Les élections françaises, avec ce résultat surprenant de l’extrême droite, restent très loin de nous. Englués dans notre «vie chère», les problèmes sociaux, jonglant pour joindre les deux bouts du mois, on a suffisamment de soucis pour se préoccuper du score du FN français n’est-ce pas ? Et pourtant, ce qui se passe en France et, dans une certaine mesure, dans plusieurs pays en Europe, ce glissement de l’Europe à droite, va affecter à plus ou moins long terme les pays qui, comme le nôtre, comptent beau- coup sur l’aide extérieure. Un ami diplomate me faisait remarquer que durant toute la campagne française, au sujet de la politique internationale, aucun candidat n’a jamais évoqué l’Afrique ou des thèmes comme la « coopération.» Et pour cause. Il y a suffisamment à faire déjà en France avant de penser à l’étranger. En France, en Europe, c’est l’heure du repli. L’ami diplomate m’a posé une question : « Sur les 754 députés que compte le parlement européen, combien connaissent le Burundi ? ». Silence. « Combien peuvent plaider pour le Burundi avant la Grèce, le Portugal ou l’Espagne? » Silence. Ce qui se passe en France n’est donc pas un épiphénomène. Aux africains, aux Burundais, de comprendre ce basculement. Car, pour ce nouveau courant qui porte des leaders comme Marine Le Pen, « la préférence nationale », n’est pas seulement un slogan. Sa politique se traduira dans les faits. Quand il s’agira de couper dans les budgets, on sait où ils vont couper. C’est aussi leur droit. A nous d’anticiper, de compter de plus en plus sur nous.