Après une réunion en toute discrétion dans la capitale kényane entre une délégation du Cnared et l’institution de l’ombudsman burundais Iwacu a révélé qu’un « certain compromis » s’est dégagé sur un bon nombre de points importants. Sans médiateur mandaté par la Région, les deux parties se seraient notamment entendus sur la levée des mandats d’arrêt contre les personnalités politiques, les responsables des médias et de la société civile, la question du retour des réfugiés et des biens saisis, la libération des prisonniers politiques, les droits politiques, la question de sécurité. Trop beau…
En effet, il y a à peine deux semaines, le secrétaire exécutif du Cnared a littéralement subi un camouflet après l’annonce de leur intention de rentrer. Un haut responsable du pouvoir clamera haut et fort que s’ils rentrent, ce sera « kwishikana » et « kuwa cine ya ulinzi ». Des termes que l’on peut traduire librement de reddition et capitulation. Autrement, une soumission à la volonté du pouvoir.
Revirement de la position de Bujumbura ? La déclaration de l’ombudsman burundais ce 18 septembre, semble semer la confusion. Il ne nie pas la rencontre avec « certains hommes de l’opposition pacifique vivant en exil et ne faisant pas objet des poursuites judiciaires. » Mais il précise qu’il ne s’agit en aucun cas d’une relance du processus du dialogue inter burundais, encore moins de négociation. La réunion cadre avec les missions de l’institution. Par ailleurs, il fait un distinguo sur les points qualifiés par le Cnared de tractations fructueuses. « A l’issue des échanges, ces politiciens ont soulevé certains points. » Il a donc écouté et pris acte.
Le Cardinal De Richelieu a défini la politique comme l’art de rendre possible ce qui est nécessaire.
Même si l’ombudsman nie l’implication du gouvernement et du chef de l’Etat, certains observateurs trouvent dans ce geste, la volonté de Bujumbura d’encourager le retour en masse des réfugiés. D’autant plus que leur rapatriement est un sujet polémique. Ils estiment aussi que le Cnared a vivement influencé la Communauté internationale dans la prise des sanctions contre le régime de Bujumbura après la crise de 2015. Leur retour pourra être interprété comme une volonté du gouvernement de déverrouiller l’espace politique en vue des prochaines élections. Mais pour le moment ce sont des hypothèses, des suppositions, des spéculations. Il n’y a qu’une vérité et le public en a besoin.