Jeudi 21 novembre 2024

Politique

La CVR face à un nouveau défi

La CVR face à un nouveau défi
Pierre-Claver Ndayicariye : « Ceux qui occupent des biens meubles et immeubles des victimes ou de l’Etat seront refoulés et obligés de les restituer »

La Commission Vérité et Réconciliation (CVR) du Burundi est une fois de plus sous les feux de la rampe. Appelé aujourd’hui à gérer les conflits fonciers et d’autres biens spoliés, une mission initialement dévolue à la Commission Nationale Terres et autres Biens (CNTB), cet organe par la voix de son président se dit confiant face à cette tâche particulièrement complexe, en plus de son cahier des charges initial.

Mise en place par la loi N0 1/11 du 28 mars 2024, la nouvelle mission que la CVR a héritée, était auparavant assignée à la CNTB, la Commission Nationale Terres et autres Biens.

Aujourd’hui, elle a pour tâche de connaître des litiges relatifs aux terres et autres biens opposants les sinistrés entre eux, les sinistrés à des tiers ou des sinistrés aux services publiques ou privés.

D’après cette loi, la CVR a également pour objet le traitement du passé lié aux violation des droits de l’homme et de la réhabilitation des victimes au sens de la justice transitionnelle.

Pour le président de la CVR, ce travail va se concentrer sur la période de 1885 à 2008 pour éviter que certains ne se focalisent pas seulement sur les périodes récentes douloureuses comme 1972.

Il fait savoir que même si la CVR vient d’hériter des anciennes attributions de l’ancienne commission, elle n’est pas un mécanisme judiciaire, elle va évoluer dans le sillage de la justice transitionnelle, c’est-à-dire un mécanisme qui va travailler à réparer ce qui n’a pas été fait lors de la commission des crimes des années 1960, 1970, 1990 et même avant.
« La violation massive des droits de l’Homme ne peut pas être analysé seulement en isolant les morts ou les victimes. La commission vient connecter les morts ou les victimes à leurs biens spoliés », a déclaré l’ambassadeur Pierre-Claver Ndayicariye.

Répondant aux questions des journalistes ce jeudi 26 septembre à Gitega, il a indiqué que la confiance est de mise concernant le traitement des dossiers laissés pendants devant l’ancienne Commission Nationale Terres et Autres Biens.
Il fait savoir que même des dossiers nouveaux seront traités pourvu que les victimes le désirent et s’adressent à la commission. Avec l’appui du gouvernement et des bailleurs, fait-il savoir, nous les rencontrons chez eux, pas nécessaire alors de descendre à Bujumbura, c’est la CVR qui viendra jusqu’à eux.

« Ce que nous demandons à la population de contribuer positivement pour que cette vérité vienne réhabiliter les victimes sans oublier l’impératif de paix, de sécurité et de cohésion sociale », a-t-il souligné tout en expliquant que la nouvelle loi de la CVR vient régler des contentieux que la justice classique n’a pas été à mesure de résoudre.

Pour lui, il ne suffit pas d’habiter une maison ou occuper une propriété foncière durant des années et se targuer d’être propriétaire, la nouvelle loi, la prescription acquisitive ne joue pas car cela est du domaine de la justice transitionnelle.

« Soyons positifs, décourageons des faux témoignages pour rétablir les victimes dans leurs droits. Ceux qui occupent des biens meubles et immeubles des victimes ou de l’Etat seront refoulés et obligés de les restituer », a-t-il averti.

Un héritage controversé

D’après certaines autorités provinciales, la CNTB a été au centre de nombreuses polémiques. Chargée de résoudre les différends fonciers et d’autres biens mal acquis, cette institution était accusée par plusieurs groupes d’être partiale et de favoriser les uns au détriment des autres.

Ils reconnaissent que le Burundi, marqué par des décennies de conflits ethniques, a vu les terres et les biens devenir une source de tensions récurrentes.

Pas mal de Burundais ont rejeté les décisions de l’ancienne Commission nationale Terres et autres Biens, arguant qu’elle contribuait à creuser davantage les divisions sociales et ethniques.

C’est dans ce climat de méfiance et d’amertume que la CVR hérite aujourd’hui de cette responsabilité. Selon le gouverneur de la province de Kayanza, l’ancienne commission a laissé des traces douloureuses car les terres, au Burundi, représentent bien plus qu’un simple bien matériel. Elles sont au cœur des identités familiales, communautaires et ethniques.

Pour réussir là où la CNTB a échoué, la CVR devra traiter les affaires en toute impartialité, et ce, sans être influencée par les pressions ethniques ou politiques.

Même son de cloche chez le gouverneur de Cankuzo, il souligne que la population attend que la CVR prenne en compte les voix de toutes les communautés. Pour ces autorités, la question demeure : « La CVR parviendra-t-elle à réussir là où la CNTB a échoué ? Si elle parvient à faire preuve d’impartialité, de transparence et d’inclusivité, elle pourrait non seulement résoudre les conflits fonciers, mais aussi contribuer à une réconciliation durable ! »

Ces autorités proposent que la CVR ne soit pas perçue comme un instrument politique, mais comme un organe indépendant au service de la réconciliation nationale. « Elle devra éviter de tomber dans le piège qu’a connu l’ancienne commission dans sa prise des décisions ».

Pour le gouverneur de la province de Ruyigi, Emmerencienne Tabu, la CVR devra adopter plusieurs mesures pour s’assurer du soutien et de la confiance de la population burundaise.

Elle s’interroge sur la question de savoir si la nouvelle loi de la CVR ne va pas créer des nouveaux mécontents arguant que les occupants actuels ne sont pas des véritables propriétaires alors qu’ils ont peut-être acheté ou qu’il s’agit d’un héritage laissé par leurs parents.

CVR

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. Kibinakanwa

    Héritage!!! Quelle héritage? Quand tu donne un héritage de ce que tu as volé ou sporié, ce n’est un héritage monsieur le journaliste. ba sokuru barayamaze ngo: So akwanka ukuraga ivyo yivye. Ntakundi nibasubize ivyabandi kandi basubire batange ni mpozamarira yiyo mwaka yose bari muvy’abarundi. Kandi beshi babirimwo si abarundi, ufatiye nko muri quartir ya Ngagara. usanga beshi bari impunzi z’abanyarwanda. N’uko baronse ubwo bwene gihugu bw’uburundi bategerezwa kubihanigwa, kandi bagasubira bakabwakwa.

  2. jereve

    Face à un nouveau défi? Il faut d’abord qu’ils nous disent qu’ils ont relevé le premier. Et pour nous le dire, il doit y avoir un rapport officiel écrit, accessible au public. Pas sous forme de bulletins qu’on peut consulter en désordre sur le site, ou sous forme de témoignages recueillis ici et là sur le même site. Il faut un rapport en Kirundi d’abord car il s’agit bien de l’histoire des burundais; traduction aussi dans d’autres langues, si possible, car le monde doit savoir. Est-ce que ce gros volume existe? Dites-nous où s’en procurer.
    Ensuite il faut conclure, et c’est le plus difficile: si la conclusion conduit au crime de génocide, les instances habilitées pour le reconnaître doivent être saisis. Il faut trancher et sortir du flou.
    Ensuite, on pourra s’attaquer aux étapes suivantes.

  3. saleh

    « 1. Vérité : la CVR veut dire vérité d’abord . Le président de la CVR n’a rien sur la vérité car il a pris fait et cause du parti au pouvoir »

    Ceci est une affirmation gratuite! Et ce genre d’affirmation ont toujours détruit le pays.

    Tiens, je me rappelle justement de certains qui ont tout fait pour que cette commission ne voit jamais le jour. Une fois que celle-ci a été crée, ces mêmes personnes ont fait tout pour la décrédibiliser, torpiller ses actions et surtout décrédibiliser son travail.

    Ubwo wewe nturi muri bo?

    • Kabingo dora

      @ saleh
      Wewe wegamiye hehe ? Kubabusambuye muri ino myaka ? Aho rero uza imbere y’abandi?
      Je souhaite me tromper mais je souhaiterais voir où se trouvera le burundi dans 20 ans .

      • saleh

        L’ihstoire est plus complexe que cela : la situation dans 20 ans sera la résultante de ce qui se fait aujourd’hui, ce qui se fait aujourd’hui est lui-mêmerésultante aussi de ce qui se faisait hier.

        Il est difficile voire impossible d’avoir une meilleure situation dans 20 ans lorsqu’on continue de vivre le présent avec la mentalité d’hier. On devrait pouvoir arriver à se définir comme Burundais, critiquer le passer, en tirer des léçons et énoncer de nouveaux principes pour construire un avenir différents (sans chicaneries ethniques par exemple).

        Autrement, nier continuellement le passé, se voir toujours comme une caste à part, espérer(voire œuvrer à ce ) que son compatriote échoue pour pouvoir prendre sa place et venir perpétrer ce qui a été fait par le passé avec les résultats que l’on sait ne permettra pas d’avoir un avenir meilleur

  4. Kabingo dora

    Sieur Ndayicariye a échoué sur plusieurs plans et les plus importants :
    1. Vérité : la CVR veut dire vérité d’abord . Le président de la CVR n’a rien sur la vérité car il a pris fait et cause du parti au pouvoir
    2. Réconciliation: ne parlons même pas de réconciliation lorsqu’on ne sait pas dire la vérité.
    Un exemple: Mr Ndayicariye a osé déclarer les ossements trouvés ici et là étaient des ossements Hutu ou Tutsi et ceci sur base de simple témoignage d’individus . Nous savons aujourd’hui qu’on ne peut avoir de témoignages monocordes lorsqu’on se rend dans des provinces comme Karuzi! Alors de grâce privez nous de ce genre de personnages si nous souhaitons que le Burundi s’en sorte . Je dis mince alors !

    • K

      On dirait que c’est toi même le modérateur de ce site, car il n’y a que tes propos incendiaires qui sont publiés.

    • Collectif des Survivants et Victimes du Genocide Hutu de 1972 au Burundi,

      Sieur Ndayicariye a échoué sur plusieurs plans; je vous l’accorde. Mais il a brillamment réussi avec le dernier point au sujet de :
      « La violation massive des droits de l’Homme ne peut pas être analysé seulement en isolant les morts ou les victimes. La commission vient connecter les morts ou les victimes à leurs biens spoliés », a déclaré l’ambassadeur Pierre-Claver Ndayicariye.
      Nous soussignes, survivants et victimes du génocide commis contre les Hutus en 1972- 1973, avons de plus de Pierre Claver Ndayicariye. Et moins d’individus comme vous.

      Alors de grâce privez nous de ce genre de personnages si nous souhaitons que le Burundi s’en sorte .
      Comment le Burundi pourrait-il s’en sortir avec des gens comme vous? Génocide il a eu lieu. En 1972. Avant et après. Commis par le gouvernement du Burundi. De la dynastie des Bahima. Sur inspiration et conspiration des refugies rwandais bahima de 1959. Les Nyaruhirira. Les François Rukeba. Les Gonsalves Ruyenzi. Aux cotes des Bahima du Burundi tels que Jean Ntiruhwama (umusambo) . Et Prime Niyongabo.
      Le plan de génocide avait été conçu en sorte que des Tutsis non Bahima soient tues au Sud du pays par des Mai-Mai Mulele . Recrutés et sponsorisés par le gouvernement de la Dynastie des bahima de Michel Micombero. 5000 fosses communes et bien plus. Soit 1 fosse commune par 5 km carrés.
      « La violation massive des droits de l’Homme ne peut pas être analysé seulement en isolant les morts ou les victimes. La commission vient connecter les morts ou les victimes à leurs biens spoliés », a déclaré l’ambassadeur Pierre-Claver Ndayicariye.

      • Theo Musabanzira

        @ Collectif des Survivants et Victimes du Genocide Hutu de 1972 au Burundi,
        Avant de dire quoi que ce soit , il faudrait d’abord préciser quand on peut dire « génocide » ou pas . Ce n’appartient pas à un groupe de gens , voire un pays de le proclamer , c’est le role des instances internationales comme l’Onu. Ca peut vous déplaire certainement mais je n’y peux rien. Je ne nie pas qu’il y ait eu des crimes contre l’humanité contre les Hutu comme contre les tutsi mais aucun génocide n’a été proclamé .
        La seconde chose : tous ceux qui manquent d’argument parlent de dynastie hima , ceci prouve au moins que vous ne savez rien de l’histoire des « imiryango  » au Burundi ou au Rwanda . Pourquoi considérez vous que les tutsi sont des Hima , il y a énormément de clans au Burundi , comme au Rwanda .
        Enfin une chose que vous voulez faire oublier . Les massacres au Burundi et en particulier en 1972 ne peuvent être compris si vous isolez les évènements. Tout prend racine dans l’évolution du Rwanda lorsque la colonisation a ameuté les hutus en les soulevant contre les tutsi qu’elle avait encouragé par ailleurs entre 1921 et 1945. Lorsque la colonisation a constaté le forfait elle a complétement changé sa politique à 180 degrés en disant  » oh finalement nous nous sommes trompés, nous allons corriger  » . C’est là que les problèmes sont nés , pas avant . Tout cela a culminé au Rwanda avec la naissance du Parmehutu créé par Kayibanda et encouragé par ses pourfendeurs comme Mgr Perraudin . En 1961 la royauté fut abolie sans que la Belgique bouge , ce qui est pour le moins étonnant . Mais entre temps en 1959 avait commencé le génocide contre les tutsi au Rwanda , c’est que les hutu rwandais ont appelé  » La Révolution sociale » .
        Depuis 1959 , les hutus burundais ont toujours pensé et souhaité faire la même chose qu’au Rwanda . De 1962 à 1966 , date de l’avenement de la République , plusieurs attaques hutu ont eu lieu au Burundi, toutes visant l’extermination des tutsi . La crise de 1972 au Burundi s’inscrit dans ce cadre : se prémunir du syndrome rwandais. Ici je ne justifie en rien ce qui s’est passé , je constate les faits , ils sont têtus , je n’y change rien du tout. Aujourd’hui nous constatons dans quel sens le régime hutu burundais se dirige . Mais il y a une légère nuance , il tue beaucoup plus de hutus que de tutsi depuis 2017. Vous savez l’instinct de survie chez les êtres vivants est terrible : il y a aujourd’hui beaucoup de tutsi qui participent au pouvoir sans que personne ne les soupçonne d’être des hutus . C’était la même chose avant 1993 , beaucoup de hutus se sont fait passé pour des tutsi . La plupart du temps on ne les découvre qu’une fois en dehors des frontières nationales du Burundi .

      • Mugabo

        Muntu w’Imana, ndumva ko ufise ibikomere vyinshi kandi birumvikana ariko ndagusabe uzokore icigwa ku bahima n’abanyaruguru kugira utahure neza. Umuntu ntiyitwa umuhima kubera ivyo yakoze igihe kanaka ariko yitwa umuhima kubera umuryango arimwo. Imiryango y’abahima irazwi neza kandi irafise amazina (abashingo, abayanzi, abazigaba, etc.). imiryango y’abanyaruguru na yo nyene irazwi. Ni yo watahura ivyo, uzomenya neza ko uburundi butigeze butwarwa n’abahima gusa na rimwe kuva bubaho. Na Leta yatwara muri 1972 ntiyari igizwe n’abahima gusa nkuko uvyibaza.

        • Theo Musabanzira

          @Mugabo
          Nta murundi adafise ibikomere . Ariko ntibingana vyose . Nimba wewe atavyo ufise , bose ntibaronse ayo mahirwe . Nico gituma twese twari dukwiye gutahura uwabuze uwiwe , tukareka guharira kuwababaye gusumba uwundi . Umunsi twamenye yuko twese twababaye hanyuma tugakorera hamwe mu kwibaka abacu , aho tuzoba turiko turakira. Uko ndabibona ubu nuko urugendo rukiri rurerure.
          Nayo ivyo vy’abahima ba urabireka ntaco bitwunngura

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