Alors que le Burundi pratique quatre langues, la Journée internationale de la Francophonie fut l’occasion de plaider pour une politique linguistique claire, et l’apprentissage décalé des langues.
<doc7485|right>Même la diplomatie burundaise le souligne : « Le français n’est pas seulement une des langues de la diplomatie et de la culture, mais en ces temps d’intégration régionale et économique, la langue française demeure une valeur sûre et un atout incontournable pour communiquer ! » Quelques minutes plus tard, le Directeur de l’Agence universitaire de la Francophonie, Jean-Paul Mortelette, l’initiateur de la table-ronde, rappelait que « la langue est au cœur des enjeux culturels, économiques, éducatifs et identitaires d’une nation … »
Mais alors, quelles orientations pour la politique linguistique au Burundi qui, rappelons-le, a un pied ferme dans la Francophonie et les espaces à locution francophone comme le CEPGL[[<1>Communauté économique des Pays des Grands-Lacs]] et le CIRGL[[<2>Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs]] de par son histoire et la rencontre avec l’Occident, un autre pied dans l’espace anglophone avec son entrée dans l’EAC et sa récente demande d’adhésion au Commonwealth … Comment articuler l’apprentissage des Burundais des quatre langues que sont le kirundi, le français, l’anglais et le swahili ?
Voilà la question qui réunissait au matin de ce 20 mars diplomates, professeurs, étudiants et journalistes au Centre pour l’enseignement des langues – Celab, à l’Université du Burundi.
Un apprentissage décalé des langues
En présentant les défis de la scolarisation des langues dans le système éducatif burundais, le professeur Maurice Mazunya a plaidé pour un apprentissage décalé des langues, car selon lui, « introduire simultanément quatre langues au primaire n’est facile ni pour les élèves, ni pour les enseignants », alors que le taux de redoublement y est déjà de 30 % …
Ainsi, notre politique éducative linguistique devrait être simplifiée, à l’exemple du Rwanda voisin qui a préféré aborder la situation autrement : « Le kinyarwanda est la langue nationale, le français (comme le swahili) est une langue enseignée depuis 2008, remplacée comme langue d’enseignement par l’anglais », note le professeur Evariste Ntakirutimana, de l’Université Nationale du Rwanda. Et la présence de ces trois langues coûte : « Si dans les débats à l’Assemblée Nationale, tout se passe en kinyarwanda, lors d’un Conseil des ministres cela change : tout texte présenté en français est automatiquement accompagné d’une traduction en anglais, de même que toute intervention officielle dans l’une des langues », note le professeur.
Et alors que le Professeur Barbara Ndimurukundo-Kururu appelle à l’urgence de légiférer en matière de langues au Burundi, des travaux techniques pour mener à bon port l’entreprise sont à signaler, portés principalement par l’Unesco et le milieu académique. A distinguer également, la politique linguistique du Burundi qui attend d’être étudiée au Parlement, l’étude de la standardisation de la grammaire du kirundi (déjà bouclée, selon le Professeur Paul Ngarambe) et de son orthographe dans le cadre de l’installation prochaine de l’Académie Rundi, qui reflète d’ailleurs une position politique qui assume la place des différentes langues dans le pays : « J’ai appris, lors de la rencontre la semaine dernière entre le président Pierre Nkurunziza et le Secrétaire général de la Francophonie (le Sénégalais Abdou Diouf, ndlr.), que le gouvernement burundais a introduit une demande auprès du Secrétariat de l’EAC pour que le français soit une langue de travail au même titre que l’anglais », confiera un peu plus tard l’ambassadeur de France au Burundi, une nouvelle qui sera agréablement accueillie par le public.
<quote>Un peu de cuisine … Pour clôturer [cette Semaine de la francophonie->www.iwacu-burundi.org/spip.php?article5099], rendez-vous ce dimanche 24 mars à 12h30 au Petit Bassam (vers le Saga Plage), pour « un pique-nique des saveurs francophones ». Objectif : faire découvrir les plats de son pays ou de sa région. Le droit d’entrée est fixé en nature : la préparation d’un plat (plat principal ou dessert) pour 8 personnes minimum donne accès au buffet pour 4 personnes. Ceux qui ne souhaitent pas se plonger dans les marmites s’acquitteront d’une participation financière de 16.500 Fbu par personne. Il est dit que la Francophonie, c’est aussi le partage … même à table.</quote>