Le personnel féminin des projets financés par le FIDA a célébré, vendredi 15 mars, dans les enceintes de Royal Palace Hôtel, la journée internationale de la femme. Une journée marquée par le partage d’expériences par des femmes qui émergent dans des métiers qui, auparavant étaient exclusivement exercés par les hommes.
« En tant que projets chargés du développement agricole, c’est une occasion de faire une introspection du pas franchi dans la mise en œuvre des droits de la femme », a indiqué Béatrice Ntahe, en charge de la promotion du genre dans les projets financés par le FIDA. Cette date arrive au moment où la femme burundaise a déjà franchi un pas remarquable dans le développement. Pour elle, personne ne peut pas croiser les bras pour deux raisons majeures. D’un côté, fait-elle savoir, l’agriculture est un métier exercé essentiellement par les femmes. Ces dernières doivent être mises au centre du développement agricole. De l’autre, ajoute-t-elle, le FIDA est l’une des organisations onusiennes. L’ONU a, dans ses Objectifs de Développement Durable, pris des engagements d’atteindre, d’ici 2030, une parité parfaite entre l’homme et la femme au niveau des droits et emplois.
Par ailleurs, ces objectifs prévoient, dans le chapitre 5 « L’égalité des sexes et autonomisation de toutes les femmes et filles ». Pour Mme Ntahe, le FIDA est interpellé. Et de marteler : « Nous allons aider le plus grand nombre de femmes ». Et ceci dans le respect du thème retenu. Et de rappeler le thème retenu par l’ONUFEMME : « L’égalité pour une ligne de pensée, des constructions intelligentes, le changement par innovation » Au niveau national, le ministère en charge du genre et des droits de l’homme a retenu comme thème :« La femme au centre des programmes innovants de protection sociale ». Mme Ntahe fait savoir que la femme joue un rôle primordial dans la vie de la famille. Placer la femme en avant dans les projets de protection sociale a un grand avantage, a-t-elle martelé.
Le gouvernement veut, tient-elle à préciser, que chaque projet se penche sur la question de la femme de façon spéciale pour atteindre le développement de la famille. La femme connaît bien les besoins de la famille. Quand elle a les moyens, elle accomplit cette tâche de manière parfaite. « Nous avons organisé cette journée dans le but d’évaluer notre rôle dans le développement durable ». Et de rappeler que tous les projets financés par le FIDA sont exécutés de façon à ce qu’il n’y ait pas de discrimination. Chaque année, précise-t-elle, le FIDA attribue des points sur l’exécution de ses programmes sur la façon dont il est en train de d’appuyer la femme. Et d’inviter les jeunes femmes qui exercent des métiers innovants financés par le programme FIDA pour témoigner.
Les bénéficiaires témoignent.
Théodosie Minani, apicultrice, est originaire de la colline Butavuka, commune Rugazi, en province Bubanza. « Je me rends dans la brousse pour chercher des abeilles. Je les mets dans une ruche. Arrivée à la maison, je les mets dans la ruche moderne. Le matin, je vais voir si les abeilles ont produit du miel », raconte-t-elle.
Mme Minani fait savoir qu’elle a bénéficié d’une formation du PAIVA-B, un des projets financés par le FIDA. « Ledit projet m’a renforcée. Je ne savais pas qu’on pouvait avoir d’autres produits dérivés », témoigne-t-elle. Des bougies sont fabriquées mais ces dernières sont vendues à des prix dérisoires, regrette-t-elle.
Elle plaide pour l’augmentation des prix et les marchés pour l’écoulement de ses produits. Elle évoque le matériel insuffisant dont les habits adaptés au métier pour se protéger contre les piqûres des abeilles, les ruches modernes. Elle interpelle et encourage les autres femmes à embrasser ce métier sans se soucier des stéréotypes.
Nadège Irakoze est originaire de la commune Gashikanwa, en province Ngozi. Elle fabrique des souliers. « J’ai décroché le meilleur prix dans des projets élaborés par les jeunes. Avant je faisais de la broderie. J’ai participé dans la formation sur le module « GERME ». Grâce à ce métier, j’ai pu transformer et améliorer la maison de mes parents et m’acheter une parcelle », raconte-t-elle.
Séraphine Ndayiziga est de la commune Ruhororo, en province Ngozi. Elle fabrique de la bouillie et des beignets à partir de la farine de banane et des champignons. Soutenue par le PRODEFI, elle a décroché le deuxième prix lors du concours d’entrepreneuriat. Elle a cultivé des champignons. Grâce à ces derniers, elle fabrique des beignets et des biscuits.
Odette Muhimpundu est de la colline Masama II, commune Muhanga, en province Kayanza. Son mari exerce un métier de transformation de l’huile à partir des avocats. « Il m’a appris à faire ce métier ». Elle est soutenue par le PRODEFI. Elle a participé à la formation sur le module « GERME ». Et elle a amélioré son métier et son produit est apprécié par les consommateurs. « Je parviens à subvenir à mes besoins ».
Les femmes interpellées à être des agents du changement
Prenant la parole, Aissa Touré, la représentante du FIDA au Burundi a invité les femmes à être des artisans du changement. « Ce qui va faire le changement dans nos sociétés, ce sont les agents de changement économique et non les statistiques ». Mme Touré les encourage à être persévérant. « Il faut avoir la persévérance, il y a un potentiel qu’il faut encourager et développer » et de conclure que « Aider une femme, c’est aider toute une communauté ».
De son côté, M. Damase Ntiranyibagira, au nom des coordonnateurs des projets et programmes financés par le FIDA au Burundi, n’a pas caché sa joie. « Les femmes sont capables de faire des métiers qui étaient, jusque- là, la chasse gardée des hommes ». Il a souligné qu’au sein du programme FIDA, la femme est mise au centre des projets. Signalons qu’avant la célébration de cette journée, le personnel féminin du FIDA a remis une aide constituée de la farine de maïs, sorgho, du sucre, de l’huile, aux orphelins et personnes âgées. Ces derniers sont pris en charge et hébergés par les missionnaires de la charité sis à Kajaga.