Etablissement de la vérité, de la réconciliation nationale, rétablissement de la dignité des victimes… Les attentes des Burundais envers la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) sont énormes. L’accomplissement de ces tâches exige beaucoup de moyens, de ressources humaines, de compétence, de temps.
Les représentants du peuple ont estimé que le rapport analysé ce mercredi 10 octobre sur les activités de la CVR est encore à la phase préparatoire. «Visiblement, les activités proprement dites n’ont pas encore débuté, la CVR est à sa phase préparatoire», a annoncé le président de la commission permanente chargée des affaires politiques à l’Assemblée nationale. Ce qui signifie que, s’il faut considérer le chronogramme des activités, il lui reste quatre phases : dépositions, enquêtes et investigations, audiences, réparations et réconciliation. Cependant, la CVR avait annoncé le 4 octobre dans un point de presse, qu’elle procéderait à un enterrement digne pour les ossements récemment découverts. Ce qui a soulevé un tollé dans l’opinion. Beaucoup de commentaires, notamment : « C’est mettre la charrue devant les bœufs, c’est une fuite en avant, il n’y a pas de logique. » Les parlementaires feront le même constat. « On ne peut pas parler d’enterrement des restes avec dignité alors que les présumés auteurs des actes macabres ne sont encore ni identifiés, ni auditionnés.»
Dans un pays déchiré par des guerres civiles, des violations graves en matière des droits de l’homme, des conflits armés, des exclusions, le rôle de la CVR est primordial. En effet, elle sert de pont ou de transition entre un « passé conflictuel » et un « avenir consensuel ».
Certes, les défis qu’elle a présentés dont le manque de moyens financiers et de ressources humaines, sont compréhensibles. Toutefois, elle aurait dû faire des propositions concrètes, dans leurs moindres détails, pour une meilleure réalisation de sa mission. Les parlementaires ont émis des recommandations de proroger le mandat et de majorer le budget alloué à la CVR. Pour eux, ce qui compte n’est pas la clôture des activités mais plutôt la réussite. Réparer les torts pour prévenir surtout de nouveaux conflits et de nouvelles violations. « Rien ne sert de courir il faut partir à point », dit-on.