C’est Georges Clémenceau qui disait que « la guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires ». En effet, la guerre revêt une multitude de dimensions qui dépassent le simple usage des armes létales. Il peut y avoir une guerre classique, mais il peut aussi exister des guerres psychologiques, économiques ou même des guerres d’idées qui sont les plus souhaitables. Dans la région des Grands Lacs d’Afrique, une région suscite les convoitises de toutes parts : le Kivu. Et là bas, la guerre sous des formes non recommandables y rôdera encore pour longtemps si les leaders de la région ne changent pas de paradigme d’approche du politique et de la coopération régionale.
Plus de quatre fois plus grande que le Burundi et le Rwanda réunis (260.000 Km2), cette région englobe aujourd’hui trois provinces : le Maniemaii avec comme capitale Kindu, le Nord Kivu avec comme capitale Goma et le Sud Kivu avec comme capitale Bukavu. Ces trois provinces ensembles comptent une population à peine plus nombreuse que celle du Rwanda actuel, c’est-à-dire 12 à 13 millions d’habitants pour le Kivu et 11 millions pour le seul Rwandaiii.
Le Kivu est un vrai paradis sur terre. La terre volcanique y est fertile à souhait, le sous-sol regorge de minerais de toutes sortes et une partie de la forêt tropicale du Congo Kinshasa, qui recouvre 50% du territoire entier, occupe une partie du Maniema. Les monts Mitumba qui constituent une chaîne de montagnes volcaniques recèlent une faune et une flore unique sur le globe terrestre. Sous peuplée, sans doute à cause d’un passé tourmenté par le commerce de l’ivoire et des esclaves, du temps des Arabes et des colons Européens , cette région fait face à deux pays en situation opposée presque tous points avec elle : le Burundi et le Rwanda.
Ils sont petits et surpeuplés, ils sont beaucoup moins bien lotis en richesses naturelles et leur sol est surexploité depuis des siècles pour être encore rentable. Qu’ils soient bien gérés politiquement et économiquement, qu’ils intègrent même la Communauté Est Africaine, rien ne les détournera de l’inclination naturelle à voir leur plein épanouissement dans le commerce avec le Kivu. De tous temps, les peuples et les royaumes de ces pays ont échangé avec les royaumes Shi, Bafulero et Babembe. Aujourd’hui, encore plus fortement qu’hier le besoin de terres à cultiver, de pâturages pour le bétail, de commerce à créer se fait irrésistible.
Au leadership congolais de faire preuve de vision pour comprendre que pour sauvegarder l’intégrité nationale, il faut partager ses richesses avec ses voisins avant que ceux-ci ne les prennent par la force de la nécessité, voire du désespoir. La paix de la RDC, et particulièrement du Kivu, dépendra de cette clairvoyance qui consiste à comprendre que donner, c’est recevoir ; et refuser le partage, c’est courir le risque de tout perdre. Beaucoup d’analystes voient le salut de ce pays-continent dans l’établissement d’un véritable état de droitv, c’est à coup sûr un pré-requis incontournable. Mais, la paix et une coopération « gagnant-gagnant » avec les voisins sont tout aussi indispensables pour éviter que se fomentent des alibis pour déclencher la guerre et/ou des rébellions interminables qui s’acharnent à transformer un vrai paradis en un monde infernal.