Selon la commission d’enquêtes des Nations unies sur le Burundi, à la veille des élections, les huit facteurs de risques établis par les Nations unies communs aux atrocités criminelles et de détérioration de la situation des droits de l’Homme existent au Burundi.
Dans une conférence de presse tenue mercredi 4 septembre, la commission de Doudou Diène alerte la communauté internationale et appelle une vigilance accrue.
Le tableau peint par la commission est sombre. Il se base sur 1200 témoignages, dont 300, depuis septembre 2018, date de reconduction de la commission. Exécutions sommaires, disparitions forcées, arrestations arbitraires, cas de torture et les violences sexuelles, la liste des violations des droits est longue.
Les victimes sont pour la plupart les opposants (surtout les membres du CNL). Les autres personnes visées sont également des jeunes accusés d’appartenir aux groupes armés, les rapatriés, les journalistes ainsi que les activistes des droits de l’Homme.
« Les violations visent désormais l’ensemble de la population à l’intérieur du pays, des familles modestes sans activité politique apparente dans les zones rurales, reculées. Elles se passent souvent la nuit, sans témoins,» assure Doudou Diène, président de la commission.
Le rapport pointe du doigt les principaux auteurs. Il s’agit des Imbonerakure (jeunes du parti au pouvoir), des forces de l’ordre ainsi que l’administration. Le système judiciaire est également indexé. Il a continué de servir d’outils de répression contre les opposants tout en favorisant l’impunité contre des auteurs.
C’est une alerte sur la probabilité élevée d’atrocités criminelles imminentes. « Les risques sont réels et graves, » souligne Doudou Diène.
Le dernier rapport de la commission innove. Cette fois-ci, elle décide d’intégrer un nouveau concept dans son travail. Il s’agit de voir si les huit facteurs de risques identifiés par les Nations unies, communs aux atrocités criminelles, existent au Burundi. La commission a donc rassemblé ces huit facteurs et les a contextualisés avec la situation du pays. Le résultat est glaçant.
Des violations graves des droits de l’Homme et de possibles crimes de droit international persistent depuis le début de la crise de 2015. La situation s’empire à la veille des élections de 2020.
« Il y a l’instabilité économique, persistance de la question des réfugiés, l’impunité générale et l’absence de perspective de solution à la crise, » souligne Françoise Hampson, membre de la commission d’enquête. Elle évoque également un rétrécissement de l’espace politique et un multipartisme de façade.
Alerte, alerte
« Les facteurs de risques auraient peut-être permis que certaines violations des droits de l’Homme soient évitées. Certains génocides n’auraient pas eu lieu, » explique Doudou Diène. Il appelle à plus de vigilance de la part de la communauté internationale, du gouvernement burundais et de la population. Il s’agit d’une alerte précoce et préventive.
Prudente, la commission prévient. L’existence de ces huit facteurs ne signifie pas que les atrocités criminelles vont se produire, ne détermine quand, à quel moment ni même dans quelle circonstance elles pourraient survenir.
En réaction, le conseiller principal à la présidence de la République, Willy Nyamitwe a déclaré sur son compte twitter que le Burundi n’est plus intéressé à répondre aux mensonges et à la manipulation d’opinion de la part de certains occidentaux qui ne visent que la déstabilisation du Burundi.
1. Un environnement politique, économique et sécuritaire instable
2. Un climat d’impunité générale pour les violations des droits de l’homme
3. Faiblesse du pouvoir étatique pour faire cesser d’éventuelles violences et violations des droits de l’Homme notamment le système judiciaire.
4. L’existence et l’intention de recourir à la violence pour se maintenir au pouvoir
5. Capacité des différents acteurs à recourir à la violence et aux violations des droits de l’Homme
6. L’absence de facteurs atténuants, telle qu’une société civile solide et organisée, des médias nationaux libres, diversifiés et indépendants
7. Les circonstances et un climat propice à la violence et aux violations des droits de l’Homme
8. L’existence de facteur déclencheur : les élections de 2020.