Lundi 23 décembre 2024

Politique

La coopération germano-burundaise au service de la Vision Burundi 2040-2060

13/04/2024 2
La coopération germano-burundaise au service de la Vision Burundi 2040-2060
Photo de famille avec les invités à la fin de la réunion

En collaboration avec la diaspora burundaise d’Allemagne (BDD) et le réseau associatif Rapred-Girubuntu, le Département des Etudes de la Caritas de l’Université de Freiburg a organisé, le 22 mars dernier, dans le cadre du Projet « cluster promotion de la paix”, une réunion de partage d’informations sur le partenariat entre le Burundi et l’Etat de Baden-Württemberg, sur les initiatives et actions en cours ainsi que les nouvelles orientations. Un partenariat “gagnant-gagnant”, reconnaîtront les différentes parties prenantes, aux projets ambitieux. Reportage.

Par E. Nkurunziza

C’était un rendez-vous important. Plusieurs Burundais avaient fait le déplacement, dès tôt le matin. Ils étaient venus de Hamburg, de Dortmund, de Frankfurt, de Berlin, etc. Des femmes, des hommes. Des jeunes, des “vieux”. Ils étaient des dizaines d’invités et certains ont mis des heures pour arriver à Universität Freiburg pour en savoir un peu plus sur les initiatives de l’organisation, discuter avec les initiateurs, poser des questions.

“Cela valait la peine, je ne peux pas rater une rencontre sur des projets réalisés au Burundi pour les Burundais”, a soutenu un invité de Paderborn, qui “débarquait après 15 heures de route
Cela valait la peine, en effet. Dans la salle qui accueillait le meeting, deux présences remarquables.

Annonciate Sendazirasa : « Ces initiatives correspondent parfaitement à la Vision Burundi 2040-2060 »

Celle de madame Annonciate Sendazirasa, l’ambassadrice du Burundi en Allemagne. La diplomate est restée attentive, écoutant avec intérêt les différentes présentations, à l’affût des liens entre les initiatives en cours et à venir avec les projets du gouvernement. Elle n’en sera pas déçue. “Je suis très très satisfaite”, confiera-t-elle au sortir de la réunion. “Je trouve que nous sommes sur une bonne piste [de] tout ce qui peut nous aider à rentrer dans la vision du gouvernement et du chef de l’Etat”.

Autre présence de taille : celle de madame Felicitas Diethelm qui a représenté le ministre d’Etat. Cette haute fonctionnaire a passé en revue, brièvement, les principaux piliers de l’intervention de l’Etat de Baden-Württemberg au Burundi. Il s’agit des « clusters » initiés au fur et à mesure du temps, par le ministère d’Etat, pour renforcer le partenariat. Madame Diethelm rappellera, en passant, que cela fait 40 printemps que le partenariat entre les deux Etats dure. La relation entre le Burundi et l’Allemagne, elle, est vieille de plus d’un siècle, comme le fera noter un participant.

 

Des projets ambitieux

Ce sont donc 5 clusters initiés par le ministère d’Etat, depuis 2013. Cinq domaines d’intervention : l’éducation, la santé, le tourisme, la cohésion sociale et l’agroforesterie. La mission ? Contribuer à trouver des solutions aux défis multiples de ces secteurs de la société burundaise. De quoi se réjouir du côté de Gitega, à l’ère de la Vision Burundi 2040-2060 : “je suis très satisfaite de voir l’engagement à vouloir faire quelque chose pour pouvoir contribuer au développement du pays, aujourd’hui où nous parlons de la Vision 2040-2060. Ces initiatives correspondent parfaitement à la Vision”.

Les membres des différents groupes de travail formés autour des « Cluster » étaient présents ce jour-là. Ce sont des Burundais de la diaspora burundaise d’Allemagne qui se sont mobilisés par ordre de compétences.

Il s’agit de médecins et autres professionnels de santé au sein du « Cluster Santé » qui s’investissent aujourd’hui pour détecter les différents défis du secteur de la santé et contribuer à leur trouver des solutions. Ce sont aussi des enseignants et autres experts en éducation regroupés dans le « Cluster Ecole », des historiens et d’autres passionnés du tourisme dans le « Cluster Tourisme », etc. Dans les présentations de leurs actions se ressentaient la volonté, la détermination et l’engagement. Madame Diethelm Felicitas ne tarissait pas d’éloges. « Ils sont de véritables “ponts” , jubilait-elle [pour l’atteinte des objectifs du partenariat] ».

Ils peuvent ainsi établir des partenariats avec des établissements de leur domaine au Burundi, comme ce partenariat du « Cluster école » avec l’ETS Kamenge. Il a, notamment pour but, la mise en place de programmes de recyclage des enseignants et la fourniture d’équipements scolaires. Ils peuvent construire de nouvelles infrastructures. A l’instar de ce projet, du même cluster, de construction d’infrastructures scolaires pour diminuer les effectifs des classes surpeuplées et garantir aux élèves de bonnes conditions d’apprentissage. Ils peuvent améliorer la productivité et la rentabilité des filières agricoles, le tout dans le respect des normes environnementales. Comme, par exemple, le « Cluster agroforesterie
» qui mène des actions de développement de la filière café. Etc.

Des ponts du partenariat

“Nous sommes heureux de jouer notre rôle de pont entre les deux pays pour renforcer leur partenariat”, s’est félicité Astère Hatungimana, représentant de la diaspora burundaise d’Allemagne (BDD), qui entend convier d’autres diasporas burundaises à rejoindre cette initiative. Le pont, la BDD, veut aussi et surtout l’ériger à travers le « Cluster Partenariat communal ». Il servira de voie aux touristes allemands qui, pour commémorer une histoire commune, viendront visiter les sites historiques de la présence des Allemands au Burundi.

Pour Muna Hassaballah, référente de la Fondation SEZ ( Fondation pour la coopération au développement ) chargée de la mise en œuvre du partenariat entre l‘Etat de Baden Württemberg et le Burundi, il est important de passer par les acteurs locaux pour optimiser les résultats des actions.  « Ceci est notre approche de partenariat depuis 1991. Nous consultons les organisations locales pour intervenir sur les besoins réels de la population  ».

La fondation SEZ intervient à travers différents projet de développement. En particulier, elle soutient les organisations burundaises engagées dans la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire, la paix et la réconciliation ainsi que la protection de l’environnement.

Muna Hassaballah : « Nous consultons les organisations locales pour intervenir sur les besoins réels »

La paix pour le développement… et vice-versa

Un participant évoquera des initiatives “ambitieuses, mais réalistes, réalisables et atteignables”. Il y a de quoi être optimiste, ont remarqué plusieurs participants. Si des challenges subsistent, l’avancée du Cluster “promotion de la paix”, le premier né des cinq, inspire de l’espoir.

A son actif déjà, grâce à des partenariats universitaires (au Burundi, au Rwanda et en RDC), plusieurs publications scientifiques sur la paix et la réconciliation. Des colloques en plus, en Allemagne, au Burundi et dans la région des Grands Lacs, réunissent, régulièrement, des chercheurs de différentes expertises (histoire, science politique, théologie, médecine, psychiatrie, etc.) pour des travaux interdisciplinaires.

En décembre dernier encore, il organisait, à Bujumbura, un forum régional visant à faire de la jeunesse des Grands Lacs, les bâtisseurs de la paix. Père Déogratias Maruhukiro, représentant du Cluster, en est fier. “Je suis absolument satisfait. Nous sommes un des clusters particulièrement développés”.

Pour cet universitaire, la recherche de la paix et de la réconciliation est un levier important pour le développement sociétal. En retour, la promotion de la paix passe aussi par le développement, notamment économique. Et ceci n’est pas l’oublié du Cluster. Avec son partenaire associatif Rapred-Girubuntu, il s’investit, au Burundi, au Rwanda et au Kenya, dans la lutte contre la pauvreté.

Un Institut de recherche sur la paix, pour bientôt

Et ce n’est pas tout.
Père Maruhukiro raconte : “Nous avons déjà construit un centre de paix à Nyanza-Lac. Nous l’inaugurerons en octobre prochain, il sera le premier. Nous comptons en implanter d’autres dans les différentes régions.”

Mais, un autre projet de taille, dans un proche avenir. Le Cluster, qui a déjà son bureau de coordination à Bujumbura ( chez les pères de Schoenstatt à Mont Sion Gikungu), y aura bientôt un Institut de recherche sur la paix et la réconciliation, en collaboration avec l’Université du Burundi. “Nous avons des plans concrets, des modules de formations et d’autres actions sont en cours de préparation”.

Père Maruhukiro lʼadmet, ceci est lʼœuvre, avant tout, d’un réseau partenarial solide. D’abord, des bailleurs fidèles, engagés, en Allemagne. Hormis l’État de Baden-Württemberg, le Cluster “promotion de la paix” bénéficie des soutiens des diocèses catholiques de Freibourg et de Rottenburg-Stuttgart. Ensuite, au Burundi, de partenariats “dynamiques”, notamment avec l’Université du Burundi, l’Institut des pères de Schoenstatt (Mont Sion Gikungu) et le diocèse catholique de Bururi.

Le Cluster “promotion de la paix” est l’évolution de la Girubuntu Peace Academy, un think tank de recherche sur la paix et la réconciliation co-développé par le Département des Etudes de la Caritas de l’Université de Fribourg et le Réseau africain pour la Paix, la Réconciliation et le Développement durable (Rapred-Girubuntu).

Avec pour devise “je suis parce que tu es”, ce think tank met au centre de ses recherches une approche par l’Ubuntu, humanisme en Français.
Les cinq clusters ambitionnent de multiplier des actions communes, notamment car ils traitent des enjeux qui souvent s’imbriquent. Reste qu’ils nécessitent davantage de moyens financiers et de ressources humaines suffisantes pour arriver à bon port.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Stan Siyomana

    1. Vous ecrivez:« un invité de Paderborn, qui “débarquait après 15 heures de route… »
    2. Mon commentaire
    Apparemment, il y a environ 540 km entre Paderborn (nord du pays) et Freiburg (sud du pays). Ca prendrait 4h 20m par voiture, 5h 29m par train et 8h 45m par bus.
    https://www.rome2rio.com/s/Paderborn/Freiburg-im-Breisgau

  2. This is a great initiative. I’m happy that such bold initiatives take place. It’s all about building knowledge through research, another thing is to translate the generated knowledge into tangible paradigm shifts because Burundi needs a thorough review of its development worldview.

    Other initiatives take shape as well with a lot of similarities on the multidimensionality side. We strive to challenge bureaucratic systems and their inherent abilities to inhibit bold enough and innovative idea generation that are at the heart of every systemic vision and transformation

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