Alors que le Burundi se prépare aux élections législatives et communales de 2025, la coalition « Burundi Bwa Bose » (BBB) alerte sur une ’’escalade de violences politiques et de manœuvres administratives visant à entraver ses activités’’. Elle dénonce une marginalisation systématique, notamment dans les provinces de Karuzi et Ngozi.
Le 16 mars 2025, la coalition BBB, composée des partis Frodebu, FDES, CNDD et CODEBU, s’est vue interdire une réunion ordinaire par la gouverneure de la province de Karuzi, Dévote Nizigiyimana, malgré une note légale envoyée sept jours auparavant. « Nous avons informé la gouverneure par lettre le 9 mars, avec accusé de réception par son cabinet, la commune Buhiga et le commissariat provincial », explique Daniel Manirakiza, représentant provincial de la coalition BBB dans la nouvelle province de Gitega selon le nouveau découpage territorial.
Pourtant, le jour prévu, la gouverneure Dévote Ntirampeba en personne a bloqué l’événement, niant avoir reçu la demande : « Aucun document n’a été transmis à mes services ».
Un démenti contredit par son conseiller, Innocent Ntirampeba, qui a reconnu que la lettre portait « le cachet émis par la secrétaire du gouverneure » avant de raccrocher brusquement.
La coalition BBB insiste sur le respect des procédures : « La loi exige un préavis de 48 heures. Nous l’avons déposé une semaine à l’avance », souligne Daniel Manirakiza, dénonçant un « traitement inégalitaire ».
Tortures et fuite de listes électorales
Le 1ᵉʳ mars, deux militants de la coalition BBB : l’enseignant Pontien Ndayishimiye et François Mitterrand ont été arrêtés et torturés sur la colline Butamenwa (commune de Nyabikere) par un ex-combattant du CNDD-FDD, Floribert. Relâchés le soir même, leur cas illustre, selon la coalition, une « criminalisation de l’appartenance politique ».
Un autre scandale agite la province de Karuzi : la fuite des listes de candidats de la coalition BBB, confidentielles jusqu’à leur validation par la Commission électorale (CENI). « Elles ont été photographiées et diffusées aux membres du parti au pouvoir », révèle Daniel Manirakiza.
Les noms de Ndayishimiye et Mitterrand, candidats dans la commune Shombo, circulent désormais dans la province, exposant les militants à des représailles.
L’administratrice de la commune Nyabikere, Claudine Murekerisoni, affirme ignorer ces arrestations, mais des preuves indiquent que les autorités locales en étaient informées. Floribert, l’agresseur, n’a toujours pas été inquiété par la justice.
Félicien Nduwuburundi, représentant du Forum des partis politiques, apporte un éclairage contradictoire aux allégations de la coalition BBB. Selon lui, les organisateurs n’auraient pas respecté les obligations légales d’information préalable.
« J’ai vérifié auprès des administrateurs locaux, ils confirment n’avoir reçu aucune notification officielle », déclare-t-il, tout en rappelant le cadre réglementaire : « Un parti n’a pas à demander une autorisation pour tenir une réunion, mais il doit informer l’administration. Or, ce protocole n’a visiblement pas été suivi dans ce cas », a-t-il tenu à préciser.
Ngozi : intimidations des Imbonerakure
Dans la province de Ngozi, les Imbonerakure, la branche des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, multiplient les pressions contre la coalition BBB, s’indignent ses représentants.
Harcèlement, menaces physiques et tentatives de museler les activités politiques sont régulièrement rapportés. « Ces agissements violent la liberté d’expression et de réunion », dénonce cette coalition dans un communiqué du 17 mars, exigeant une protection de ses membres.
La coalition BBB dénonce également des mutations abusives d’enseignants affiliés à la coalition vers des écoles éloignées, sans justification.
« Critiquer un fonctionnaire pour son appartenance politique est antidémocratique. L’État doit rester neutre », insiste Daniel Manirakiza. Ces pratiques refléteraient une « stratégie systémique » pour affaiblir l’opposition.
Face à ces tensions, la coalition BBB appelle les autorités burundaises et la communauté internationale à garantir des élections dignes de ce nom : « Les élections de 2025 ne seront ni libres ni équitables sans mesures urgentes. » Elles exigent un cadre apaisé, le respect des procédures légales et la fin des intimidations.
La gouverneure de Karuzi Dévote Nizigiyimana maintient sa version : « Aucun parti n’est marginalisé ici ». Pourtant, les contradictions internes à son administration et les preuves apportées par la coalition BBB jettent une ombre sur la crédibilité du processus électoral en cours.
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