Certains discours tenus par les leaders politiques peuvent embraser la société. Jérôme Niyonzima, journaliste et coordinateur média au Search for common ground, nous éclaire sur la déshumanisation, souvent utilisée en période électorale.
Que peut-on entendre par déshumanisation ?
Par déshumanisation, on entend une communication qui déshonore, qui fait perdre la dignité humaine, le caractère humain à un individu, à un groupe de personnes. Ce langage se caractérise par un vocabulaire qui n’est pas propre à l’humanité. C’est-à-dire que des qualificatifs d’un animal ou d’un objet sont collés à une personne. Parfois, ce sont des mots grossiers. Des vocabulaires codés destinés à déshonorer la personne en question.
Un exemple d’un langage déshumanisant ?
Des gens traités de serpent. C’est traduire la rancune, la haine. Cela signifie qu’une personne va être traitée de la manière dont on traite le serpent. Qu’il n’y a rien de bon en elle. C’est une mauvaise image.
Quand est-ce que ce langage est souvent utilisé?
Cette forme de communication se manifeste essentiellement chez les acteurs politiques. Elle est utilisée entre membres de groupes ou lorsque des intérêts sont en jeu. Ils ont l’impression que se partager ces derniers est impossible. C’est également entre deux catégories de personnes en conflit, notamment les incompréhensions du passé non résolues. Ils pensent que sans ternir l’image des autres, ces derniers risquent de s’emparer de ce dont ils ont besoin.
Quelles en sont conséquences?
Il peut y avoir trois types de conséquences. Primo, c’est la discrimination des gens indexés. Ils perdent tous leurs droits et faveurs auxquels ils peuvent aspirer en tant que citoyens de la nation. Ils sont considérés comme des vauriens.
Secundo, c’est l’élimination physique de certains individus. Si les membres d’un groupe sont considérés comme des animaux, ils perdent automatiquement leur valeur humaine. Et si quelqu’un veut les écraser, il va se justifier par le fait d’avoir tué un serpent.
Tertio, ces gens qui subissent cette discrimination ne se laissent pas faire. Ils cherchent à ce que leur dignité soit reconnue. Des violences de masse s’ensuivent et provoquent la destruction de la société.
Que faut-il faire pour prévenir un tel langage en plein processus électoral ?
Les membres de toutes les catégories sociales doivent s’abstenir de faire aux autres ce qu’ils ne veulent pas subir. Qu’ils comprennent que ces conséquences peuvent se répercuter sur eux et leurs groupes.
Les acteurs politiques doivent être sensibilisés aux inconvénients des discours tenus en public. Ils devraient plutôt présenter des projets de société efficaces pour gagner l’électorat.