Mercredi 11 décembre 2024

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La Délégation de l’Union Européenne au Burundi engagée dans une campagne d’information sur les VBG

06/12/2024 0
La Délégation de l’Union Européenne au Burundi engagée dans une campagne d’information sur les VBG
Ivo Hoefkens, chef de coopération à la délégation de l’Union européenne et Raïssa Nahayo, directrice de WASILI le partenariat sera bénéfique dans cette campagne contre les VBG

Dans le cadre de 16 jours d’activisme contre les VBG, ce 2 décembre 2024, l’Union européenne au Burundi, en partenariat avec le Centre Seruka et l’Association des Femmes Juristes du Burundi (AFJB) et WASILI a lancé une campagne d’information d’envergure contre les violences basées sur le genre (VBG). Une annonce d’envoi d’un million de SMS diffusés via le réseau de télécommunication Lumitel a été faite.

Les cérémonies de lancement de ce partenariat ont commencé par un briefing au siège de la délégation de l’UE par Ivo Hoefkens, chef de coopération et Giulia Trevisson Coppe chargée du programme genre, en présence de de la directrice de WASILI. Ensuite, des visites ont été effectuées au siège du Centre SERUKA et au siège de l’association des femmes juristes du Burundi (AFJB). Et le déplacement s’est fait à bord des Taxis WASILI conduits par des femmes.

Selon Ivo Hoefkens, chef de coopération à la délégation de l’Union européenne, pour l’Union européenne, la question d’égalité des genres est une priorité transversale’’. Il a souligné la nécessité de coopérer avec le secteur privé. « Dans tous nos programmes, il y a cet aspect-là, mais également, on mène des actes spécifiques pour prévenir et éradiquer toute forme de violence ».

Cette campagne d’information sur les VBG financée par l’Union européenne en partenariat avec le secteur privé et la société civile vise à lutter contre les VBG et à inciter les témoins à agir et orienter les victimes aux centres de prises en charge.

La société de télécommunication Lumitel, qui est la plus importante du pays, va relayer un million de SMS pour informer les populations des provinces burundaises sur les structures gratuites et confidentielles d’accompagnement des victimes. Ce message montre l’orientation du destinataire au cas où il est témoin ou victime d’une violence. Le message contient également les numéros verts à contacter d’urgence : 79 7755 55 pour le centre Seruka, et 79 90 37 99 pour l’association des femmes juristes du Burundi.

Du côté de la société civile, le Centre Seruka et l’Association des femmes juristes du Burundi (AFJB) collaborent étroitement dans la prise en charge holistique des victimes, comprenant l’assistance médicale, psychosociale, juridique et judiciaire. « Les témoins ou victimes de violences, hommes ou femmes, pourront se rapprocher du Centre Seruka ou l’Association des femmes juristes AFJB. L’accompagnement est gratuit et confidentiel », insiste Ivo Hoefkens.

La société de transport utilisant des technologies numériques, WASILI, compte 200 taxis desservant la ville économique de Bujumbura.

Dans le cadre du partenariat avec l’UE, les taxis déploieront progressivement des messages essentiels à l’intérieur des véhicules, incluant les contacts du Centre Seruka et de l’AFJB pour une prise en charge gratuite et confidentielle.

Selon Raïssa Nahayo, directrice de WASILI, la société est déjà engagée et milite pour éradiquer les violences basées sur le genre.

Pour elle, cette société de transport numérique a brisé le tabou en engageant une cinquantaine des femmes conductrices qui s’en sortent bien. « Avec une expérience de 5 ans dans le transport civil, nous sommes déjà militantes contre les VBG d’autant plus que nous recevons beaucoup d’appels téléphoniques des personnes qui désirent se déplacer vers des centres hospitaliers afin d’échapper aux VBG dans leurs ménages ; et ce, dans la confidentialité », a indiqué Raïssa Nahayo, directrice de cette société.

Une conductrice de taxi Wasili, se dit fière de faire ce métier qui était exclusivement dédié aux hommes. Elle utilise sa propre voiture et explique que pour être client de cette société, on est d’abord enregistré dans une application qui permet de localiser la voiture et ceux qu’elle transporte. « Nous en sortons très bien. Nous sommes capables. Pour moi, c’est un travail digne. C’est un métier comme les autres qui nous permet de gagner la vie et subvenir aux besoins de nos familles. C’est bon pour la femme de conduire. Cela permet un épanouissement et avoir de l’argent ».

Des défis ne manquent pas et ces femmes sont résilientes. Elle parle de quelques défis notamment des comportements déplacés de certains passagers. Elle dit néanmoins qu’elles s’en sortent bien grâce aux formations qu’ils ont bénéficié et la collaboration dans leur métier. « Nous nous focalisons sur notre travail. Si quelqu’un veut profiter de nous, nous le recadrons avec douceur et chaque fois ils nous comprennent »
Cette conductrice appelle à d’autres femmes à ne pas avoir peur de se lancer dans un métier de leur choix. « Avec la volonté, tout est possible » ajoute conductrice.

Prise en charges des victimes

Selon les chiffres fournis par Odette Nijimbere, coordinatrice, et représentante provisoire du centre Seruka, plus de 1100 victimes sont chaque année accueillies au sein du centre Seruka.
Pour elle, les VBGs sont loin de prendre fin et cela exige des efforts supplémentaires.

Odette Nijimbere, coordinatrice et représentante provisoire du centre Seruka appelle à briser le tabou sur les violences basées sur le genre

Elle a salué ce partenariat avec l’Union européenne et les acteurs de la société civile dans cette campagne contre les VBG. « L’Union européenne est une institution internationale qui a une très grande voix dans le monde. Lumitel est une compagnie de télécommunications qui a beaucoup d’abonnés et Wasili est une entreprise de transport reconnue en mairie de Bujumbura. Donc ce partenariat permettra au centre Seruka de porter loin son message et faire la visibilité du numéro vert pour contribuer à la lutte contre les VBG en faveur de la communauté ».

Par rapport au VBG, le centre Seruka offre des services de prise en charge intégré et globale. Il y a la prise en charge médicale qui comprend la prévention contre le VIH SIDA, le tétanos et les grossesses non désirées.

Il y a également des hospitalisations pour des cas compliqués et des consultations externes. Une prise en charge psychosociale, juridique et judiciaire est accordée avec des avocats pour les victimes qui en ont besoin.

Le centre dispose d’un hébergement temporaire pour les cas nécessiteux pour un suivi médical et une protection. « Nous avons également un numéro vert 79 777 575 qui est gratuit pour les abonnés d’Econet-Léo. Ce numéro nous sert de pont entre le centre Seruka et la communauté nationale entière. Nous lançons un appel aux victimes pour qu’elles brisent le silence. Rester dans le silence c’est offrir une autre opportunité aux auteurs de commettre d’autres violences », indique Odette Nijimbere.

Durant cette campagne de 16 jours d’activisme contre les VBG, Odette Nijimbere, a un message à donner. « Nous lançons un appel à toute la communauté pour que personne ne soit laissé de côté. Tout un chacun doit faire le combat de la lutte contre les VBG son propre combat. Si tout le monde s’implique dans la compréhension, dans la lutte de la banalisation, les choses changeront. Nous pouvons espérer que la victime soit réintégrée socialement et retrouver sa dignité ».

De son côté, l’Association des femmes juristes du Burundi (AFJB) offre une prise en charge juridique et judiciaire aux victimes.

D’après Diane Kanyange, représentante légale de cette association, une clinique juridique a été mise en place.

Elle consiste à donner des conseils et des orientations aux victimes. « Et si la victime veut engager des procès dans des cours et tribunaux, nous offrons des avocats. Pour d’autres prises en charge, nous la referons dans des centres avec lesquels nous collaborons comme Seruka ».

Diane Kanyange appelle à chaque individu à aider les victimes afin qu’elles bénéficient d’une prise en charge conformément à la loi 2016 contre les VBG ». « Les victimes doivent briser le silence pour qu’elles soient prise en charge d’une façon adéquate. Nous appelons également l’administration à soutenir les victimes et à les protéger ».

Selon Giulia Trevisson Coppe, chargée de Programme genre à la délégation de l’Union européenne, les VBG, qu’elles soient psychologiques, économiques ou physiques, nécessitent une réponse immédiate et adaptée. Elle indique que le partenariat avec le secteur privé dans cette campagne constitue une innovation et revêt une importance capitale: « La grande innovation consiste en l’implication du secteur privé pour amplifier la portée de notre message ».

Des programmes financés par l’Union européenne au Burundi

L’Union européenne est aux côtés du gouvernement burundais. Elle s’engage fermement à promouvoir les droits des femmes, intégrant cet objectif dans son troisième Plan d’Action Genre, pour la période 2021-2025.

Elle vise à ce qu’au moins 85% des actions qu’elle finance soient sensibles au genre, dans tous les domaines, renforçant ainsi le dialogue politique et la participation de la société civile.

L’Union européenne en collaboration avec ses partenaires locaux et internationaux, a multiplié les initiatives pour soutenir les survivantes et prévenir les VBG :
Il s’agit notamment d’un Cadre juridique protecteur : « L’UE soutient les initiatives de réformes du cadre légal, afin de supprimer les dispositions discriminatoires, conformant ainsi les lois nationales aux normes internationales. Une synergie des médias a été organisée le 27 novembre pour sensibiliser le grand public », a précisé Giulia Trevisson Coppe chargée du programme genre.

Ensuite, c’est la Réinsertion socio-économique. En collaboration avec l’ONG AVSI, des formations professionnelles aidant les survivantes à reconstruire leur vie ont été octroyées.
Pour les entrepreneures, le projet ENTREF a soutenu 1
347 femmes productrices et 262 micro-entreprises dans l’agrobusiness et l’artisanat.
Dans le cadre de la Prévention communautaire, des structures sont mises en place par le projet KAZE TWIYUNGE. Elles soutiennent les femmes rapatriées et des communautés hôtes, à travers les comités de veille dans la prévention des violences avec une approche centrée sur la résilience et la communauté.

Des résultats concrets et mesurables

Grâce à son engagement, l’Union européenne a formé plus de 600 prestataires de soins pour améliorer la prise en charge des victimes de VBG. Elle a soutenu 2 700 survivantes dans leur réinsertion socio-économique via des formations professionnelles.

Elle a sensibilisé 150 membres des forces de l’ordre et du système judiciaire pour prévenir et gérer les violences. 250 femmes vulnérables ont été soutenues pour accéder au capital et à la formation à l’épargne et appuyé 1 200 femmes membres de coopératives dans des activités artisanales et agricoles. « En soutenant des actions concrètes et en promouvant l’égalité des sexes, l’Union européenne réaffirme son rôle de partenaire clé dans la construction d’une société plus équitable, où les femmes et les filles peuvent vivre à l’abri de la violence », insiste Ivo Hoefkens, chef de coopération à la délégation de l’Union européenne.

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