L’Assemblée nationale veut que le gouvernement applique déjà les recommandations de la CNDI alors qu’elle n’a pas terminé ses consultations. Une précipitation qui cacherait d’autres visées.
« Le président de la République devrait pouvoir exercer plus de deux mandats ! » C’est une des recommandations que l’on peut lire dans le rapport semestriel de la Commission Nationale du Dialogue Inter-Burundais, CNDI, présenté par son président le 24 août 2016.
Moins d’un mois plus tard, le 21 septembre 2016, l’Assemblée Nationale, via son porte-parole, a sorti un communiqué dans lequel elle se réjouit du travail déjà accompli par cette commission. «L’Assemblée Nationale apprécie le travail accompli dans une année par les institutions démocratiquement élues par la population burundaise », a indiqué Alexis-Badian Ndayihimbaze.
Elle prie par ailleurs le gouvernement de mettre en application les recommandations consensuelles issues du dialogue interburundais étant donné l’importance des idées diversifiées émises par la population. La chambre basse du parlement souhaite que le facilitateur du dialogue inter-burundais prenne en considération les idées déjà émises par la population burundaise au niveau interne.
Dans ce rapport, Mgr Justin Nzoyisaba, président de la CNDI a indiqué que la majorité des participants au dialogue veulent également que la Constitution prime sur l’Accord d’Arusha.
Une CNDI à mi-parcours…
Il indique également que la plupart des personnes consultées demandent que les anciens Chefs d’Etats ne siègent pas au Sénat, et ont demandé la suppression des imperfections se trouvant dans la Constitution et l’Accord d’Arusha.
Ils veulent également l’amendement de la loi régissant les partis politiques, le code électoral ainsi que la loi régissant les organisations de la société civile et des confessions religieuses pour qu’elles se conforment à leurs statuts.
Mgr Nzoyisaba a cependant précisé que la commission n’a pas encore terminé le dépouillement de toutes les contributions recueillies. Et que tous les ‘’concernés’’ n’ont pas encore été consultés. Ainsi, a-t-il annoncé, une prolongation de six mois leur a été accordée.
« Le communiqué suffit, il n’y a pas d’autres commentaires », a répondu le porte-parole de l’AN, Alain Badian Ndayihimbaza, interrogé sur cette demande de la chambre basse du Parlement avant la fin du travail de la CNDI. « Le gouvernement ne peut pas oser mettre en application ces recommandations avant la fin du travail de la commission, sinon ce serait mettre fin prématurément a sa mission », a répliqué le patron Mgr Justin Nzoyisaba. Nous avons cherché le secrétaire général du gouvernement, et son porte-parole, pour qu’il s’exprime sur cette demande de l’AN, en vain.
Réactions
Pancrace Cimpaye : « Une combine pour des mandats illimités. »
Pour le porte-parole du Cnared-Giriteka, « cette combine entre M. Pierre Nkurunziza et la fameuse commission chargé du Monologue au CNDD-FDD vise deux objectifs: Lever le verrou de la limitation des mandats présidentiels et supprimer l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi. »
Il rappelle que le cœur des pourparlers d’Arusha est le 3 è mandat illégal de M. Pierre Nkurunziza. « Si ce dernier devait se doter d’une nouvelle pseudo- constitution qui le consacre Président à vie, les pourparlers d’Arusha n’auront plus leur raison d’être. » Pire encore, souligne M. Cimpaye, si l’Accord d’Arusha est supprimé, « Nkurunziza aura déclaré la guerre au peuple burundais, car un tel projet n’a d’autre objet que l’installation d’un monopartisme au Burundi. Le peuple burundais qui a payé un lourd tribut pour avoir le multipartisme et la démocratie n’acceptera jamais de revivre les horreurs de la pensée unique. »
Pour le porte-parole du Cnared, « M. Pierre Nkurunziza veut se proclamer Président ad vitam aeternam. Il aura mis le facilitateur Mkapa dos au mur! N’est-ce pas un suicide que de vouloir humilier la Tanzanie à ce point? »
Jean de Dieu Mutabazi : « Celui qui n’avance pas recule ! »
« L’AN n’a pas tort. Il y a moyen de tirer certaines recommandations des consultations que la CNDI a déjà faites et, à la fin de son travail, d’autres recommandations pourront être appliquées », pense le président du parti RADEBU, et opposant extraparlementaire. Pour lui, la Constitution actuelle contient des dispositions qui sont devenues désuètes et elle doit changer. « Le moment est opportun car la volonté de changer la constitution est une émanation des consultations menées par la CNDI dans plusieurs milieux de la population burundaise. » Mais, souligne-t-il, comme il n’y a pas feu en la demeure, on peut proposer le moyen le mieux indiqué qui est la voie référendaire. « Qui n’avance pas recule. Les gens qui ont misé et qui ont toujours voulu ramener le pouvoir de transition, notamment l’opposition radicale en exil, veulent maintenir la classe politique dans le circuit de dialogue et de négociations », remarque M. Mutabazi. Mais, ajoute-t-il, nous voulons plutôt avoir des pouvoirs issus des élections. Pour lui, penser à la révision de la constitution est une façon d’avancer. « Quant à la question des mandats, elle dépend de la valeur des dirigeants. Nous avons connu une époque ou le Burundi était dirigé par des rois et était plus stable qu’aujourd’hui ou c’est une république. »
Vital Nshimirimana : « La CNDI est au service des ambitions de Pierre Nkurunziza. »
« En réalité, la CNDI a été créée pour concurrencer le dialogue interburundais entre toutes les parties prenantes, surtout celles qui ont fui le pays suite à l’insécurité qui y prévaut. Les consultations de la CNDI ont fréquemment servi de tribune pour une propagande divisionniste bâtie sur le discours de la haine, les menaces et intimidations contre toute personne réellement ou supposée opposée au troisième mandat de Pierre Nkurunziza », réagit a son tour Vital Nshimirimana. Le délégué général du FORSC (Forum pour le Renforcement de la Société Civile) est convaincu qu’un des résultats principaux attendus par le gouvernement de cette commission est de maintenir Pierre Nkurunziza au pouvoir. « Ainsi, l’une des voies est de procéder par la révision de la constitution et de reléguer l’Accord d’Arusha au plan d’un document historique devenu obsolète ». Dans cette entreprise, explique-t-il, il ne serait pas étonnant de voir l’AN saisie de l’analyse d’un projet de révision de la constitution à la plus prochaine session parlementaire.
Hamza Burikukiye : « C’est la volonté du peuple ! »
« Le CAPES + a toujours demandé que la CNDI donne son rapport provisoire pour que l’opinion nationale et internationale sachent les desiderata du peuple burundais. Comme l’AN représente la population burundaise, sa proposition est la bienvenue car elle anticipe la volonté des Burundais », tranche Hamza Burikukiye, représentant légal de CAPES + (Collectif des Associations des Personnes vivant avec le VIH/SIDA).
D’après lui, la CNDI a déjà consulté toutes les provinces et presque la moitié des communes, c’est dire qu’elle a déjà entendu la majorité des Burundais. « Le pouvoir ne veut donc pas se maintenir par le truchement de l’A.N. S’il se maintient, ce serait par la volonté populaire. » Quant au dialogue, ajoute M. Burikukiye, l’EAC et la communauté internationale doivent prendre en compte cette volonté de la population. « La facilitation extérieure semble vouloir considérer les revendications des putschistes et des auteurs de violence, l’avis de personnes minoritaires qui s’accusent de quelque chose. »
Décryptage
Au nom du peuple
Forcing. C’est le mot pour qualifier la stratégie du pouvoir avec ce dialogue « national ». Il faut avoir au plus vite une caution populaire pour se tailler une Constitution à sa mesure, expurgée notamment de la limitation des mandats honnie.
Cette précipitation veut donc contrecarrer les négociations réclamées par l’opposition, la sous-région et la communauté internationale. En effet, sur tous les tons et dans toutes les langues, le régime répète qu’un dialogue national se poursuit et qu’il n’est pas question de médiateur ou de consultations externes à Arusha notamment.
Certes, réviser la Constitution revient à toucher à l’Accord d’Arusha défendu mordicus par l’EAC et parrainé par la communauté internationale. Mais cela ne semble pas gêner outre mesure la logique jusqu’au-boutiste du pouvoir qui paraît n’avoir plus rien à perdre. Surtout que la communauté internationale est tétanisée, pour défendre l’accord d’Arusha. Jusqu’ici, la médiation n’arrive pas à infléchir l’entêtement de Bujumbura. Et, soit dit en passant, Pierre Nkurunziza fait ce que d’autres ont fait en Afrique, avec des fortunes diverses certes. La liste des Constitutions tordues en Afrique au nom du peuple serait longue à énumérer ici. Nkurunziza se dit peut être « pourquoi pas moi ? »
On peut donc parier que le gouvernement va répondre favorablement et rapidement à la demande de l’Assemblée nationale et la commission va continuer allègrement la mission commandée.
En demandant à la CNDI de produire des rapports semestriels, il est clair que le pouvoir avait préparé son coup à l’avance et connaissait ces principales recommandations « émanant du peuple. » Ce qui n’est pas une surprise.
Voilà une autre raison de changer le mode de scrutin parlementaire pour doter notre pays d’un parlement plus ou moins indépendant de l’executif et redevable au peuple. 75% de la population vivent sous le seuil de pauvreté, des dizaines de nos concitoyens sont torturés, portés disparus ou assassinés chaque mois, mais notre Nshingamateka trouve l’urgence ailleurs: exécution des recommandations bidons qu’on avait fait avalées à l’avance aux paysans. Puisque notre très cher président attache beaucoup d’importance à ce que toutes les voix – sauf celles discordantes – soient entendues, Mgr. Nzoyisaba devrait aussi consulter les habitants de « chez Le… » (censuré) et tous les autres Burundais dans la même situation. Nta mwana n’ikinono!
Une question que j’adresse à « Chrétien »: où se trouve Dieu quand des milliers d’hommes, femmes, jeunes, enfants innocents meurent chaque jour victimes des jeux politiques sur fond économique entre les puissances? Je pense au peuple palestinien, à la Libye, à l’Iraq, à la Syrie,…..sans oublier les horreurs du passé proche et lointain! Ici au Burundi, où était-Il en 1965, en 1972, en 1988, en 1993, en 1994 à Kamenge, kinama, en 1995 à l’Université du Burundi, de 1995- 2003 dans tout le Burundi? Je me rends compte que l’un des grands problèmes des Burundais et autres peuples moins avancés c’est le lavage de cerveau causé par le christianisme occidentale au profit de l’OCCIDENT qui exploite notre ignorance!
Ils se croient doués, intelligents et plus forts que tout le monde se basant sur une armée et une police purifiées de tous ceux qui ne les soutiennent pas et sur une milice dotée d’une haine ethnique, mais de toute façon, il y a un Dieu dans les cieux! Vous verrez bientôt et très bientôt leur fin qui servira une leçon pour toute l’humanité!
Ah ! Joies et bénédictions ! Le désirs du peuple – du Peuple Souverain, tant qu’il bêle docilement derrière ses Bergers – vont être pris en compte, et l’Assemblée Nationale, bien malgré elle, va modifier la Constitution.
Le Président n’en revient pas – quelle immense surprise ! Et la Constitution sera amendée pour le 18 décembre, le Jour de Son Anniversaire ! Gloire et Louanges au surpopulaire Président !
Dans Sa Magnanimité – le prétendent des rumeurs – ce Très Excellent Président amnistiera tous les condamnés retenus injustement dans les prisons, cachots et autre commissariats : treize personnes en tout.
Et le Burundi tressaillera de joie.
JerryCan, hideusement.
S’il advenait que les mots « mandat présidentiel au Bdi » soient enlevés dans la future et imminente Constitution de la République du Burundi, oserais-je m’interroger sur l’avenir politique des politiques Burundais(es) qui, sans vouloir l’avouer et d’une manière masquée ont toujours eu peur des élections voulant pourtant accéder au pouvoir!!
En démocratie, il suffit que seulement 51% des Burundais soient favorables au changement de l’actuelle constitution du BURUNDI pour dire « adieu à l’histoire des mandats présidentiels au Bdi »!!! Toutes mes condoléances à tous (toutes) les Burundais(es) membres des partis et mouvements reconnus comme « OPPOSITION RADICALE »!!!
Malheureusement pour les défenseurs du statu quo,en démocratie même les accords arrachés avec sacrifices peuvent être remis en cause,tripatouillés dans le vrai sens du mot. Meme si cela suppose se faire hara kiri
Par quelle magie, la CNDI, une simple commission de notoriété douteuse, s’est-elle transformée en Assemblée constituante?
La population s’est exprimée!!! Est-ce-que la population se limite que DDs et aux manipulés? Ce seigneur veut tout simplement maintenir Nkuru au pouvoir en narguant les autres DDs comme incapables (affront).
Le pouvoir est la pire des drogues et l’on peut le mesure au forcing de Pierre Nkurunziza pour rester au pouvoir indéfiniment. Les oligarques n’ont jamais manqué d’imagination pour se maintenir en place : Poutine est redevenu un faux premier ministre le temps d’un mandat pour contourner l’interdiction de la Constitution, Kabila joue la montre et souhaite profiter du vide juridique qu’il avolontairement créé. Kagame se la joue plus légaliste en passant par un vote presque ‘stalinien’ (et donc par définition très douteux) du parlement. A Bujumbura, c’est plus original : on nomme une commission-pilote à la solde du pouvoir et on place ses pions dans les instances judiciaires qui peuvent faire la différence sur le dossier. Le résultat est le même : les oligarques s’éternisent au pouvoir, de gré ou de force, et le peuple, résigné et consterné, souffre en silence. La question qui mérite dès lors d’être posée : luttons-nous contre ceux qui veulent nous asservir ou luttons-nous perpétuellement contre notre propre nature ?
Je ne suis pas aux USA, mais je suis de près ce qui se passe dans cette première puissance mondiale . Le développement d’un pays en grande partie , dépend de la stabilité des institutions. Je crois sans me tromper que le plus grand nombre des gens les plus pauvres se trouve aux USA. Le nombre le plus élevé des sans abris se trouve aux USA. En résumé il y a un grand nombre des mécontents aux USA et pourtant c’est la plus grande puissance mondiale. Et par contre il n’ y a pas ces soulèvements interminables qui sont la cause principale de notre pauvrette. Comment voulez-vous avoir un pays développé alors que la population est à tout moment perturbée ? Quand est-ce qu’ils vont travailler alors qu’ils sont en exil ?
Quant à notre chère patrie , il a déjà été prouvé par le comportement de nos politiciens , que chacun essaie de faire manipuler l’opinion en voulant prétendre défendre les intérêts du peuple. Comment ce fait – il que à chaque changement de gouvernement il y a changement de constitution ? Les burundais ont déjà prouvé qu’ils n’ont jamais eu de confiance en leurs institutions . Le peuple burundais est constitués des premiers gens irrespectueux envers les lois et institutions . On aime faire des choses par des quotas ethniques comme le recommandent les accords d’Arusha. Pourquoi on ne peut pas faire pareille pour une constitution qui ne sera pas tout le temps sujet de bricolage ? Nous avons besoins des institutions plus intelligentes et plus stables . Les institutions qui savent et qui voient les besoins de la population.
Question interessante!
Nous somme probablement dans une guerre de tous contre tous, où les alliances se font et se défont selon qu’on est au contrôle ou pas, et qui est à nos côtés. Dans les démocraties occidentales, il n’arrive jamais que l’extrême gauche s’allie à l’extrême droite. Mais la magie de la politique burundaise nous a offert une coalition (lors des dernnnnières legislatives) pour le moins surprenante, comprenant l’aile la plus dure de l’UPRONA et la plus dure du FNL. Lorsque la politique se vide de toute substance idéologique, elle ne devient qu’un jeu cynique d’opportunisme avec pour seul but l’accès aux ressources. La suite est ce que nous savons tous…