La diversification de l’économie nationale est devenue une préoccupation majeure de bon nombre de pays. C’est ainsi que même des riches pays pétroliers comme le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud, la Guinée équatoriale, etc… ne se contentent plus des recettes pétrolières et investissent aujourd’hui dans des infrastructures touristiques, financières, agricoles, immobilières, industrielles, etc…
Ceci afin de garantir dans un court terme les conséquences liées à la chute du prix du baril, et dans un long terme les conséquences liées au non renouvellement du pétrole.
Et quant à notre pays, le Burundi, je pense qu’une meilleure diversification de son économie se passera tout d’abord par la diversification de notre secteur agricole ; laquelle diversification se fera en 3 étapes successives:
1°L’agro-alimentaire :(agriculture de consommation sans véritable vision stratégique)
2°L’agro-business : (Une agriculture de vente, intensive et spécialisée selon la nature du produit),
3°L’agro-industrie : (une agriculture de production c’est à dire destinée à l’industrialisation).
Pour pouvoir arriver à la 2ème et 3ème étape, de véritables politiques de protection du secteur agricole et de sa diversification devront être arrêtées, notamment :
– La protection des terres riches en matières premières comme par exemple ces plantations cotonnières de l’Imbo qui sont parfois brulées ou données aux vaches. Alors que ces dernières ont une multitude de choix comme aliment de bétail, une entreprise textile ne se nourrit que du coton comme matières premières ;
– La création d’un fonds d’investissement spécialisé dans le financement agricole pour accompagner l’investissement dans ce secteur ;
– Le désenclavement des régions agricoles pour leur permettre l’accès au grand marché, et enfin
– Le ciblage des produits agricoles qui seront commercialisés (sur place ou à l’export) et d’autres qui seront industrialisés (comme le coton, le blé, le riz, l’huile, le sucre, le café, etc..)
Il convient de signaler que le Burundi constitue une aubaine pour les promoteurs agricoles car la récente construction des infrastructures routières dans tout le pays, et prochainement la mise en place du chemin de fer permettront le désenclavement plus ou moins total des régions agricoles et leur connexion aux grands marchés comme ceux de l’E.A.C par exemple.
Vu ce qui précède, je pense que le vrai problème reste alors la sous-exploitation, le gaspillage, et dans certains endroits l’inexploitation des terres cultivables. Comment alors pouvons-nous parier à ce problème d’optimisation agricole ?
– Ce problème peut être réglé par la mise en place des vraies politiques « d’économie du territoire ». Non seulement les terres cultivables doivent etre protégées et rentabilisées, mais aussi il doit y avoir des promoteurs immobiliers spécialisés dans la construction des immeubles à appartements. Cela pourrait être bénéfique à la fois aux propriétaires et à l’Etat. Par exemple, au lieu qu’une seule famille achète une parcelle de 10 ares à X Montant, la même famille peut l’acheter à X /6 Montant en association des 6 autres familles afin de construire un simple immeuble de 3 niveaux et à 6 appartements (2 apparts par niveau). Et cela se répercutera tout d’abord aux ménages qui verront leur pouvoir d’achat s’améliorer, aux établissements financiers qui auront des clients plus solvables et plus importants en nombre, et à l’Etat qui non seulement aura plus de terres à donner aux promoteurs agricoles mais aussi verra croitre le bonheur social de sa population.
– Les campagnes de sensibilisation via les médias ou autre moyens de communication par des experts sur l’intérêt de protéger les espaces cultivables et sa répercussions sur la vie du pays et des familles en matières d’autosuffisance alimentaire et d’emplois pour l’industrie agricole.
– L’association des promoteurs immobiliers et agro-industriels afin de créer une activité économique dans des villes nouvelles ; et ceci dans le but de désengorger la capitale. L’idée est donc de régler en amont le problème de l’insuffisance des terres cultivables par l’économie des surfaces cultivables non encore bâties.
Le Burundi étant le pays qui dégage la main d’œuvre relativement la moins chère dans la sous-région, la promotion de son secteur agricole peut lui apporter l’entrée des devises une fois les produits agricoles exportés stratégiquement.