Les graines de maïs, la farine de maïs, le manioc, la farine de manioc, le riz et le haricot sont exonérés des droits de douane, depuis le 15 mai dernier. L’ABUCO dénonce que seuls les importateurs profitent de cette exonération.
« Le consommateur n’a pas encore bénéficié de la détaxation des denrées alimentaires importées », déplore Noël Nkurunziza, président de l’Association Burundaise des Consommateurs (ABUCO), mardi 20 juin. Il indique que ce sont les commerçants qui en profitent : «Les prix des produits alimentaires exonérés sont presque inchangés sur le marché.»
Le président de l’ABUCO souligne, par ailleurs, que seuls les prix des produits locaux ont tendance à la baisse, notamment le haricot et les graines de maïs. Et de faire remarquer que cette chute des prix, due à l’effet récolte, ne va pas durer longtemps. Il exhorte alors le gouvernement à mettre en place une commission de suivi pour évaluation et proposition d’orientations. Si rien n’est fait, prévient-il, les consommateurs risqueront de se retrouver dans la même situation qu’avant la détaxation.
«Pas de profit énorme pour les commerçants», témoigne Gloriose Nahimana, une importatrice de farine de maïs et du riz. Elle indique que le prix de revient d’un sac de 25 kg de farine de maïs importé de l’Uganda s’élève à 47.000 Fbu.
« Pas de suppression, mais une simple réduction »
Mme Nahimana affirme qu’un sac de 25 kg se vend à 50.000 Fbu contre 53.000 avant l’exonération. Pour ce qui est du riz, précise-t-elle, un sac de 25 kg importé de la Tanzanie s’achète à 62.000 Fbu contre 65.000 Fbu avant la détaxation. Elle explique cette légère baisse du prix par une faible réduction de certains droits et taxes douaniers.
Cette dernière soutient, au demeurant, que la mesure de détaxation a perturbé les commerçants : « Avec la détaxation, les commerçants s’attendaient à des importations massives des produits exonérés. Résultat : les importations se sont avérées limitées. » En outre, elle fait savoir que les prix des denrées exonérées ne se réduisent pas à cause des pénuries que connaissent ces pays d’origine.
Nestor Gahungu, un autre importateur de denrées alimentaires, abonde dans le même sens : « Il ne s’agit pas d’une suppression des droits et taxes douaniers, mais d’une simple réduction.» Il vient de passer un mois sans importer le moindre gramme. En cause : la mévente des produits importés. Il reconnaît ne pas avoir modifié ses prix à la faveur de la détaxation. «Certains consommateurs préfèrent la farine locale relativement moins chère », observe-t-il.
Pour des marchandises différentes ayant une même valeur en douane, importées dans la communauté est africaine, les droits de douane restent les mêmes. Les prélèvements forfaitaires (PRF) sont des avances que le commerçant paye et il les récupère à la fin de l’année lors de déclaration des impôts sur bénéfices.
Modification des tarifs douaniers pour 100 tonnes de maïs d’une valeur en douane de 30.960.000 Fbu avant et après la détaxation (en Fbu).