Vendredi 22 novembre 2024

Société

La faculté de droit a perdu son lustre d’antan

Certaines des universités privées ont suspendu les classes de 1ère candidature, pour cause de « désertion » de la faculté de droit pour l’année académique 2012/2013.

Université du Burundi vue partielle du bâtiment abritant la fac de droit et la FLSH
Université du Burundi : vue partielle du bâtiment abritant la faculté de Droit et la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines ©Iwacu

Quatre universités privées ont déjà fermé leurs classes de première candidature : l’université des Grands-Lacs, l’université de Ngozi, l’université Martin Luther King et l’université Sagesse d’Afrique. D’autres comme l’université du Lac Tanganyika et l’université Lumière optent pour former respectivement 20 et 42 étudiants en 1ère candidature. Pour l’année académique 2011/2012, chacune de ces universités a enregistré entre 200 et 300 étudiants en première année.

Pas de débouchés !

« Je viens de passer cinq ans au chômage. Aujourd’hui j’envisage de suivre une autre formation qui peut déboucher sur un emploi », raconte avec désespoir P.N., juriste de 32 ans. Après sa formation à l’université du lac Tanganyika, il se voyait faire une longue carrière dans la magistrature. Ce n’est pas un cas isolé. J.H., fille unique dans sa famille, rêvait depuis son enfance de suivre la carrière de son père : « Dommage qu’il n’est plus de ce monde, il m’aurait beaucoup appris dans son cabinet. Je n’aurais jamais vécu trois ans de chômage. » Aujourd’hui, elle fait son stage chez un avocat, ami de feu son père.

Plusieurs facteurs en cause

Qualifiée jadis de noble, la faculté de droit est aujourd’hui concurrencée par d’autres filières plus sollicitée sur le marché du travail. « L’informatique, le tourisme et hôtellerie, banque et assurances, logistique et maintenance des ordinateurs… sont des options de plus en plus convoitées par les jeunes lauréats », constate Egide Sabushimike, secrétaire académique à l’université Martin Luther King. Il énumère d’autres facteurs : « Il y a quelques années, un juriste entrait directement à la magistrature. Le juriste d’aujourd’hui est moins entreprenant, il se borne à trancher les litiges ou à plaider pour les autres. Et la majorité des universités naissantes ouvre une faculté de droit. » Et M. Sabushimike d’avertir : « Les étudiants de la 2è candidature qui reprendront l’année risquent de changer de faculté ou d’aller voir ailleurs. »

Il y a aussi, note Apollinaire Bangayimbaga, recteur de l’université de Ngozi, la décision de l’ordonnance ministérielle qui oblige les humanistes à avoir une note de 50% à l’examen d’Etat pour entrer à l’université. Peu d’élèves réussissent ce test. »
Le barreau de Bujumbura laisse la porte ouverte aux juristes qui choisissent la carrière d’avocat et qui remplissent les conditions exigées. Depuis janvier 2013, 5 avocats ont été enregistrés sur le grand tableau et 48 stagiaires sur le petit tableau. Les sources proches de ce barreau indiquent que certains jeunes avocats sur le grand tableau ne parviennent pas toujours à s’acquitter de la cotisation mensuelle. D’où leur exclusion.
Iwacu a contacté sans succès le ministère de la Justice quant au recrutement des magistrats.

Forum des lecteurs d'Iwacu

13 réactions
  1. Jean-marie

    Je ne voudrais pas du tout intervenir sur le problème des juristes mais justes sur une intervention sur les médecins chômeurs qui font des enquêtes à l’ISTEBU.
    Je reste confiant qu’il y a peu de médecins au Burundi par rapport à la population burundaise. Mais le problème réside au fait que le gouvernement bloque l’amélioration de ce secteur. Les médecins sont recrutés par l’Etat pour travailler à l’Hôpital public y compris le médecin généraliste or ailleurs les médecins sont recrutés par les hôpitaux financés par la sécurité sociale. Au Burundi l’hôpital n’est pas capable de payer un médecin car l’acte médical dans le public est presque gratuit en faveur de la sécurité sociale. Exemple une consultation d’un médecin généraliste est facturée 500 fr Bu et celle d’un spécialiste 700 fr bu alors qu’un France elle est respectivement de 26 euro (52.000 fr bu) et 31 euro (62.000). La mutuelle rembourse respectivement 400 fr bu et 560 fr bu. Le médecin burundais doit consulter 1000 patients pour que l’hôpital soit capable de payer son salaire. Paradoxalement en France la sécurité sociale , branche soins et actes médicaux est déficitaire de 16 milliards d’euro mais au Burundi la sécurité sociale (MFP et INSS) a des excédents alors que l’hôpital n’est pas capable d’acheter une aiguille sans l’aide de l’Etat. J’ai vu dans un article d’IWACU que l’INSS et la MFP ont plus de liquidité jusqu’à financer des crédits bancaires ou d’autres projets. La solution est de rendre l’acte médical rentable afin de permettre à l’hôpital de financer lui même le salaire de son personnel. Pour le faire, la population bénéficiaire des soins doit-être capable de rembourser ses soins par le biais de la sécurité sociale. Au Burundi, les fonctionnaires par le biais de la MFP et de l’INSS sont capables de payer ses soins et ainsi de permettre le financement de l’hôpital qui sera capable de recruter du personnel. Le problème réside au niveau de la population pauvre , sans ressource. Pour cette catégorie, le gouvernement participera dans le financement de leur sécurité sociale notamment en renforçant la carte d’assistance maladie ou en imposant un ticket modérateur proportionnel aux revenus des familles ou à la participation forfaire dans le budget de l’Hôpital comme actuellement. Donc actuellement, le gouvernement a opté pour financer seul l’hôpital dont il n’est pas capable, en témoigne les dettes du gouvernement envers les hôpitaux publics et cela au profit des maisons d’assurance (MFP et INSS) où les bénéfices sont partagés sous formes de primes de bilan, treizième mois, bonus, etc… A mon avis, le financement du secteur sanitaire est à revoir pour permettre à l’hôpital de faire le recrutement tant du personnel médical que non médical et ainsi lutter contre le chômage. De même, le gouvernement doit contrôler la formation médicale car ne devient Médecin celui qui le veut mais celui qui peux mais actuellement c’est le contraire au Burundi.

    • kaminuza

      Imana ikunvire ngira aho hoho on ne verrait plus des médecins-gestionnaires d’hôpitaux…des diplômes en gestion&administration (hospitalière) peuvent le faire….umuganga abarwayi bamukeneye impande yabo apana mu ma rapports financiers na logistique des médicaments: ariko gutwara ibitaro niho hari akarusho kumushahara!!

    • bornto

      Pour les pauvres les comparaisons seraient juste une exclusion de cette classe à l’accès de soins de santé : comparer aussi le Revenu par habitant au nivaux des Nations pour voir quelle comparaison tu es en train de faire. Comparer aussi le Salaire moyen ou encore le SMIG burundais et le SMIG français. Tout cela va t’aider à réfléchir avant d’écrire n’importe quoi. Sinon tes propositions sont relativement bonnes.

      • Jean-marie

        Vous me dites que j’écris du n’importe quoi, je trouve ça déplacé avec manque de respect et de courtoisie et ce n’est pas appréciable pour un burundais bien éduqué . J’ai fait ma réflexion et j’en ai le droit. Vous pouvez faire la vôtre sans insulter personne. Je pense que vous n’avez même pas lu ma proposition avant de réagir car je propose de renforcer la mutuelle des pauvres (CAM) soit par un appui budgétaire forfaitaire, soit par un ticket modérateur, soit par les bailleurs actuels de la santé. Cette mutuelle existe et nécessite une réorganisation pour la rendre plus opérationnelle.
        Quoi qu’il en soit même si le SMIG burundais est trop bas, vous êtes d’accord qu’une consultation de 500 fr bu est actuellement insignifiante car j’aimerais que vous me donniez un exemple de service qui coûte à l’heure actuelle 500 fr bu. De même, le Burundi ne fabrique pas des médicaments et les achète au même marché que les autres pays. D’où un ajustement des coûts des services en accord avec l’économie du pays sans toutefois empêcher l’Hôpital de se développer. Je pense qu’un hôpital avec des services de qualité profitera à tout le monde. Mais actuellement cet hôpital public sans moyen ne sert que ces pauvres alors que les riches se font soigner à l’étranger et le pays perd l’argent qui devrait aider à relancer le pauvre.
        Si vous êtes par hasard un employé ou membre de ces assurances, l’autocritique est permise et permet parfois d’avancer. Je ne rien contre vous et ces institutions.

      • Jean-marie

        Vous me dites que j’écris du n’importe quoi, je trouve ça déplacé avec manque de respect et de courtoisie et ce n’est pas appréciable pour un burundais bien éduqué . J’ai fait ma réflexion et j’en ai le droit. Vous pouvez faire la vôtre sans insulter personne. Je pense que vous n’avez même pas lu ma proposition avant de réagir car je propose de renforcer la mutuelle des pauvres (CAM) soit par un appui budgétaire forfaitaire, soit par un ticket modérateur, soit par les bailleurs actuels de la santé. Cette mutuelle existe et nécessite une réorganisation pour la rendre plus opérationnelle.
        Quoi qu’il en soit même si le SMIG burundais est trop bas, vous êtes d’accord qu’une consultation de 500 fr bu est actuellement insignifiante car j’aimerais que vous me donniez un exemple de service qui coûte à l’heure actuelle 500 fr bu. De même, le Burundi ne fabrique pas des médicaments et les achète au même marché que les autres pays. D’où un ajustement des coûts des services en accord avec l’économie du pays sans toutefois empêcher l’Hôpital de se développer. Je pense qu’un hôpital avec des services de qualité profitera à tout le monde. Mais actuellement cet hôpital public sans moyen ne sert que ces pauvres alors que les riches se font soigner à l’étranger et le pays perd l’argent qui devrait aider à relancer le pauvre.
        Si vous êtes par hasard un employé ou membre de ces assurances, l’autocritique est permise et permet parfois d’avancer. Je n’ai rien contre vous et ces institutions.

  2. Nathan

    Voilà le problème de pas mal de jeunes en Afrique. Nous sommes former pour l’emploi au lieu d’être formé pour créer l’emploi. On imite. On se dit: puisque tel est bien rémunéré et qu’il a fait ce type de faculté, je vais moi aussi faire la même chose et à la fin de la journée on se trouve avec une boom de lauréat ayant fait la même chose d’où le chommage. Il n’y a pas de passion. C’est pourquoi même notre vie politique est malade. On vit de la politique au lieu que la politique vit de nous.

    Même en business c’est la même chose au Burundi. Je fais une boutique de beignets et en quelques jours il y a mille et une boutiques autour de moi faisant la même chose.

    Il n’y a pas de créativité.
    Malheurs à ceux qui ne savent pas ce dont ils ont besoin.

    L’étranger te dira que le Burundi est une table rase dans le domaine du business: Il y a tant à faire mais les gens veulent toujours commencer Grand. Il faut toujours Penser Grand et commencer petit.

    Maladie appelée SUIVISME
    « L’informatique, le tourisme et hôtellerie, banque et assurances, logistique et maintenance des ordinateurs… sont des options de plus en plus convoitées par les jeunes lauréats », constate Egide Sabushimike, secrétaire académique à l’université Martin Luther King. Il énumère d’autres facteurs : « Il y a quelques années, un juriste entrait directement à la magistrature»…..

    Sur ces mots bcp de jeunes vont se souscrire dans ces facultés parce qu’on dit…..

    Certains gens ont une maladie appelé  »suivisme ». Le suivisme tue.

    • nauri

      my man uratanze message sindakubesha!!! abari n’amatwi ni bumve!!!

  3. karangwa

    Si ils sont formes pour etre juristes, il ne devrait pas y avoir une concurrence entre eux et les informaticiens, ceux /celles du tourisme et hôtellerie, banque et assurances, logistique et maintenance des ordinateurs. Leurs formations les preparent pour des fonctions tres differentes les uns des autres. Dans le cas contraire ce serait du n’importe quoi au marhe du travail au burundi.

  4. honoré balthazar

    Cette situation est inquiétante et je l’avais déjà pressenti bien avant. Moi je suis juriste de formation est j’ai fait l’université du Burundi. Moi je viens de passer 4 ans dans un autre domaine qui n’est pas du droit. La question ne revient pas aux étudiants futurs chômeurs, mais à l’Etat . La faculté de droit d’antan n’attirait guerre les étudiants qui préféraient plutôt la fac d »histoire. Lorsqu’il y a eu l’augmentation des salaires des magistrats, tout le monde a voulu faire le droit, y compris moi. Ce qui est d’ailleurs normal. Mais dans tout ça que fait l’Etat? Lui qui donne l’aval à toute université qui nait avec la fac de droit? Lui qui n’a jamais pensé interdire certaines fac qu »il jugeait superflues? Lui qui n’a jamais encouragé la promotion de l’éducation dans des domaines qui avaient besoin de main d’œuvre? Aujourd’hui ces sont les juristes concernés, mais la médecine qui semblait rester la plus noble fac des fac est palpée ces derniers jours! L’ISTEBU connait mieux les dossiers des MEDECINS ENQUETEURS. Le danger nous guette de toute part, en investissant pour certains dans les études de son enfant pour fuir la pauvreté, il y a risque de devenir définitivement pauvre, avec un diplôme de licence congelé comme souvenir. Espérons que les États Généraux sur l’emploi à Ngozi pourront nous apporter une solution, sinon le pire est à venir……………………

    • Alias Sport Degede

      Honnoré de Balzac, c’est le type que je connais de Cbtk . None we we ko umenga wari wasonze vyagenze gute??? Jewe aho Mujosi antangarije nkihura muri SAIKO, ubu ndi Umwarimu kuri Diplome mais commercant comme mploi. Uraza Umbaza nguhe tuyaux ,nayo nimba urindiriye Recrutement ho uraba uravundira mu hira. Ou bien bandabya uropora wa muchanga mais Mobonerane muzohura.

      Giram amahoro n’amahera ntuhendwe ubona. va i Buzimu uje i Buntu.

  5. kaminuza

    Si le phénomène se cotonne au Burundi et pas dans les pays de l’EAC, il s’agit d’un d’œil aux chargés des programmes pour les rendre plus attrayants.

    Dans tous les domaines, les juristes sont indispensables. L’E.A.C exporte des services juridiques au Burundi(cabinet Mkono) et si nous produisons de « bons » juristes, l’économie des services en aura toujours besoin mais en nombre juste suffisant: il serait non plus insensé de produire plus de juristes que d’ingénieurs…ou de médecins : ce sont les besoins de l’économie qui guident la planification de la main d’oeuvre, pas l’inverse.

    • Bakari

      « il serait non plus insensé de produire plus de juristes que d’ingénieurs…ou de médecins »
      Moi j’ai l’impression que le nombre de médecins par rapport au nombre de juristes dans ce pays serait de 1 sur 1000! Donc je vois pas pourquoi l’utilisation du conditionnel, alors que ce que vous soulignez est déjà là depuis les années 1970!

    • Bien dit Mr ou Mme kaminuza ; « ce sont les besoins de l’économie qui guident la planification de la main d’oeuvre, pas l’inverse. »

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