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La détresse des sans-abri de Busesekara

10/10/2011 Commentaires fermés sur La détresse des sans-abri de Busesekara

160 familles du site Busesekara, commune Rugombo, province Cibitoke, vivent dans la précarité depuis qu’elles ont été chassées du site Gikumba, en juillet dernier. Elles demandent à l’administration de leur donner des terres à cultiver et des tentes.

Elysée Bukeyeneza, habitant le site, confie avec colère : « Quand nous étions à Gikumba, nous cultivions le peu d’espaces que nous avions et nous récoltions quelque chose ; mais ici, le sol est caillouteux. Rien n’y pousse. » Selon ce jeune homme de vingt ans, sur les 403 familles qui vivaient à Gikumba, seules 60 familles ont eu des parcelles dans le nouveau village de paix en construction. Les autres ont été installées de force sur le site Busesekara.

Colline Rugeregere. A 4 kilomètres du chef-lieu de la commune Rugombo, sur la route Rugombo-Mabayi, une centaine de maisonnettes couverte de paille surplombent ladite colline. Chacune occupe un espace de trois mètres carrées. Plus de deux cents personnes reparties en 160 ménages y vivent. Pas l’ombre d’un arbre dans les parages. Les lieux sont désertiques. La plupart des habitants partent très tôt le matin cultiver les champs des particuliers ; histoire d’avoir de quoi mettre sous la dent. Faute d’autre ressources.

Malaria et diarrhées

D’après toujours Elysée Bukeyeneza, cette situation est à l’origine des maladies et de la faim sur ce site. Selon lui, à cause de manque de couvertures et de l’eau potable, cela fait trois mois que les habitants attrapent souvent la malaria et des diarrhées : « Nous avons même transporté un de nos voisins au dispensaire de Rugombo récemment, souffrant de choléra. » Qui pis est, soutient-il, quand il pleut, l’érosion submerge ces maisonnettes. « Il ne se passe une seule nuit sans que quelqu’un soit obligé de tout reconstruire », conclut-il.

Patrice Senkadagiye, chef du site Busesekara, n’y va par quatre chemins. Pour lui, l’administration n’a pas bien pensé cette politique de villagisation ; car elle aurait dû d’abord construire des maisons pour ces familles vulnérables et leur trouver des terres à cultiver avant de les installer sur le nouveau site. Il affirme que lorsque le projet de construction de ce village de paix a été annoncé début janvier, et que l’administration les avait assuré qu’ils seraient servis les premiers.

Or, constate-t-il, la plupart de ceux qui ont eu ces parcelles sont des riches qui ont déjà des parcelles ailleurs «  Les pauvres ont été expulsés sans considération car leurs maisons ont été détruites par des policiers sous la supervision de l’administration. »

Le froid et la pluie

Ainsi, soutient M. Senkadagiye, quand l’administration les a chassés de Gikumba, la plupart sont partis ailleurs car la vie est invivable sur cette colline. « Nous sommes obligés d’aller puiser de l’eau à plus de 3 kilomètres. Nous sommes tenaillés par le froid et quand il pleut nos maisons en pailles sont emportées par l’érosion. » Il demande à l’administration de leur donner des tentes pour se protéger de la pluie. De même, il demande aux directeurs des écoles primaires de ne pas les chasser à cause du manque d’uniformes ; car les familles sont indigentes: « une pièce coûte autour de dix mille Fbu. Où pouvons-nous avoir cette somme ? »

James Rupfuragira, président du conseil communal de Rugombo, affirme que les autorités communales sont conscientes des mauvaises conditions dans lesquelles vivent ces habitants. Mais il leur demande de prendre leur mal en patience. Selon lui, la commune est en train de négocier avec des bienfaiteurs pour que des couvertures leur soient octroyées en attendant que des maisons leur soient construites.
Par contre, il s’insurge contre ceux qui pensent que les autorités ont sciemment expulsé ces gens juste pour les faire souffrir : «  La commune de Rugombo accuse une carence de terres. Si nous avions eu un bon endroit où les mettre, on l’aurait fait. »

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