A la veille des fêtes de fin d’année, rien ne semble exciter les habitants de la capitale économique Bujumbura. Les stands des produits de fêtes n’observent plus les bousculades comme dans les années antérieures. La cherté et la pauvreté restent les causes majeures.
Dans la capitale économique, l’enthousiasme aux préparatifs des fêtes de fin d’année n’est plus visible dans plusieurs ménages aujourd’hui. Par le passé, des guirlandes lumineuses, de nouveaux habits principalement pour les enfants et d’autres produits de fêtes étaient au menu pour bien accueillir les fêtes.
Cette année, rien ne présage la grande fête de Noël. Emelyne, une maman de trois enfants, en commune urbaine de Ntahangwa, semble être surprise d’entendre que Noël arrive à grand pas. « Ceux qui pensent à faire la fête sont rassasiés. Mes enfants et moi vivrons comme nous avons vécu les autres jours parce qu’apparemment, les choses ont changé et ont perdu la saveur d’avant », témoigne-t-elle.
Elle fait savoir qu’elle n’a pas assez de moyens pour se permettre le luxe de faire la fête. « Avant, les guirlandes illuminaient les maisons et les chansons de Noël retentissaient de partout. Mais maintenant, c’est comme si ce Noël n’existe pas », raconte-t-elle.
Sa voisine, quant à elle, ne sait même pas si elle aura de quoi manger ce jour. « Les fêtes, je n’y pense même pas avec un kilo de viande qui a grimpé jusqu’à 30 000 BIF », lance-t-elle. Elle assure que ses enfants peuvent passer des mois sans viande au menu.
Pour cette voisine d’Emelyne, le mieux, c’est de ne pas y penser et d’attendre un miracle parce que les choses empirent d’année en année. « L’année passée, je me disais que les choses iront mieux dans la nouvelle année qui arrivait. J’ai fait des vœux. Mais, la situation n’a fait que s’empirer », regrette-t-elle.
La réalité au marché
Un vendeur ambulant de poules croisé dans le quartier INSS vend une poule qui ressemble à un poussin à 40 000 BIF. Il estime qu’une poule déjà adulte revient à plus de 60 000 BIF tandis qu’un canard à côté des poules est vendu à 70 000BIF. « Je dois compenser les efforts fournis pour les élever. Tout est devenu cher. C’est à prendre ou à laisser », justifie-t-il.
A l’avenue de France, une vendeuse dit que le kilo de petit-pois a chuté il y a deux jours. Il coûte maintenant 18 000 BIF. Elle craint que le prix puisse remonter d’un moment à l’autre. « Il était à 33 000 BIF il y a deux jours. Et cela dépend de comment chacun se ravitaille. Nous, nous sommes au centre-ville. Ce n’est pas dans les petits quartiers. Eux ne viendront jamais faire les courses ici », raconte-t-elle.
Un kilogramme d’oignons blancs quant à lui est vendu à 4 500 BIF tandis que celui d’oignons rouges est un peu moins cher avec une différence de 500 BIF. « La situation n’est pas comme celle de l’année passée, il suffit de regarder devant toutes ces échoppes. Aucun client. Nous attendons ceux qui vont probablement passer après le travail vers 19 h », précise-t-elle amèrement.
Quelques jours avant Noël, la vendeuse raconte que les produits sollicités sont en général le petit-pois, le haricot blanc, les oignons, l’huile et les ingrédients. Mais, aujourd’hui, elle constate que les clients ne se bousculent pas alors qu’elle s’est sacrifiée pour que ces produits ne manquent pas sur ses étagères.
Le prénommé Venuste tient une boutique dans un quartier du nord de la capitale économique. Il estime que les prix des produits de première nécessité de l’année passée ne ressemblent en rien aux prix actuels. Pour lui, cette année bat le record en matière de hausse des prix.
Même s’il ne se rappelle plus les prix des produits de l’année passée, il évalue la hausse à partir des lamentations de ses clients ou de leur fréquence. Certains de ses clients, selon lui, le prennent pour un voleur avant de constater que la situation est la même dans les autres boutiques. « Un autre exemple simple est ce riz long qui vient de la Tanzanie et qui est souvent sollicité pendant les jours de fête. Le kilo est monté à plus de 7 000 BIF. Ce qui empêche les gens de l’acheter. Mais l’année passée, le riz sortait », explique-t-il.
Il ajoute que des fois, ça lui arrive de regretter d’être commerçant aujourd’hui. « Ces temps si, je suis en conflit permanent avec les clients. Il y a des dettes que je ne cours plus derrière. Les clients courageux viennent et m’avouent qu’ils ne sont plus capables de rembourser parce qu’ils me disent combien les temps sont devenus durs. Les autres me fuient carrément et ne passent plus devant ma boutique ».
Il donne raison à un chanteur burundais qui a chanté qu’ « on ne vit pas à Bujumbura parce qu’on le veut, mais parce qu’on le peut ».
Les spéculations sont à bannir
Pierre Nduwayo, président de l’Association burundaise des consommateurs, Abuco, fustige le comportement de certains commerçants qui s’arrogent le droit de monter les prix de leurs produits à la veille des fêtes de Noël et de Nouvel an.
Au moment où l’Abuco assiste à une hausse exagérée des prix de presque tous les produits due à l’affluence à la dernière minute de la clientèle, le président de cette association affirme que le comportement des commerçants spéculateurs doit être banni tout en félicitant certains administratifs qui, répondant à l’appel du ministre de l’Intérieur au respect des prix régulièrement fixés, ont commencé à sanctionner les commerçants récalcitrants.
A cet effet, il lance un appel aux consommateurs de dénoncer les commerçants qui continuent à violer la loi en vendant plus cher par rapport aux prix officiels. Il leur demande également d’adopter un comportement responsable en achetant d’une manière progressive. Pour lui, les achats de dernière minute profitent aux commerçants spéculateurs qui ont toujours tendance à faire monter les prix.
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