Alors que la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH) du Burundi se félicite d’être un « modèle régional », les récentes détentions de journalistes et les rapports sur les violations des droits de l’homme remettent en question ces prétentions. Cette dissonance entre la perception de la CNIDH et les réalités sur le terrain soulève des questions sur l’efficacité et la crédibilité de l’institution.
Lors d’un point de presse sur le statut de la CNIDH, tenu ce lundi 10 juin 2024, le Dr Sixte Vigny Nimuraba, président de la CNIDH, a vivement critiqué la rétrogradation au statut B par l’Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l’homme (GANHRI). Il soutient que la décision manque « d’objectivité », arguant que la CNIDH est reconnue pour son excellence dans la sous-région : « La CNIDH du Burundi est un modèle dans la région, c’est nous qui allons toujours former les autres. On était au Gabon, au Mali. Très récemment, on vient de terminer une formation de toute la commission de la République centrafricaine ; on était au Cameroun. Donc, ça se conçoit mal comment une institution comme celle du Burundi peut être rétrogradée au statut B. »
Cependant, ces affirmations se heurtent à une réalité troublante. Le Burundi est régulièrement pointé du doigt pour ses violations des droits de l’homme. Parmi les exemples les plus récents, on trouve la détention de journalistes comme Floriane Irangabiye, accusée « d’atteinte à l’intégrité du territoire national », ainsi que celle de Sandra Muhoza, emprisonnée pour atteinte à la « sûreté intérieure de l’État et aversion ethnique ». Ces détentions mettent en lumière une tendance à la répression de la liberté de la presse et à l’intimidation des voix dissidentes dans le pays.
En outre, des rapports internationaux, tels que ceux d’Amnesty International et Human Rights Watch, documentent de nombreuses violations des droits de l’homme au Burundi, y compris des arrestations arbitraires, des disparitions forcées et des actes de torture commis par les forces de l’ordre et de la défense, la jeunesse du parti CNDD-FDD ainsi que le Service national de renseignement (SNR). Ces rapports contrastent fortement avec l’image que la CNIDH tente de projeter.
Le président de la CNIDH a également dénoncé une anomalie dans le processus d’attribution des statuts par GANHRI : « Chaque mois de février, la CNIDH produit un rapport, mais le Cameroun, à qui on a donné un statut A, son dernier rapport date de l’année 2021. Ils ont été incapables de produire un rapport, mais on leur donne un statut A. » Et d’ajouter : « La CNIDH est la seule institution africaine qui ose faire face à des questions publiques, sensiblement politiques. Allez en Ouganda, au Kenya, vous n’allez trouver nulle part. »
Cet éloge ne tient pas compte des critiques légitimes sur les pratiques au Burundi. La CNIDH au Burundi peut bien se présenter comme une institution exemplaire en Afrique, mais les violations des droits de l’homme dans le pays racontent une autre histoire. Pour de nombreux observateurs, la détention des journalistes et les abus documentés mettent en question l’indépendance et l’efficacité de la CNIDH. Tant que ces problèmes ne seront pas résolus, les revendications de la CNIDH resteront en contradiction avec les réalités sur le terrain.
Le président de la CNIDH, Dr Sixte Vigny Nimuraba, a indiqué qu’il a fait un recours de cette décision. Par ailleurs, la CNIDH conserve son statut A jusqu’en 2025 en vertu de l’article 18 du GANHRI.
. Reconnaissance internationale : Conformité aux normes les plus élevées des droits de l’homme.. Participation aux forums internationaux : Participation active aux sessions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et autres mécanismes.. Influence accrue : Voix plus forte sur les questions de droits de l’homme.Le statut B est accordé aux INDH partiellement conformes aux Principes de Paris. Ces institutions :
. Participation limitée : Statut d’observateur sans droit de vote ou de parole au Conseil des droits de l’homme de l’ONU
. Reconnaissance limitée : Influence et reconnaissance internationales réduites.
Différences entre Statut A et Statut B
. Conformité aux Principes de Paris : Le statut A implique une conformité complète, le statut B une conformité partielle.
. Capacité d’influence : Les institutions de statut A ont une influence internationale plus forte
. Visibilité et crédibilité : Les institutions de statut A sont plus crédibles et visibles, tandis que le statut B peut être perçu comme un signe de faiblesse ou de manque d’indépendance.
Malheureusement que le status Z n’existe pas .Ils le méritent.