Lundi 23 décembre 2024

Editorial

La date indélébile

20/03/2017 9
Léandre Sikuyavuga
Léandre Sikuyavuga

Le 9 mars 2017, restera gravé dans l’histoire du Burundi. Une date d’espoir pour les uns, une date fatidique pour les autres.

A New York se tenait une importante réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation au Burundi. La rencontre a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Une véritable « guerre diplomatique », avec des offensives et des contre-offensives pour influencer la décision de l’ important organe onusien. Des rapports alarmants ont été transmis au Conseil de sécurité, des ONG internationales et locales ont demandé des sanctions ciblées contre certaines personnalités…

Bujumbura de son côté, par des déclarations et des interventions des émissaires interposés, a défendu la position gouvernementale. A l’issue de la rencontre, Bujumbura peut applaudir : aucune résolution n’est prise.

Il y aura une déclaration sur la situation sécuritaire au Burundi qui « est restée globalement calme ». Mais toutefois, le Conseil s’est dit alarmé par le nombre croissant de réfugiés quittant le pays et troublé par des rapports de torture, de disparitions forcées et de tueries. Il a aussi appuyé la proposition du médiateur Benjamin Mkapa de tenir un sommet régional afin d’inciter le gouvernement et l’opposition du Burundi à ouvrir des négociations.

Au même moment, le ministre burundais des Affaires étrangères, rencontrait son homologue belge, Didier Reynders. Dans un tweet, ce dernier a précisé que les deux personnalités ont discuté des relations bilatérales, du dialogue avec l’opposition, des droits de l’Homme. Et Bujumbura parlera de rencontre très productive.

A Bujumbura, les deux chambres du Parlement se réunissaient à la même date pour clore les débats sur le dialogue interne. Le président de l’Assemblée nationale a défendu bec et ongles l’illimitation des mandats « pour donner la chance à ceux qui sont choisis et aimés par le peuple de rester au pouvoir. » Tandis que celui du Sénat a prôné la révision de la Constitution « pour que les dirigeants choisis par le peuple gouvernent aussi longtemps que le peuple le veut.»

Le timing de tous ces événements importants n’est pas un hasard. C’est une préparation mûrie et bien réfléchie.

Le gouvernement veut ouvrir une nouvelle page pour l’avenir du pays, avec notamment cet « amendement de la Constitution souhaité par le peuple souverain », comme on l’a entendu au Parlement.

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. Oscar Ninteretse

    Il y a des moments où je me sens confus et d’autres moments où j’ai un peu d’espoir.
    Sans être exhaustif, cette confusion dont je parle peut s’illustrer par quelques faits:
    1. Il y eut un temps où Bagaza disait que « le peuple burundais n’acceptera jamais d’être gouverné par un hutu ». Est-ce que par contraste la notion de « peuple burundais » signifie alors « tutsi ». J’ose espérer que NON, puisque le gouvernement actuellement contesté par certains compte en sien des hutu et des tutsi.
    2. Dans le tumulte actuel, cette conception perfide de s’approprier l’identité du « peuple burundais » par un groupe d’extrémiste jusqu’auboutiste semble persister. La question que je me pose est savoir si la fameuse notion d' »unité nationale » n’a été relégué qu’à la construction d’un monument.
    3. Pourquoi recourir toujours au coup d’états, pourtant prohibés et par l’Accord d’Arusha que certains prétent défendre et par la Constitution? Si les burundais n’acceptent pas d’instaurer un sytème politique qui répond aux aspirations de la majorité, par voie d’élections démocratiques, nous ne sommes pas encore au bout du tunnel.

    Mon espoir se base seulement sur la capacité de nous entendre et vivre consensuellement dans la paix avec nous-mêmes et avec notre voisin immédiat. Malheureusement, en dépit des influences étrangères néfastes, qui prêchent le contraire de ce qu’ils implementent, nous avons des citoyens de basse moralité qui s’apprêtent à ce jeu perfide pour scier la branche sur laquelle ils sont assis. Un éducation civique est d’ores et déjà plus que nécessaire.

  2. roger crettol

    D’un côté, on veut supprimer toute limitation des mandats, et laisser « le peuple » plébisciter ses dirigeants « bien-aimés », sous le regard bienveillant des Imbonerakure – symboles du verrouillage de la politique au Burundi ;

    et d’un autre côté, on veut que les exilés volontaires retrouvent leur place dans le pays – mais quelle place veut-on vraiment leur faire ?

    Ce régime n’a rien fait pour mériter la confiance des Burundaises et Burundais qui ont dû se mettre en sécurité à l’extérieur des frontières. Ce n’est pas la « pacification » violente qui a été menée depuis le début de la crise qui pourrait y changer quoi que ce soit. Ni l’attitude fermée adoptée face à toutes les tentatives de médiation entreprises par l’extérieur.

    On voudrait pouvoir dire « peut faire mieux »; on doit se résoudre à dire « n’a fait absolument aucun effort ».

    On peut laisser des militaires diriger un pays – mais on ne doit pas alors s’étonner de la tournure que prend la « gestion » du pays. Bien désolé pour vous, Burundaises et Burundais.

    • Meurlsaut

      Le peuple est en train de mourir de faim au Burundi! D’autres croupissent au lit à cause de l’épidémie de malaria, des milliers d’autres encore errent dans les camps de refugiés de fortune et l’on nous dit que le souci premier de ce peuple c’est l’amendement de la constitution pour que le  »prince celeste » (et  »aimé » du peuple dans la misère) obtienne une illimitation de mandats.Ça se veut drôle mais c’est triste à pleurer! Offrir une illimitation de mandats au gang à Nkurunziza pourquoi? Pour qu’il continue la désintégration du pays? Un peu de jugeote chers iDDolâtres… La course aux privilèges sans aucune pensée au peuple dans la souffrance risque de creuser votre propre tombe!

      • ls

        Laissez-nous nous à notre faim et gardez votre argent et votre laisse !

        • Yves

          @Is : vous en avez du culot pour parler au nom des affamés. Groupe dont vous ne faites pas partie puisque vous vous connectez régulièrement (qui choisirait d’avoir une connection internet prioritairement à de la nourriture ?). Un minimum de décence svp.

  3. Jambo

    L’ idée en soi n’ est pas une mauvaise chose pour autant qu’il y ait bonne gouvernance.
    Au Burundi, la démocratie n’ est pas encore suffisamment consolidée pour prétendre à une pareille modification actuellement. La précipitation est mauvaise conseillère. L’histoire nous démontre que les mauvaises décisions se retournent toujours contre leurs concepteurs.
    Rappelez vous le fameux article de la constitution sur les mandats présidentiels qui n’ a jamais profité aux partis Uprona et Frodebu pourtant rédacteurs de ladite loi.
    On croit conduire le destin mais c’ est toujours lui qui nous mène.

  4. kabingo dora

    Les dirigeants sont leur peuple , ils ont la mémoire courte . Il existe une loi de la nature selon laquelle les mêmes causes produisent les mêmes effets .Que le chef soit noir ou blanc , qu’il soit grand ou petit , une mauvaise gouvernance reste ce qu’elle est . Vouloir reste au pouvoir de manière indéterminée relève d’une mauvaise gouvernance et ne peut donner lieu qu’à un monstre et les monstres sont dangereux

  5. MANA

    « Le gouvernement veut ouvrir une nouvelle page pour l’avenir du pays, avec notamment cet « amendement de la Constitution souhaité par le peuple souverain », comme on l’a entendu au Parlement. »
    Certes, les évolutions sont nécessaires…à condition que les intéressés soient d’accord. Que le pouvoir accepte de s’asseoir avec tous les partis en y intégrant tous ceux qui ne lui sont pas ses affiliés. S’ils sont d’accord en en reparle plus.
    On veut nous faire voter par référendum ! Mais s’ils ne se sont pas entendu entre eux nous reviendrons à la case départ…comme toujours !

  6. Karabadogomba

    Rien n’est fait par hasard dans le système DD. La commission pour amender la constitution, c’est bientôt. Les deux présidents du parlement ont déjà préparé le terrain. Le référendum viendra encenser cette volonté de l’illimitation des mandats.

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