L’OBR oblige les camions transportant des marchandises en transit vers l’extérieur via les poste-frontières de Gatumba et Ruhwa de passer par la gare routière de Bujumbura afin d’être escortés. Raison officielle : lutte contre la fraude. Une mesure qui déplaît aux transporteurs.
Les camions transportant des marchandises en transit via les poste-frontières de Gatumba et Ruhwa doivent être escortés par les services de la lutte contre la fraude de l’OBR. Cette décision est en vigueur depuis le 11 décembre dernier.
Les véhicules en transit passent aussi obligatoirement par la gare routière de Bujumbura pour les formalités de récupération des balises. Ces nouvelles exigences déplaisent aux transporteurs qui passent par ces deux poste-frontières.
T.K., transporteur des denrées alimentaires en transit vers la RDC rencontré à la gare routière de Bujumbura, n’en revient pas. «Exiger les camions en transit de passer par la gare routière de Bujumbura, c’est une perte de temps inutile. Chaque véhicule en transit est scellé lorsqu’il entre sur le territoire national. Il n’est pas nécessaire de placer sur des camions d’autres balises».
De surcroît, souligne-t-il, pour traverser la frontière, les agents de l’OBR vérifient que le transporteur n’a pas touché au plomb servant pour le scellement. L’OBR devrait renforcer les patrouilles routières au lieu d’exiger aux camions de passer par la gare routière.
J.N., un autre transporteur croisé au port de Bujumbura affirme que l’obligation de passer par la gare routière dérange les chauffeurs de ces camions. «Elle augmente la durée de transport et le coût du transport.» Il témoigne qu’il lui fallait sept jours pour le trajet Bukavu-Dar-Es-Salaam. Avec cette décision, la durée de ce trajet s’allonge de deux jours. Chaque camion doit être escorté par un agent de l’OBR.
Des fois, cet office manque de véhicules pour les accompagner. «A la gare routière de Bujumbura, il y a beaucoup d’activités.» Des fois, confie-t-il, les camions peuvent même attendre deux jours à la gare routière.
Ce transporteur recommande à l’OBR de chercher des balises électroniques. Comme c’est le cas dans les autres pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est. Ceci permettra de suivre à distance le mouvement de chaque camion transportant des marchandises.
La lutte contre la fraude, à l’origine
Audace Niyonzima, commissaire général de l’Office Burundais des Recettes (OBR), explique que la mesure d’escorter les camions en transit a été prise pour lutter contre la fraude. «L’’OBR a constaté que certains transporteurs en transit déchargent et vendent leurs marchandises au Burundi alors qu’ils n’ont pas payé les droits de douane».
Suite à ce comportement, indique-t-il, les services de lutte contre la fraude escortent les marchandises jusqu’à la frontière de destination. «L’objectif est de s’assurer que ces marchandises en transit quittent effectivement le territoire national». Les camions en transit ne peuvent pas décharger leurs marchandises dans un autre pays que celui de destination.
Le commissaire général de l’OBR tient, par ailleurs, à rassurer les transporteurs. Dans un avenir proche, les balises seront disponibles à la gare routière de Bujumbura. Ceci faciliterait le contrôle à distance des camions en cours de route jusqu’à la frontière.
Il fait savoir que son administration a déjà octroyé le marché pour la conception de ces balises électroniques. Le concepteur de ces balises n’a pas encore terminé l’installation des équipements nécessaires au fonctionnement de cette technologie. En attendant, l’OBR escorte les marchandises en transit jusqu’à la frontière.