L’ancien député Fabien Banciryanino, emprisonné depuis le 8 octobre 2020 pour rébellion, dénonciation calomnieuse et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat, est depuis ce dimanche 28 mars en isolement dans un cachot exigu appelé ’’correction’’. C’est à la prison centrale de Mpimba. Il serait mal en point, selon les informations qui ont circulé sur les réseaux sociaux.
L’origine de cette ’’punition’’ serait une lettre signée Fabien Banciryanino adressée au directeur de cette prison avec copie à la CNIDH pour dénoncer des maltraitances subies par des prisonniers, d’après ces mêmes informations.
Le président de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH), Sixte-Vigny Nimubona confirme cet isolement mais affirme qu’il ignore le motif exact de l’isolement. « Tout ce qui est raconté sur les réseaux sociaux n’est pas forcément vrai ». Il s’est rendu ce lundi 29 mars à la prison centrale de Mpimba pour s’enquérir de la situation.
Interrogé ce lundi, le président de la CNIDH affirme qu’il s’est entretenu avec le directeur de cet établissement carcéral. Et ce dernier a confirmé l’isolement de l’ancien député pour méconduite. « S’il est maltraité ou pas, je n’en sais rien pour le moment », a souligné le président de la CNIDH.
Pour Sixte-Vigny Nimubona, il est normal de corriger un prisonnier qui a enfreint les règles, la loi l’autorise. « Et Banciryanino n’est pas le seul à être corrigé».
Une dénonciation…
L’ancien député Fabien Banciryanino a adressé une lettre au directeur de la prison de Mpimba dénonçant des maltraitances des prisonniers par les agents de l’ordre à l’intérieur de la prison.
Dans cette lettre, il parle notamment des prisonniers mis en isolement ou en ’’correction’’ et qui n’ont pas le droit de bouger. « Certains en sortent infirmes », dénonce-t-il.
D’après cet ancien député, une grande somme d’argent est perçue auprès de chaque prisonnier par les « généraux », les responsables des résidences de la prison dits « quartiers ».
Les chambres varient entre 40 mille à 500 mille francs burundais, selon le standing du prisonnier et cela sans aucun reçu. Pour M. Banciryanino, il s’agit d’un vol car cette somme n’est indiquée nulle part dans la loi.
Concernant ces dénonciations, le président de la CNIDH affirme que tout prisonnier a le droit d’informer les autorités de la prison sur ses conditions carcérales. « Mais il est difficile de savoir si c’est la vérité ou pas, n’étant pas régulièrement à l’intérieur de la prison ».
Ce que nous savons, a-t-il souligné, dans tous les cachots, il y a une mauvaise habitude de demander la « bougie », une somme d’argent que chaque nouveau prisonnier doit impérativement donner pour s’intégrer. « Des fois nous constatons qu’il y a des gens torturés pour cela.» Pour le président de la CNIDH, c’est une violation de la loi.
Selon lui, le fait d’exiger de l’argent aux prisonniers est aussi contraire à la loi. « Ce n’est pas au prisonnier de payer pour survivre. L’Etat a des moyens pour subvenir aux besoins des prisonniers », a rappelé le président de la CNIDH.
Lanceur d’alerte un jour, lanceur d’alerte toujours. Au Parlement comme en prison. Un caractère constant, malgré tout. S’il faut parler de « punition », il n’y a pas plus effroyable que de passer de l’état de « son honorable le député » à monsieur le prisonnier. Je connais trop bien la cellule « correction » de Mpimba » pour y avoir passé quelques mois, sans dossier ni motifs, en « vagabond » en quelque sorte. Séjourner dans cet endroit étroit, obscur et nauséabond, c’est la torture au quotidien. Tout le monde devait le savoir, à plus forte raison le président de la CNIDH. Je souhaite au whistleblower de tenir, malgré tout.
Je suis étonné d’entendre un défenseur des droits de l’homme répondre à un prisonnier qui a eu le courage de l’informer de ce que son organisme devrait être au courant. Oui, tout prisonnier peut être corrigé s’il se comporte de façon contraire à la loi. Est-ce le cas pour le député Fabien? Avez- vous mené des enquêtes? Qu’avez-vous fait pour demander aux directeurs des prisons d’arrêter cette pratique de demander des bougies aux nouveaux prisonniers?
Il est clair que ce défenseur des droits de l’homme n’a pas l’étoffe d’un défenseur digne de ce nom. À la lumière de ce que je viens de lire, il devrait se consacrer à son travail au lieu et en place de faire de la politique sur le dos des maltraités de la république.