Réunies ce mardi 25 février, les associations des victimes des crises cycliques au Burundi ont été appelées par la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) à contribuer dans la recherche des biens spoliés en 1972. L’initiative a suscité des attentes, mais a également ravivé des frustrations.
Les critiques sont venues notamment des associations d’autres victimes, elles parlent de ’’traitement inégal réservé aux autres événements sanglants avec une absence de leur reconnaissance officielle comme s’ils n’ont jamais eu lieu’’.
Lors de cette rencontre, le président de la CVR, l’Ambassadeur Pierre-Claver Ndayicariye, a insisté sur la nécessité d’examiner les spoliations de biens durant la crise de 1972. « Nous devons faire des recherches sur les biens spoliés durant la crise de 1972 », a-t-il encouragé.
Il a reconnu la complexité du travail à venir, expliquant que « des enfants ont grandi à Ngagara, Gitega, Nyakabiga tout en pensant que c’est chez eux ».
Léa-Pascasie Nzigamasabo, secrétaire à la CVR, a tenu à apaiser les craintes d’un focus exclusif sur 1972. « La CVR va travailler sur toutes les crises qui ont endeuillé les Burundais. Nous avons commencé à enquêter sur les événements de 1988 de Ntega et Marangara », a-t-elle affirmé. Elle a également insisté sur le fait que ce travail ne concernait pas seulement la CVR, mais tous les Burundais.
Si l’initiative de la CVR a été accueillie avec intérêt, elle a aussi été l’occasion pour certains participants de réitérer des revendications plus larges.
Un appel à la reconnaissance du ’’génocide’’ de 1972-1973
Gabriel Hakizimana, membre du collectif des survivants de 1972, a ainsi exhorté le gouvernement burundais à reconnaître publiquement ce qu’il qualifie de « génocide » contre les Hutus en 1972. « L’État doit accuser publiquement les coupables du ’’génocide de 1972’’ et les punir », a-t-il martelé.
Le débat sur la mémoire des différentes crises a également été abordé. Florence Rutamucero, membre de l’Association pour la Réconciliation et la Gestion des Mémoires Blessées (ARG), qui regroupe notamment des rescapés du massacre des étudiants de Kibimba en 1993, après l’assassinat du Melchior Ndadaye, a dénoncé une inégalité dans les commémorations. « Toutes les victimes ne sont pas prises sur un même pied d’égalité ; certains ont le droit de commémorer les leurs et d’autres non », a-t-elle déploré.
Elle a insisté pour que « la date du 21 octobre reste la même » et a recommandé que la CVR mette en place un « accompagnement psychosocial » avant de lancer ses nouvelles enquêtes.
Le président de la CVR a, quant à lui, précisé un tournant majeur dans la mission de la commission. « Nous quittons désormais le terrain de la justice classique pour entrer dans celui de la justice transitionnelle », a-t-il annoncé. Il a ajouté que désormais le rôle de la CVR était de « tenter de réparer les échecs commis par les cours et tribunaux ».
L’ambassadeur Pierre-Claver Ndayicariye a conclu en insistant sur l’importance de la mémoire pour comprendre l’histoire du Burundi : « Qui comprendra 1972, comprendra la suite ».
Soulignons lors de cette rencontre organisée par la CVR, la présence de plusieurs associations des victimes, notamment l’association Lumière du Monde (ALM) regroupant les rescapés des massacres de Buta en 1997, ainsi que d’autres associations.
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