La commission a présenté, mercredi 27 juin, devant le Conseil des droits de l’Homme à Genève son rapport sur le Burundi. Elle dénonce la persistance des violations des droits de l’Homme. Une caisse de résonnance de toutes les forces négatives, fustige Bujumbura.
Interdit d’accès au Burundi, la commission indique s’être rendue en Éthiopie, en Belgique, en Ouganda, en République démocratique du Congo et au Rwanda. Elle a notamment rencontré des experts et des victimes de violations des droits de l’Homme au Burundi.
Au total, plus de 380 entretiens ont eu lieu en tête à tête ou par téléphone avec les Burundais en exil ou résidant au pays. Ces entretiens s’ajoutent aux 500 témoignages rassemblés l’année dernière.
A la fin, le constat est que la situation demeure très préoccupante au Burundi. Selon le président de la commission, Doudou Diène, la récente déclaration du Président Nkurunziza selon laquelle son mandat prendrait fin en 2020 ne doit pas occulter le contexte dans lequel s’est déroulée la campagne pour le référendum.
Exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, actes de torture, arrestations et détentions arbitraires visant des opposants au projet de modification de la Constitution, la liste des violations des droits de l’Homme est longue. « À cela s’ajoutent des violations des libertés publiques et des droits économiques et sociaux. »
Sont incriminés comme à l’origine de ces exactions, la police, des agents du Service national de renseignement et des Imbonerakure.
La commission déplore qu’aucune enquête sérieuse n’ait été menée par les autorités burundaises sur ces cas. Certains préfèrent s’exiler, ceux qui restent gardent le silence. La commission recommande un dialogue politique inclusif.
La réponse du berger à la bergère
Très virulent, le représentant permanent du Burundi à Genève a rejeté ce rapport et évoqué une commission devenue une caisse de résonnance de toutes les forces négatives. Selon l’ambassadeur Rénovat Tabu, le langage et le contenu subjectifs de ce rapport s’écartent cruellement de la qualité d’un travail scientifique et objectif qui devrait être le résultat d’un juriste aguerri que prétend être le président de cette commission.
Le Burundi est aujourd’hui un pays paisible. Les partenaires sont invités à opter pour une logique de coopération apaisée pour l’intérêt de tous.
Bujumbura estime que le président de la commission est tombé dans des considérations politiciennes. « Un tel expert au langage de berger n’a pas le mérite d’accomplir un travail qui honore le Conseil des droits de l’Homme. »
Bujumbura réclame la démission de Doudou Diène. « Dans l’hypothèse de sauvegarder sa réputation, il devrait emboîter le pas à son prédécesseur, monsieur Ouguergouz, et courageusement rendre le tablier. » Le Burundi va plus loin et déclare se réserver le droit de traduire en justice ses diffamateurs, qu’ils soient membres ou non de cette commission.