Lundi 17 mars 2025

Santé

La FNSS dénonce une discrimination dans le secteur de la santé

La FNSS dénonce une discrimination dans le secteur de la santé
Mélance Hakizimana : « Cette gestion favorise certains au détriment des autres »

La Fédération nationale des syndicats du secteur de la santé (FNSS) dénonce, dans une conférence de presse tenue ce vendredi 15 mars, une discrimination dans l’octroi des indemnités au personnel du ministère de la Santé publique : les avantages récemment accordés aux médecins excluent injustement d’autres professionnels du secteur.

Ce syndicat fustige une gestion inéquitable des ressources humaines et le manque de dialogue avec les autorités. Le gouvernement a récemment mis en place une indemnité de stabilisation destinée aux médecins consultants et aux directeurs d’hôpitaux, ainsi qu’une indemnité d’éloignement pour ceux exerçant hors de Bujumbura. Cette mesure vise à limiter le départ des médecins burundais vers des pays offrant de meilleures conditions et une meilleure rémunération.

Cette décision a suscité une contestation de la FNSS, qui y voit une inégalité de traitement. « La réponse qui a été donnée aux sollicitations des médecins, c’est par rapport à la cherté de la vie. C’est à se demander si la cherté de la vie concerne uniquement les médecins. Sont-ils les seuls à avoir des familles à Bujumbura ? », s’est interrogé Mélance Hakizimana le président de la FNSS.

Selon la FNSS, ces indemnités trouvent leur origine dans les négociations de 2009 et figurent dans un accord signé par le gouvernement. Cependant, les syndicats affirment que l’État burundais viole ces accords en les appliquant de manière sélective.

La FNSS regrette également l’abrogation unilatérale de la loi n°1/024 du 2 octobre 2009, fixant des dispositions particulières pour les fonctionnaires du secteur de la santé publique.

La FNSS dénonce trois formes de discrimination dans le secteur de la santé : l’octroi sélectif d’indemnités, des inégalités d’accès à la formation et l’exclusion du personnel soignant non médical des instances de décision. « Cette gestion favorise certains au détriment des autres », a regretté Mélance Hakizimana.

Pour la FNSS, ces pratiques divisent le personnel de la santé et compromettent l’intérêt général. « La gestion du personnel, en favorisant les uns dans la rémunération, la promotion et la formation, et en mettant des barrières chez les autres, constitue un exemple parlant et évident de division du personnel pour créer un climat malsain dans le secteur de la santé », se désole le président de la FNSS.

La fédération reproche aussi au ministère de la Santé son silence face aux revendications syndicales. « L’actuel ministre de la Santé, depuis son entrée en fonction, n’a jamais répondu à nos sollicitations. Nous avons demandé des audiences, non seulement pour cette question, mais aussi pour d’autres préoccupations, mais aucune n’a été accordée. Nous pensons qu’elle discrimine les syndicats ; je ne sais pas si elle répond aux autres », a affirmé Mélance Hakizimana.

Quid sur les formations ?

Un autre point de discorde concerne la formation des professionnels de la santé. La FNSS rappelle que la formation continue est un droit fondamental permettant aux travailleurs de développer leurs compétences. Toutefois, selon le syndicat, le ministère a restreint l’accès à la formation pour certaines catégories, notamment les infirmiers A3.

Pourtant, deux études menées par des experts du ministère de la Santé publique et de la Croix-Rouge française ont démontré que les prestations des infirmiers A3 ne répondent pas aux besoins de la population. « Le ministère a ouvert les portes pour rehausser des niveaux de formation des autres catégories de professionnels de la santé tout en fermant celles des infirmiers A3 », a déploré la FNSS.

Le syndicat insiste sur l’importance des soins infirmiers dans le système de santé. « Partout dans le monde, le cœur du système de santé repose sur les soins infirmiers. Les professionnels infirmiers sont la base même de notre système de santé. Ils assistent les patients tout au long de leur vie, du premier cri du nouveau-né au dernier souffle du mourant », a rappelé la FNSS.

En outre, la fédération accuse le gouvernement burundais de violer la convention internationale de l’Organisation internationale du travail (OIT) n°142, qui stipule que chaque État membre doit mettre en place des politiques et des programmes de formation professionnelle garantissant une égalité d’accès à tous les travailleurs.

« Cette politique discriminatoire va à l’encontre de l’article 1er, alinéa 5, de cette convention, qui exige que toute personne puisse développer et utiliser ses aptitudes professionnelles sans discrimination », a souligné la FNSS.

Face à cette situation, la FNSS exige une rencontre urgente avec le gouvernement pour discuter des trois problèmes soulevés et trouver une solution mutuellement acceptable.

« Nous demandons au gouvernement de prévoir en urgence une réunion au début du mois d’avril 2025 au plus tard afin d’organiser une négociation directe pour assainir le climat tendu au sein du secteur de la santé », a déclaré Mélance Hakizimana.

Interrogé sur une éventuelle grève en cas de non-réponse du gouvernement, le président de la FNSS a cherché à rassurer les membres du syndicat. « Nous les tranquillisons. Qu’ils restent calmes et continuent à travailler. Il y a des procédures à suivre. Nous allons nous référer aux réglementations burundaises et internationales pour déterminer la meilleure manière d’agir », a-t-il conclu.

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.