Un décret interdisant la fabrication, la commercialisation et l’utilisation des sachets et autres emballages non biodégradables au Burundi a été rendu public, lundi 13 août. Les environnementalistes s’en réjouissent.
« Etablir un cadre de contrôle et d’utilisation des sachets et d’autres emballages en plastique, promouvoir l’utilisation des matériels biodégradables, protéger l’environnement et prévenir toutes sortes de pollution causée par les sachets et les autres produits plastiques ». C’est la principale motivation du décret du 8 août 2018. Dans son article 7, il est stipulé que même les bouteilles et les flacons sont renvoyés chez les fournisseurs pour le stockage, le recyclage et la valorisation.
Ainsi, les promoteurs économiques de projets de sacs de substitution et de recyclage sont encouragés à investir dans ce secteur. « Des modalités d’encouragement seront établies par le ministère en charge de l’Environnement et d’autres ministères sectoriels », précise l’article 8 dudit décret.
Néanmoins, ce décret donne une dérogation spéciale à certains produits. Notamment les sacs et sachets biodégradables, des matériels en plastique utilisés dans l’emballage industriel et pharmaceutique ou dans les services médicaux. Sont aussi concernés les matériels de construction industrielle, y compris les tuyaux de canalisation ou utilisés dans la fabrication des tentes. « Les ministères concernés sont appelés à actualiser cette liste en cas de besoin ». Ce texte législatif accorde un délai de grâce de 18 mois aux commerçants pour écouler les stocks disponibles et les commandes passées.
Un décret salutaire
« C’est une avancée. Ce décret avait tardé, mais mieux vaut tard que jamais », a réagi Albert Mbonerane, environnementaliste, avant d’ajouter : « Mais vu la situation actuelle, le gouvernement devra être vigilant et rigoureux pour assurer une bonne mise en application.»
Pour lui, le gouvernement devrait soutenir les investisseurs dans le recyclage de ces déchets. « Ils sont toxiques et néfastes pour la santé et la biodiversité, notamment pour le Lac Tanganyika ». En outre, il propose qu’il y ait une émission de vulgarisation de ce décret sur les ondes de la radio nationale. « Une façon d’éviter qu’il y ait des utilisateurs, des fabricants, des importateurs qui risquent de dire qu’ils ne connaissaient pas son contenu ».
Tharcisse Ndayizeye, un autre environnementaliste, est satisfait. « Nous étions très impatients. Nous avions démontré la nécessité d’une telle loi depuis longtemps. » Ce consultant indique que l’utilisation des sachets en plastique est à une étape inquiétante : « Je donne l’exemple des gens qui achètent du lait chaud dans un sachet, lequel est aussi utilisé dans la cuisson du riz. Ou des bouteilles en plastique contenant des boissons locales (Urwarwa) ou de l’huile de palme.» Et de mettre en garde : « Tous ces produits contiennent des substances cancérigènes. »
Idem pour les producteurs des emballages biodégradables. « C’est la joie. C’est une loi qui va sûrement sauver la faune et la flore », réagit Allégria Nduwimana, fondatrice de DB Trade, une unité de production desdits emballages. Elle espère que beaucoup de gens vont désormais utiliser ses produits. « Nous pensons déjà à importer des machines modernes pour augmenter l’offre », conclut-elle.