflit vieux de plus de trois décades. Mais est-ce la réalité ?
Il semble pourtant que la reprise musclée de la Russie par Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev a ramené Moscou presque à la même position que celle de l’URSS d’antan du moins sur le plan politique. Malgré son adhésion résolue à l’économie de marché déclenchée par Teng Hsiao-Ping (1904-1997), la Chine aussi reste attachée profondément au communisme. Les aires d’influences demeurent des chasses gardées ; et lorsqu’un des deux mondes pénètre sur les terres de l’autre, des conflits y éclatent avec plus ou moins d’intensité selon la teneur stratégique en présence.
Parfois, des concessions sont faites mais presque toujours ces guerres sont menées par des protagonistes de substitution. Le printemps arabe peut être analysé à l’aune de paramètres internes aux différents états entrés en ébullition en 2011. Pourtant à y regarder de près, si en Libye la chute de Kadhafi a été obtenue vite et facilement au profit de l’Occident, celle du leader Syrien en revanche semble plus délicate à capitaliser. La Syrie est entourée du Liban, de la Turquie, de l’Irak, de la Jordanie et d’Israël. La Syrie est en elle-même comme une « ceinture sismique idéologique » ; dominer le régime en place est stratégiquement important sur le plan militaire, économique et idéologique. C’est pour cela que la crise syrienne est si lente à se résoudre car les acteurs en conflit avancent masqués sous une peau de mouton qu’on peut appeler : « Conseil de Sécurité », les « Amis du peuple syrien », le « peuple insurgé » ou les « états hostiles aux sanctions dirigés contre le gouvernement syrien »… Une solution sera trouvée en Syrie le jour où l’Est et l’Ouest auront abouti à un modus vivendi qui les satisfassent. Ce jour là, le peuple syrien pro ou opposé au président Bachar Al-Assad devra suivre la marche de l’histoire bon gré mal gré.
Plus près de nous, le Soudan a été déchiqueté et les puissances du monde poursuivent son dépeçage au nom de principes dont personne n’avait jamais entendu ou presque durant toutes les années de guérilla de la SPLA (Armée Populaire pour la Libération du Soudan) de John Garang. Il a fallu la disparition de ce-dernier pour que tout change et que le Sud réclame une partition contraire aux positions de son leader historique ; et en violation flagrante des principes fondateurs de l’Union Africaine ex OUA. Demain, rien n’empêchera que le Darfour devienne un nouvel état souverain africain. Encore une fois, tout cela se faisant sous le nez et la barbe des principaux intéressés que sont les peuples de ses régions dominées.
Si le fondamentalisme musulman a semblé créer comme une troisième voie sous l’échiquier international, tous ceux qui ont voulu le représenter sous une forme ou une autre l’ont appris à leurs dépens. Des guerres « justes » les ont broyés et les neutraliseront toujours chaque fois que de besoin.
La Guerre Froide peut avoir changé de sémantique politique, mais elle n’a certes pas changé de nature. Deux mondes idéologiquement différents s’affrontent encore pour gagner des marchés, s’accaparer de richesses naturelles, puis dominer les peuples conquis. L’Afrique a vécu cet état de fait tout le long du 20ème siècle. Sous des discours velléitaires qui cachaient mal ses véritables intérêts, à peu d’exceptions près l’élite africaine a trahi ses populations. Toutes les structures de production ont été configurées pour servir les puissances dominantes et non pour développer les citoyens des pays africains. Aujourd’hui et demain peuvent être différents si notre leadership africain est piloté par des femmes et des hommes qui refusent d’être des commissionnaires d’états ou d’industries oppressifs, mais deviennent de vrais timoniers dirigeant leurs peuples dans la concertation, la sagesse et la justice.