Ce samedi 9 juin 2012 s’est tenue la troisième conférence « Partir Revenir » du cycle « conférences pour mémoire-Burundi 2012 : Perspectives de grands acteurs. Les invités étaient Françoise Ngendahayo, Représentante de « ONU Femmes » en RDC, et Pr. Luc Rukingama, Représentant de l’Unesco à Harare (Zimbabwe).
<doc4275|right>Le modérateur, André Guichaoua, professeur à l’Université de Panthéon-Sorbonne Paris I et directeur de l’Institut de développement économique et social (IEDES), a informé ces deux représentants de la diaspora sur les trois parties qui constituent la conférence/émission : les causes des migrations, les politiques de rapatriement et la contribution de la diaspora.
L’ancienne ministre du Rapatriement et de la Réinstallation des Rapatriés et des Déplacés, considère que les causes principales des migrations étaient la quête de sécurité et la peur des régimes autoritaires. Elle affirme, par ailleurs, qu’avant l’Indépendance, il y avait des migrations dirigées (des Burundais envoyés dans le Haut-Katanga) et des migrations pour cause démographique.
Pour l’ex-ministre des Relations Extérieures et de la Coopération, il y a les réfugiés et les déplacés internes parce que la notion de migration implique la dispersion. A son sens, le non respect des droits de l’Homme, les violences interethniques et le spectre de la guerre civile constituaient les causes majeures des migrations.
Concernant les politiques de rapatriement, Mme Ngendahayo signale qu’au moment de sa prise de fonction en tant que ministre en charge de la question des rapatriés (2001), il y avait 800.000 réfugiés (500.000 de 1972 et 300.000 de 1993). « Nous avons fait des séances de sensibilisation au rapatriement volontaire grâce à l’Accord d’Arusha », précise-t-elle. Et d’ajouter aussitôt : « A l’instigation du Premier Vice-président, Domitien Ndayizeye, je suis allée chercher sa sœur en Tanzanie. Son retour au Burundi a eu valeur d’exemple pour les autres réfugiés. »
Quant au Pr. Luc Rukingama, il reconnaît que la Commission nationale chargée du retour, de l’accueil et de la réinsertion des Réfugiés dite « commission Rukingama » a rencontré des difficultés du fait que les esprits n’avaient pas encore été sensibilisés au processus de réconciliation. « La méthode du règlement à l’amiable était privilégiée, par exemple, à Rumonge, entre les arrivants et les résidents », souligne-t-il. Il préconise aussi une démarche participative pour résoudre la problématique des conflits fonciers.
Enfin, ils assurent que l’apport de la diaspora dans le développement du Burundi peut être substantiel. Le Représentant de l’Unesco à Harare signale que, pour l’UA, la diaspora est un facteur de changement et de transformation sociale : « Beaucoup d’institutions internationales essayent d’inciter les membres de la diaspora à devenir des acteurs de développement dans leurs pays respectifs », insiste-t-il. Selon la Réprésentante de « ONU Femmes » en RDC, il faut rassurer la diaspora par la promotion de la bonne gouvernance et la facilité de l’investissement privé. Désormais, la nouvelle diaspora s’inscrit dans l’ère de la mondialisation dans laquelle formation, recherche d’emploi et mobilité vont souvent de pair.