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La diaspora burundaise, un précieux réservoir des compétences

05/05/2013 Commentaires fermés sur La diaspora burundaise, un précieux réservoir des compétences

Alors que Bujumbura accueille pour deux jours, [une importante délégation de la diaspora burundaise->http://home.scarlet.be/publication/Diaspora/LISTE_PARTICIPANTS_CIDB_Stavanger_2009.pdf], Libérat Ntibashirakandi, professeur à l’Université Libre de Bruxelles s’intéressait déjà à cette catégorie de Burundais comme un des facteurs de développement du pays de par ses compétence, dans le Magazine d’Iwacu de novembre 2011.

<doc4387|left>Depuis son indépendance, le Burundi a souffert de plusieurs vagues de violence et ces crises répétitives ont occasionné une fuite massive de cerveaux. L’on distingue pour le cas du Burundi :
– Les assistants – enseignants et médecins qui ne sont pas rentrés à la fin de leurs études de troisième cycle pour des raisons variées
– Les intellectuels qui ont fui le Burundi pour des raisons politiques, sécuritaires et socio-économiques
– Les professeurs d’université qui sont rentrés mais qui sont repartis par la suite au Rwanda ou ailleurs pour des raisons principalement économiques.

Le développement du Burundi souffre terriblement de cette fuite de cerveaux. La reconstruction du Burundi a besoin de toutes les forces vives de la Nation et notamment les experts de la diaspora. Le rêve ou la vision « Burundi 2025 » ou des programmes internationaux comme les Objectifs du Millénaire pour le Développement, ne se réaliseront jamais si le Burundi ne fait pas appel aux compétences locales et à celles de la diaspora.

Une étude de 2003 de la Planification de l’éducation préconisait que la formation d’un docteur coûtait à l’Etat et aux parents au moins 65.000 $ sans compter la rémunération des enseignants. Les pays africains consacrent chaque année environ 4 milliards de dollars à l’emploi d’environ 100.000 expatriés non africains pour compenser le manque d’effectifs qualifiés.

Les voix d’ailleurs s’élèvent de plus en plus au niveau international pour faire prendre conscience et convaincre les décideurs africains pour qu’ils impliquent davantage leur diaspora dans les initiatives et projets de développement. Il est urgent que le Burundi mette en place une politique juste et cohérente de mobilisation des intellectuels et compétences de la diaspora pour qu’ils mettent leur savoir-faire, leurs ressources financières et leurs réseaux au service de la reconstruction du pays.

Fuite des cerveaux à l’université du Burundi. Des chiffres qui parlent

Le cas de l’université du Burundi illustre bien l’ampleur du phénomène. En effet, le nombre de docteurs titulaires de thèses est passé de 189 en 1985-1986 à 119 en 2006-2007.
En octobre 2007, sur 340 enseignants attendus, 65% soit 211 enseignants ne sont pas retournés ou sont partis au Rwanda. Quelques programmes internationaux comme les projets MIDA-Grands Lacs et TOKTEN et la coopération internationale n’ont pas pour autant résolu le problème, même si l’on a observé ces derniers mois quelques retours limités de professeurs de la diaspora.

Les potentialités de la diaspora

La diaspora burundaise, précieux réservoir de compétences. La reconstruction du Burundi nécessite des ressources humaines, financières et matérielles. Les intellectuels burundais de la diaspora représentent un important vivier de ressources humaines aux valeurs inestimables. On retrouve des burundais dans les corps académiques, scientifiques et administratifs dans beaucoup d’universités prestigieuses à travers le monde, dans le personnel médical et soignant des hôpitaux, en Afrique, en Europe ou en Amérique, on les retrouve également dans la coopération internationale, dans les professions libérales, dans les groupes privés internationaux, dans les organismes internationaux (FMI, Banque Mondiale, Nations Unies, etc.), etc. Bref, on les retrouve dans tous les domaines de la vie socio-économique à travers la multitude des pays dans lesquels ils sont installés. Ce sont des ressources humaines sur lesquelles le Burundi pourrait compter pour sa reconstruction.
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[Les membres de la diaspora burundaise, venus d’une vingtaine de pays, appellent à un partenariat durable avec le gouvernement->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article3064]
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– {La diaspora burundaise, précieux réservoir de ressources financières et économiques}
Les chiffres officiels montrent que la somme cumulée des transferts de fonds au bénéfice de l’Afrique par sa diaspora, dépasse de très loin les montants consacrés par les bailleurs de fonds à l’aide au développement. Pour le Burundi, l’argent envoyé d’une façon informelle par les membres de la diaspora à leurs familles pour diverses raisons contribue à notre avis à un pourcentage non négligeable au budget national du pays.

– {La diaspora burundaise, interface de choix entre le Burundi et le reste du monde}
Les compétences de la diaspora burundaise ont tissé des relations et ont leurs propres réseaux sociaux, d’idées, de pratiques, commerciaux, etc.

– {La diaspora, ambassadeur du Burundi le plus permanent}
Le Burundi a une image que lui donne sa situation politico-socio-économique d’aujourd’hui. La diaspora burundaise a aussi une certaine image. Pour aider le Bu-
rundi à retrouver sa place dans le concert des Nations, la diaspora devrait être son ambassadeur le plus permanent. Mais cette diaspora ne réussira cette mission que,
si son image au Burundi et à travers le monde est positive

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Charte « win-win » Burundi-diaspora

Comme la majorité de burundais, les membres de la diaspora ont à cœur
le souci de voir le Burundi se relever et prospérer. Et c’est ensemble sans distinction de couleur politique, en collaborant de façon transparente et concertée, que nous progresserons vers un avenir plus radieux, le rêve du « Burundi 2025 ».

Pour y arriver chaque partenaire devra remplir correctement et en toute honnêteté ses devoirs et bénéficier de ses droits. Ces droits et devoirs doivent faire objet
d’un contrat ou d’une charte Diaspora-Burundi élaboré au cours d’une large concertation apolitique clôturée par des Assises Nationales Burundi-diaspora. En guise de pistes, quels sont ces droits et devoirs de chaque partenaire ?

Le Burundi

Une précision s’impose, je préfère « Burundi » plutôt que « Gouvernement burundais » tout simplement parce que le pouvoir change mais par contre la charte devra rester valable avec la possibilité d’évoluer si la diaspora et le Burundi le jugent nécessaire.

– {Mettre de l’ordre dans le pays}
Le Burundi devrait conformément aux recommandations du NEPAD instaurer rapidement des conditions politiques, sociales et économiques susceptibles d’enrayer la fuite des cerveaux et ainsi encourager des retours volontaires. Tant qu’il n’y aura pas au Burundi « un environnement favorable à la critique constructive, sans
harcèlement ni persécution », tant que le Burundi ne sera pas « attirant sur le plan politique, économique et social pour les membres de sa diaspora », il ne faudrait pas s’attendre à des retours massifs des burundais de l’étranger.

– {Constituer une base de données des burundais de l’étranger}
Le Burundi devrait se préoccuper et s’intéresser à sa diaspora : les identifier, non seulement de s’assurer de leur adéquation avec les besoins du pays, mais aussi de créer les conditions spécifiques à leur pleine exploitation.
C’est pourquoi, il nous semble qu’au moins une Direction Générale devrait être créée plutôt qu’un simple Département au Ministère des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale pour s’occuper de toutes les questions concernant la diaspora.

– {Donner aux intellectuels burundais la place qu’ils méritent}
Nos compatriotes qui ont regagné le pays après leurs études devraient être encouragés pour rester au pays. Comment un pays peut-il se permettre de laisser partir un Professeur d’université avec une expérience de plus de 15 ans d’enseignement alors que même un simple joueur de football ne quitte pas son équipe gratuitement ? Ne faudrait-il pas accorder des salaires consistants aux intellectuels parfois rares dans la sous-région ? Aujourd’hui le Burundi est confronté
aux problèmes énergétiques, aux problèmes sécuritaires, etc. pourquoi ne pas créer une commission d’intellectuels pour proposer des solutions aux multiples problèmes auxquels le pays est confronté? Bref, le Burundi devrait utiliser les compétences locales pour motiver et encourager celles de la diaspora à regagner définitivement
le Burundi.

– {Instaurer un dialogue avec la diaspora}
Le dialogue régulier et permanent entre le Burundi et sa diaspora permettra d’entretenir une relation de confiance. C’est au cours de ce dialogue que les Burundais de la diaspora pourront contribuer par des idées innovatrices aux problèmes auxquels le Burundi est confronté. C’est au cours des Assises Nationales Diaspora-Burundi qu’une charte sera entérinée et un comité de suivi des recommandations mis en place. Pour atteindre l’objectif, ces assises ne doivent pas
être un mini congrès des membres des sections de l’étranger de quelques partis politiques.

– {Répondre positivement aux revendications de la diaspora}
Les autorités burundaises devraient prêter l’oreille aux revendications de la diaspora : la problématique majeure de l’accès au logement par les Burundais de l’étranger, la protection et la défense des droits et intérêts des Burundais de l’étranger comme le font bien les pays européens, encourager et soutenir des candidats burundais pour des postes d’emploi dans les organismes internationaux, etc.

La diaspora

Il revient aux membres de la diaspora de compléter la liste des droits et devoirs reprise ci-dessous :
– Mieux s’organiser et réaliser un destin commun
– Mutualiser les expériences d’aide au développement du Burundi
– Initier des actions d’entraide, de solidarité et d’échanges d’informations
– Créer une synergie Burundi-Diaspora
– Améliorer l’image de la diaspora et être ambassadeur du Burundi

En guise de conclusion, les responsables politiques ne doivent pas tenir les professionnels expatriés pour responsables du manque d’effectifs qualifiés au Burundi, plutôt les autorités du pays devraient les considérer comme des atouts potentiels. Quant aux Burundais hautement qualifiés installés à l’étranger, ils devraient reconnaître une dette morale envers la Patrie et, en conséquence, apporter
une aide multiforme au pays comme certains le font d’ailleurs avec fierté.

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