Les élèves qui devraient en bénéficier ont mal pris cette décision, de même que leurs parents. Le but est de la rendre plus professionnelle, selon le ministère de l’Education.
La formation pédagogique est destinée à une partie des élèves qui terminent les humanités et qui n’ont pas réussi l’examen d’Etat. Elle a lieu dans les écoles normales choisies par le gouvernement et les lauréats vont enseigner de la 1ère année à la 9è fondamentale. C’est le 9 octobre que le communiqué est passé sur les ondes de la radio nationale.
Les bénéficiaires sont mécontents et obligés d’attendre la levée de la suspension. « Je n’ai pas assez de moyens pour emmener mon fils dans un établissement privé, il n’a pas réussi l’examen d’Etat et n’a pas le droit de continuer dans une université publique », se plaint Annonciate Bararuzunza, une mère vendeuse de fruits et légumes au marché de la zone Musaga. A l’impossible nul n’est tenu, martèle un autre parent, ils vont rester à la maison en attendant que cette formation reprenne. « J’ai vu de mes propres yeux le communiqué mais aucune explication claire n’a été avancée par le ministère. »
Selon Emmanuel Mashandari, président du Conseil national du personnel des enseignants du secondaire (Conapes), il n’y a pas une raison claire pour prendre une telle décision. « La formation pédagogique donne l’occasion aux élèves, qui n’ont pas réussi l’examen d’Etat, d’avoir une qualification pour mieux s’insérer dans la vie active. » Il rappelle qu’il y a toujours un manque criant d’enseignants (primaire et secondaire) dans tout le pays en nombre et qui sont bien formés. Le gouvernement fait recours aux enseignants vacataires surtout au niveau du secondaire. Ces derniers ne prestent pas comme il faut, regrette-t-il, puisqu’ils enseignent en même temps dans d’autres écoles publiques et/ou privées. « Certains établissements sont sacrifiés au profit des autres. Mais ces vacataires sont payés malgré le travail mal accompli dont des heures de cours non prestés. Et cela avec la complicité de certains directeurs. »
« Il faut toujours évaluer l’impact d’une politique avant de la changer »
Un enseignant indique, sous anonymat, que cette suspension serait due à un manque de moyens financiers d’autant plus que le Fonds commun de l’éducation n’est plus alimenté. C’est la Belgique qui se chargeait de son financement. Selon cette source, en 2015, même la formation des formateurs qui formeront les enseignants de l’école fondamentale n’a duré que deux jours. M. Mashandari propose au gouvernement de toujours évaluer l’impact d’une politique avant de la changer.
Le porte-parole du ministère de l’Education, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique reconnaît la mesure : « Effectivement, nous avons décidé de suspendre la formation pédagogique accélérée et ciblée pour les enfants qui terminent les humanités générales et qui n’ont pas été homologués. » Selon Juma Edouard l’objectif est de réorganiser cette formation, rendre meilleure la planification pour qu’elle devienne une formation stratégique et professionnelle. Il explique que des écarts se font remarquer au niveau du recrutement, du respect des effectifs et de la qualité de la formation. Et de préciser :« Des concertations au sein du ministère ont déjà commencé. Ce qui va en sortir et la date de la relance de cette formation pédagogique seront communiqués ultérieurement. »