Mardi 05 novembre 2024

Politique

La feuille de route pour une sortie de crise

23/01/2017 19

Le facilitateur Benjamin Mkapa a organisé une session de dialogue à Arusha. L’objectif était d’annoncer un agenda pour une sortie de crise.

Benjamin Mkapa, lors de son séjour à Bujumbura, le 9 décembre 2016
Benjamin Mkapa, lors de son séjour à Bujumbura, le 9 décembre 2016

Au départ, la dernière session d’Arusha était réservée aux opposants en exil qui n’avaient pas participé aux consultations qui ont eu lieu à Bujumbura, lors de la visite de Mkapa.

Mais plusieurs opposants en exil réunis au sein du Cnared, outrés par les déclarations du médiateur en décembre dernier à Bujumbura ont décidé de snober l’invitation à Arusha. Pour rappel, au grand dam du Cnared. Mkapa avait notamment indiqué ne plus vouloir perdre du temps sur la question de la légitimité du président Pierre Nkurunziza. « Cette question a été vidée », avait-il déclaré.

Ainsi, sur une vingtaine d’opposants en exil invités, seuls six ont confirmé leur participation. Maigre. Mais Mkapa a décidé de maintenir la session malgré tout en élargissant sa liste avec les opposants de Bujumbura.

Des informations dignes de foi indiquent que c’est le Secrétaire général de la Communauté Est Africaine, Libérât Mpfumukeko, qui les aurait appelés un à un pour les convaincre de participer à cette session.

C’est en fin de semaine dernière qu’une invitation de dernière minute a été adressée aux politiciens basés à Bujumbura. Certains d’entre eux avaient pourtant déjà rencontré Mkapa.

A Arusha, l’ancien président tanzanien a tenu à voir les invités différemment. Le groupe composé de politiciens en exil à part et le second groupe de ceux de l’opposition venue de Bujumbura. La facilitation a également rencontré un autre groupe le lendemain, cette fois-ci à Zanzibar.


>>Les réactions

Le Cnared : « Le facilitateur n’a d’autres buts que de détruire l’opposition. »

Pancrace Cimpaye
Pancrace Cimpaye

Pour le Cnared, « Cet agenda ne vise qu’à réconforter et renforcer la dictature de Monsieur Pierre Nkurunziza. »
Selon Pancrace Cimpaye, le porte-parole de la plateforme, les invitations à cette session ont démontré que le facilitateur, n’avait d’autres buts que de détruire l’opposition.

Les quelques membres de la plateforme qui ont participé à cette session se sont inscrits dans cette dynamique de destruction du Cnared. « Cette compromission condamnable détruit également l’espoir de tout un peuple qui attendait une issue heureuse des pourparlers inclusifs. »


Frédéric Bamvuginyunvira : « Le Cnared n’a pas le droit de confisquer la souveraineté des partis politiques »

Frédéric Banvuginyunvira
Frédéric Banvuginyunvira

Pour le président du parti Sahwanya Frodebu, chaque parti politique a ses obligations. « Et nous avons des comptes à rendre à nos militants, contrairement à certains membres du Cnared qui n’ont pas de partis politiques à gérer. »

Bamvuginyunvira souligne que son parti a toujours privilégié le dialogue. « Nous avons négocié avec les putschistes de 1993 après l’assassinat de Ndadaye et nous avons négocié notamment avec la rébellion du Cndd-Fdd en 2000.» Et d’indiquer que le Cnared n’a pas le droit d’arracher à ses membres leur souveraineté. « Il n’a pas le droit de nous la confisquer.»


Agathon Rwasa : « c’est aux Burundais eux-mêmes de trouver une solution à la crise que traverse le Burundi»

Agathon Rwasa
Agathon Rwasa

Pour le premier vice-président de l’Assemblée nationale, les Burundais doivent arrêter de penser que c’est au facilitateur de trouver la solution à la crise burundaise. « Le facilitateur n’est là que pour nous permettre de nous rencontrer ». Selon lui, c’est aux Burundais eux-mêmes de trouver une solution à la crise que traverse le Burundi. Concernant la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, ce leader charismatique de l’opposition déclare : « Pourquoi pas, si c’est une solution pour nous sortir de cette crise. »


Léonce Ngendakumana : « Nous avons été rassurés sur l’agenda »

Léonce Ngendakumana
Léonce Ngendakumana

Léonce Ngendakumana indique être assez confiant. « Nous avons été rassurés par les points qui seront débattus dans les prochaines sessions. »

Quant à ceux qui reprochent à son parti de s’être rendu à Arusha, malgré les injonctions du Cnared, Léonce Ngendakumana martèle : « Notre combat n’est pas être ou pas au sein du Cnared. » Selon lui, le Cnared n’a pas d’autre alternative à proposer au dialogue en cours, raison pour laquelle il a choisi la voie des pourparlers qui va en finir avec la crise au Burundi.



Alice Nzomukunda : « L’agenda que propose la facilitation contient des sujets de préoccupation actuelle »

Alice Nzomukunda
Alice Nzomukunda

La présidente du parti Adr indique avoir apprécié positivement la rencontre avec le facilitateur. « Cette détermination à réussir ce processus est rassurante. » Et d’indiquer que l’agenda que propose la facilitation contient des sujets de préoccupation actuelle. « Si nous parvenons à trouver un accord autour de tout le planning, le Burundi pourra recouvrer la paix et réunir tous ses fils et filles afin de relancer la phase du développement socio-économique. »


Sylvestre Ntibantunganya : « Je suis confiant quant à la suite du dialogue »

Sylvestre Ntibantunganya
Sylvestre Ntibantunganya

L’ancien président du Burundi indique que cette session s’est bien déroulée. Il se dit confiant quant à la suite du dialogue. « J’ai pu m’entretenir avec le président Mkapa et je suis optimiste. Je fonde mon espoir sur la capacité du peuple burundais à trouver une solution par le dialogue. »



Léonard Nyangoma : « Favorable pour la suite du dialogue »

Léonard Nyangoma
Léonard Nyangoma

Selon le président du parti Cndd, les grandes lignes de la feuille de route proposées par Mkapa sont intéressantes. Léonard Nyangoma indique que le facilitateur a promis de rendre son rapport aux présidents de la Communauté Est Africaine pour qu’ensemble ils statuent sur la marche à suivre. « Le facilitateur nous a confié que si les défis sont insurmontables pour lui, il pourrait au pire des cas rendre son tablier. Nous espérons ne pas en arriver là et que le dialogue se poursuive.»


Jean de Dieu Mutabazi : « Nous sommes opposés à un gouvernement d’union nationale »

Jean de Dieu Mutabazi
Jean de Dieu Mutabazi

« Nous encourageons la facilitation à maintenir sa position sur la légalité et la légitimité de Pierre Nkurunziza », a indiqué le président du parti Radebu. Il s’estime content que le cercle des opposants, pour qui le mandat de Nkurunziza n’est pas un problème, s’est élargi.

Jean de Dieu Mutabazi indique être opposé à un gouvernement d’union nationale qui viendrait violer la Constitution. « Tout comme nous sommes opposés à une immunité provisoire pour les planificateurs et exécutants de l’insurrection de 2015. »



Abel Gashatsi : « l’Uprona propose le rapatriement du dialogue »

Abel Gashatsi
Abel Gashatsi

Le parti Uprona salue les efforts fournis par la médiation allant dans le sens de mettre les Burundais sur la voie de la consolidation de la démocratie. Le président du parti Uprona propose le rapatriement du dialogue inter- burundais.

Pour Abel Gashatsi, la sortie de crise du Burundi passe aussi par le renforcement des relations avec les pays voisins et les autres partenaires. La médiation devrait aider dans cette démarche.


Gaston Sindimwo : « Le gouvernement n’acceptera rien de ce qui s’écarte du domaine prédéfini »

Gaston Sindimwo
Gaston Sindimwo

Pour le Premier vice-président de la République, l’agenda de ces consultations doit s’inscrire dans le prolongement des déclarations du Facilitateur Mkapa, lors de sa dernière visite à Bujumbura. « Le débat sur le troisième mandat est clos. Nous devons plutôt nous préparer pour les élections de 2020. »

Quoi qu’il en soit, selon Gaston Sindimwo, le dialogue devra être rapatrié pour se clôturer sur le sol burundais. Et de conclure : « Le gouvernement n’acceptera rien de ce qui s’écarte du domaine prédéfini. »


Une feuille de route pour préparer les élections de 2020

Cette feuille de route est censée guider les prochains débats sur les questions de fond : les mandats présidentiels, la sécurité, le respect de l’Accord d’Arusha et de la Constitution, les droits humains, les malversations économiques, le retour d’un climat politique serein, la question des réfugiés et le droit à la liberté d’expression, etc. Une éventuelle mise en place d’un gouvernement d’union nationale a été évoquée.

Des sources concordantes à Arusha indiquent que cette session a signé la fin de la phase préparatoire du dialogue en cours. Les véritables pourparlers sont annoncés à la mi-février.

Forum des lecteurs d'Iwacu

19 réactions
  1. Kaburunbi

    Mbe basha Sinduhije Alexi yagiye hehe ko jewe ariwe nemera gusa muri abo bose basigaye muri CNARED afise abanyanyi bakwiye, barinda kandi afise n’imigambi itomoye y’ingene igihugu cotera imbere.
    Uwufise inyishu anyishure. Murakoze!

  2. Fofo

    Il est maintenant temps que la classe politique burundaise démontre aux yeux de tout le monde la maturité politique. Ils doivent renoncer au comportement de « solidarité négative » car c’est elle qui a fait échoué l’Accord d’Arusha. Parmi ceux qui l’avaient signé, il y a ceux qui ne l’acceptent pas comme nous le démontre la Constitution qui en est résulté!

    Je félicite quand-même ces politiciens qui commencent à sortir de la captivité! Si on arrive où chaque politicien exprimera librement sa position sans pression ni clientelisme, la solution de la crise burundaise sera totalement trouvée.

    • Jereve

      «Il y en a qui conteste. Qui revendique et qui proteste. Moi je ne fais qu’un seul geste. Je retourne ma veste. Toujours du bon côté». Dans la chanson « L’opportuniste » de Jacques Dutronc.

  3. Yves

    La tactique de Bujumbura consistant à jouer la montre et à faire croire que l’on veut négocier – alors qu’il n’en est rien – est tellement recuite que plus personne n’y croit. Et certainement pas le « facilitateur », qui a compris depuis bien longtemps la vraie nature du pouvoir actuellement en place au Burundi, et qui tente seulement de sauver la face et de ne pas compromettre sa réputation et ce qui lui reste de carrière politique. Toute cette agitation n’est que du vent

    • Bakari

      @Yves
      « …et ce qui lui reste de carrière politique. »
      Il a déjà atteint le plus haut niveau de sa carrière (en étant n°1 de son pays durant plusieurs années).
      Ce qu’il fait pour le moment ne sert qu’à meubler ses moments libres. Ce n’est que du bonus!
      Et vous?

      • Yves

        @Bakari : c’est la deuxième fois que vous me prêtez des véléités de carrière politique. Je ne sais d’où vous sortez votre lubie mais elle ne correspond nullement à la réalité. La diversion est bien commode pour ne pas rentrer dans le fond du débat, n’est-ce pas ?

        • Bakari

          @Yves
          J’ai cru comprendre que vous évoquiez ce qui reste de la carrière politique de Monsieur Mkapa. Comme si le problème burundais constituait un enjeu important pour sa carrière politique. Pour moi ce n’est qu’un loisir pour lui. Entre autre une façon de profiter de sa retraite bien mérité.
          En général je déteste la diversion car je suis nul en manipulation.

        • Bakari

          Je voulais dire: retraite bien méritée, le doigt s’est trop précipité pour appuyer sur entrée!

  4. Congo

    Nous avons négocié avec les putschistes en 1993 :Bavuginyumvira. Mais mr vous passez sous silence les 300000 morts par vos adeptes. Et ceux qui ont rendu possible ce génocide sont autant responsables que vous. Alors négociations ou primes à la mise à mort?

  5. Mthukuzi

    La grande erreur des opposants a été de croire que seul le rejet de Nkuru suffisait pour réunir tout le monde au sein d’une même plateforme. Les partis politiques burundais manquent de tout pour fonctionner en solo, comment voulez-vous qu’ils fonctionnent en coalition? Une coalition politique susceptible de tenir suppose convergeance – pas forcément totale – de projets, et une certaine compatibilité de cultures. Pour ce, il faut nécessairement qu’il y ait des programmes bien élaborés dans chaque parti et que les partis soient reconnaissables par leurs cultures respectives, c-à-d leurs « manières de faire les choses » et leurs valeurs. En l’absence des deux, le CNARED reste une coalition d’individus issus de structures très faibles du point de vue organisationnelle, lequelles structures sont en réalité des sommes d’individus sans forcément la même vision et les mêmes projets. L’on peut dire la même chose s’agissant du CNDD FDD, mais leur chance de survie est que malgré les divergences et le manque de vision commune, ses membres restent réunis autour du maintien du pouvoir. C’est un drôle de projet pour un parti politique, mais suffisamment unificateur pour garder la machine en marche.

    • KARUNDI

      None uhagaze hehe? Uvuga kugira uvuge gusa!!! Ah bon. Ntahompagaze canke Ntirumveko, Witwa nde muri ayo mazina abiri. Jewe ndi pro-gouvernement nturinde kumbaza

      • Mthukuzi

        Ndakubaza ngo bimarire iki? Jewe mpagaze ku Burundi, ivyo navyo nanditse vyega ingene imigambwe itunganijwe n’ingaruka bifise ku kuntu ikora canke inanirwa gukora. Si ngombwa igihe cose umuntu ishire imbere aho ahagze, kuko sivyo nyishu y’ingorane dufise.

      • joan

        @karundi
        vous êtes pro-gouvernement ,c’est votre droit et votre choix .
        il faut aussi respecter le droit et le choix d’être indécis dans ces affaires politiques.
        c’est comme ca la démocratie

        • KARUNDI

          Les indécis!! encore les indecis!!! Je n’aime donner les leçons de morale, mais il faut savoir décider dans la vie. Niho ugira ico umaze. Mwishwnje!

  6. Jereve

    Six présences à Arusha sur une vingtaine d’opposants en exil invités. Des opposants internes invités à la dernière minute. Un médiateur qui a déjà une position tranchée. Des deux choses une : ou les organisateurs tentent d’assurer un service minimal pour justifier les moyens mis à leur disposition. Ou ils essaient de bricoler des agendas dans le but de faire gagner du temps aux autorités de Bujumbura.

  7. KABADUGARITSE

    Privilégier les négociations, oui! Mais vous omettez de nous dire l’essentiel: Amagaburanyama. Quant aux militants auxquels vous prétendez penser, là c’est à côté de la plaque.-

  8. MUGABARABONA

    – retour d’un climat politique serein
    – le droit à la liberté d’expression
    Après le reste suivra dont le retour des réfugiés,…
    Tant que l’opposition non affiliée au parti présidentiel ne pourra pas voir ses militants comme elle l’entend, on ne sortira pas des problèmes.

    • Fofo

      @MUGABARABONA,
      Que droit de liberté? On accuse toujours le gouvernement de restreindre la liberté d’expression mais les opposants font la même! Que signifie quand le CNARED refusent ses membres à soumettre leurs doléances au médiateur? Certes, en tant que coalition, elle a droit de bouder l’invitation du médiateur mais refuser les membres à répondre à l’invitation c’est restreindre la liberté d’expression à ses membres. Le CNARED doit savoir qu’au-delà du 3ème mandat, il y a des autres questions les préoccupantes que les politiciens doivent discuter! Le CNARED, du moins Minani Jean, Minani Jéremie et Compaye Pencrace savent bien que si la question de ce fameux 3ème mandat soit résolue ils n’auront plus rien à parler raison pour laquelle leur discussion tourne autour de ce même sujet or ils oublient qu’au-delà de ce sujet, il y a d’autres questions plus préoccupantes!

  9. KARUNDI

    Je n’ai pas envie d’être à la place des opposants burundais: the loosers, incapable d’avoir la même vison du monde, ça part dans tous les sens: leur mensonge perd du terrain. Hari abashika kukaziba, tant mieux pour mes oreilles

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