Jeudi 21 novembre 2024

International

La Chine au chevet du Burundi

22/05/2017 14

Le vice-président chinois a effectué au Burundi une visite de trois jours la semaine dernière. Une bouffée d’air frais pour Bujumbura.

Gaston Sindimwo, premier vice-président burundais explique à Li Yuanchao à quoi servait une telle calebasse dans le Burundi traditionnel
Délégation chinoise acceuillie en grande pompe à l’aéroport de Bujumbura

Renforcer sa coopération dans les domaines de l’éducation, l’énergie, les mines et les infrastructures. La priorité de Pékin. Mais cela va bien au-delà. Puisque la Chine a bousculé ses habitudes. En plus des infrastructures telles que les écoles, les routes, les ponts, et très récemment le palais présidentiel. Pékin a promis des aides budgétaires et humanitaires, sans contrepartie. Joignant la parole aux actes, deux accords ont été signés en fin de visite. Il y a d’abord cet appui budgétaire de plus de 200 millions de yuans, soit un montant de 30 millions de dollars. Et un don humanitaire de 5 mille tonnes de riz, qui vient s’ajouter aux 5200 tonnes que la Chine a octroyées au Burundi fin 2016.

« Il est vrai que ces 30 millions de dollars sont loin du compte si on les compare à la somme que versait l’Union européenne, mais c’est une belle somme pour Bujumbura en manque cruel de devises,» soutient un analyste. « Et avec la sécheresse qui s’y ajoute, les récoltes ne sont pas au rendez-vous. D’où la nécessité de cette aide céréalière. »

De l’argent, du riz mais pas seulement

Cette visite de trois jours des 4 pointures du gouvernement de la République populaire de Chine est un symbole fort pour Bujumbura. Le vice-président chinois, Li Yuanchao, était accompagné du vice-ministre du ministère de l’Éducation Du Zhanyuan, du ministre assistant des affaires étrangères Qian Hongshan. Il y avait également Wang Bingnan, le ministre assistant du Commerce ainsi Xu Yanhao, le vice-président de l’association de Science et technologie.

Le ministre des affaires étrangères Burundais, Alain Aimé Nyamitwe s’est empressé de saluer « une délégation de haute importance » parlant de « une visite historique ». Selon lui, cette visite est un témoignage d’un pays ayant recouvré sa sécurité.

Au-delà du prestige que présente ce déplacement, Bujumbura peut également se targuer d’avoir un ami au Conseil de sécurité. A ce sujet, le numéro deux chinois a indiqué que depuis toujours, la Chine soutient les efforts de tous les pays en voie de développement, dont le Burundi, afin de défendre leur souveraineté nationale et lutter contre toute ingérence extérieure.

Depuis le début de la crise burundaise en 2015, plusieurs propositions de résolution sur le Burundi ont été soumises au Conseil de Sécurité. La plupart d’entre elles ont été bloquées par la Chine qui a opposé son véto.

Et cette coïncidence avec la fête de l’Europe

Le ministre Nyamitwe et l’ambassadeur Vetter lors de la célébration de la journée de l’Europe.
Le ministre Nyamitwe et l’ambassadeur Vetter lors de la célébration de la journée de l’Europe.

La délégation chinoise est arrivée à Bujumbura le 10 mai, alors que la délégation de l’UE célébrait la fête de l’Union européenne. Une coïncidence qui n’a pas échappé aux observateurs, certains allant jusqu’à comparer la dissemblance des langages de ces deux puissances.

Le chef de la délégation de l’Union européenne, l’ambassadeur Wolfram Vetter a noté que la situation au Burundi ne s’était pas encore normalisée. Il a évoqué une sécurité restée superficielle et fragile. Une rhétorique bien différente du vice-président chinois Li Yuanchao qui a quant à lui indiqué que le Burundi était sûr et stable. Un écho à la rhétorique du pouvoir en place qui martèle systématiquement à qui veut l’entendre que la paix est retrouvée et qu’il n’y a pas de crise au Burundi.

Le pays est sous sanctions prises par l’UE depuis mars 2016. L’organisation européenne, dont l’aide représentait 20% du budget décide alors de geler les aides directes accordées au Gouvernement burundais. L’Union européenne a toujours brandi l’accord de Cotonou pour exiger de Bujumbura son respect. Cet accord a été signé par les Etats africains, dont le Burundi d’une part et l’Union européenne d’autre part. Il stipule en son article 96, que les parties s’engagent à respecter les principes démocratiques, les droits de l’Homme et l’Etat de droit.

Pour le chef de la délégation européenne, les conditions ne sont pas jusqu’à présent réunies pour recommencer à fournir l’aide budgétaire au Gouvernement burundais. « Les violations de droits de l’homme, les cas de tortures, les disparitions continuent à être rapportées. L’espace politique et l’espace pour les médias et la société civile sont fortement réduits », a indiqué Wolfram Vetter.

En tout cas, depuis le gel européen, le Burundi semble chercher de nouveaux alliés. Il s’est mis à courtiser notamment le Cuba, le Venezuela, la Russie et bien évidemment la Chine. Une opération de séduction qui n’a pas encore su boucher le trou créé par l’UE.

A noter que depuis le début de la crise, le Burundi a connu d’importantes visites. Le 22 février, il s’est d’abord agi de la visite du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon. Juste après lui, du 24 au 25 février, est arrivé une « délégation de haut niveau » de l’Union Africaine forte des présidents du Sénégal, Gabon, Mauritanie, Afrique du Sud, ainsi que le premier ministre de l’Ethiopie.


Et la Chine dans tout ça ?

La grande puissance économique mondiale qui envoie son numéro deux quasiment au chevet d’un Burundi qui lutte contre la faillite peut paraître à priori invraisemblable. Quand on sait que mis à part son souci d’aider la veuve et l’orphelin, il n’empêche que la Chine, fonctionne aussi en termes de profit.

Alors qu’apporte le Burundi, le pays le plus pauvre du monde ? « Il n’est pas aussi pauvre que ça », affirme un analyste. La découverte des terres rares, des minerais comme le coltan, le nickel, fait qu’il soit convoité. A cela s’ajoute le lac Tanganyika. Sans oublier et peut-être devions-nous commencer par cela : sa position géographique stratégique. Le Burundi a une porte qui ouvre vers son riche pays voisin, la République Démocratique du Congo. Et il a également une clé de la Communauté est- africaine. Et ses atouts ne sont donc pas passés inaperçus, la Chine profite de l’inaction de l’Union européenne et des Etats-Unis pour « se positionner », prête à conquérir les Grands Lacs et l’EAC.

Forum des lecteurs d'Iwacu

14 réactions
  1. Fofo

    pendant que les occidentaux campent sur leur ancienne stratégie des soi-disant aides gratuites alors que non, la Chine lui se positionne pour négocier des contrats justes et équitables. Comme je le dis toujours, nous reconnaissons qu’ils ont de l’expertise dans plusieurs domaine et en avons tellement besoin, ils ont de la technologie et des équipements très utiles dans un pays quasi vierge comme le Burundi et bien plus de ça, ils ont des produits que nous avons sûrement besoins. Mais ils doivent comprendre que nous avons aussi du marché d’écoulement leurs produits surtout que nous sommes des consommateurs de 1er degré), des matières premières très recherchées par leurs industries et du terrain quasi vierge en quête d’expertise et d’équipement. Pourquoi les européens la domination que l’échange!
    Si ce système a tant marché, aujourd’hui il a vieilli et nécessite un remplacement. Fin de citation!

    • Fofo

      Correction : Pourquoi les européens préfèrent la domination que l’échange!

    • Stan Siyomana

      @Fofo: « La Chine lui?/elle? se positionne pour negocier des contrats justes et equitables ».
      Je suis sur que le citoyen burundais lambda souhaiterait/prefererait que ce soit son Burundi qui sache se positionner « pour negocier des contrats justes et equitables » (AVEC QUI QUE CE SOIT A TRAVERS LE MONDE).

  2. Rurihose

    Des dictatures sanglantes et dépourvues de vision pour développer leurs pays;
    Il y en a toujours eu partout dans le monde.
    Mais on dirait que l’Afrique est maudite: Je cite en vrac dans notre sous région:Mobutu, Mugabe,Idi Amin,Paul Biya, Museveni,etc…
    De grâce, ne parlez pas de ptentialités, de matières 1ères.
    Ça sert absolument à rien,à rien du tout.

    Ex: Corée du Sud,Belgique, Suisse.Japon, etc…
    Juste à côté de chez nous. Le Rwanda n’a rien, rien ….Et pourtant comparez la properté de Kigali et la crasse des autres villes de la sous région

    • dodo

      D`apres AT.Keaney un cabinet international reconnu dans le classement des grandes villes dans le monde en tenant compte de plusieurs facteurs voici la liste des villes africaines par lettre alphabetique dans le classement:
      -abidjan
      -accra
      -addis abeba
      -alexendrie
      -cap town
      -casablanca
      -johannesburg
      -Khartoum
      -Kinshasa
      -Lagos
      -Luanda
      -Nairobi
      -Tunis
      https://www.atkearney.com/documents/10192/8178456/Global+Cities+2016.pdf/8139cd44-c760-4a93-ad7d-11c5d347451a

      Ou se trouve Kigali dans ton classement ?

      Encore le GawC a fait un classement des villes de classe mondiale en 2012 et les capitales de tous ces gens que tu traite de dictateur se trouve dans le classement :
      johannesburg,
      le caire,
      le cap,
      pretoria,
      tunis,
      casablanca,
      nairobi,
      lagos,
      durban,
      port louis,
      dar es salaam
      windhoek,
      gaborone,
      luanda,—————————->Jose Eduardo Dos santos (37 ans au pouvoir)
      maputo,
      harare,—————————>Mugabe (30 ans au pouvoir)
      abuja,
      pretoria,
      douala,————————–>Paul Biya (34 ans au pouvoir)
      abidjan,
      dakar,
      alexandrie,
      kampala,———————–>Museveni (29 ans au pouvoir)
      lusaka

      Voici les villes africaines reconnus mondialement comme des grandes villes africaines, ont ne voit nulle part Kigali!!!!!!

      • Bagabe

        Qlq1 a dit que Kigali etait parmi les plus grandes villes? encoire un qui a rate l’occasion de ne pas taper…

      • Stan Siyomana

        @Dodo
        Rurihose parle tout simplement de la PROPRETE DE LA VILLE DE KIGALI/CLEANEST CITY IN AFRICA.
        « Rwandan leaders seem to clearly understand what many mayors of struggling American cities have also realized: IMAGE MATTERS IN ECONOMIC DEVELOPMENT. If Rwanda wants to become a modern center of IT and finance, IT HAS TO LOOK LIKE ONE. And in a continent plagued by corruption, leaders here see Kigali’s spotlessness as a symbol of their commitment to fighting graft… »
        (Voir David Dagan: The cleanest place in Africa. http://www.foreignpolicy.com, 19 October 2011).

      • Fofo

        @dodo,
        Ne perds pas ton temps, ils ne vont pas consulter le lien que tu a partagé car ils sont comme des supporters d’une équipe lors d’un match. Même leur équipe encaisse 10 buts contre 0, ils ne cessent pas de la supporter jusqu’au dernier sifflet. Tel est le comportement de bcp de certains burundais surtout ceux qui n’ont voyagé qu’au Rwanda. Leur référence reste le Rwanda et quand il compare la RDC, ils comparent Bujumbura avec Uvira. Il y a ceux qui arrivent à comparer Kigali et Nairobi alors que ce dernier dépasse certaines villes de l’Europe.

        • John

          @Fofo, ici ont parle de proprete et non de la dimension demographique ou d’autres criteres. Quelqu’un qui a voyage a |Nairobi dans les annees 70 etait frappe par la proprete de cette ville ou des camions et des equipes de balayeurs nettoyaient la ville a partir de 3heures du matin. Mais allez y maintenant depuis Moi, la ville est pleine d’immondices. Contrairement a Kigali actuelle. Personnellement j’ai fait plus de 30 villes capitales africaines, je n’en ai pas vu pour le moment aussi propres que Kigali. Meme Pretoria, la cite des Jacaranda ,avec toutes les ressources don’t dispose la municipalite, est pleine d’immondices du cote de Pretoria Central, Pretoria West, sans parler des townships de Mamelodi et Shoshanguve. Nudakunda urukwavu yemera ko ruzi kwiruka. Vas y voir et reviens comparer avec Bujumbura, en termes de proprete seulement.

        • Fofo

          @John & Stan Siyomana,
          Pour vous les classements des Organisations internationales ne vous disent rien! Certes, Kigali est propre par rapport à bcp d’autres villes en Afrique mais un seul critère ne suffit pas. C’est pourquoi malgré tous ces éloges, le Rwanda reste sur la liste des pays les plus pauvres du monde. Son budget dépend toujours de l’aide étrangère (30%). S’agissant de la croissance économique, le Rwanda n’est pas du tout en tête! Tous les pays africains ont une croissance économique positive à l’exception de notre pays à cause de la crise de 2015. Ou bien vous confondez la propreté et le développement??? Concernant la comparaison du Burundi par rapport au Rwanda, vous ignorez bcp des choses. Après le Génocide, le Rwanda a trouvé une certaine stabilité politique, ce que le Burundi n’a jamais trouvé depuis son indépendance. A côte de leur culpabilité, bon nombre des pays occidentaux ont accordé bcp des financements au Rwanda qu’aucun autre pays africain n’en a jamais obtenus. Avec la stabilité et les financements le gouvernement peut concevoir et réaliser ses programmes de développement mais qu’en est -il ici chez-nous? Tout le monde veut faire la politique et cherche toujours le moyen de déstabiliser le pays. Où avez-vous déjà vu au monde où les ASBL appelée malignement « Société civile » se coaliser avec l’Opposition? ou les radios animent les manifestations comme un match de football? Ou avez-vous déjà vu au monde une organisation qui regroupent les politiciens, les partis politiques, les militaires, les journalistes, … Qu’appelle-t-on une cette organisation? Au Burundi tout cela existe. Comment développer un pays dans une telle situation?

  3. Kongwe

    Ehhhh! Turaronse igitoro n’ amatara kabisa! !

  4. Boubacar Ndiaye

    Haciye 15 ans batuvyinira ngo icishe uburundi ni kuzera inze, none ehe raba 15 ans après, voire meme 17 ans après baracari muri sayidiya papa Chine. Ni ibiterasoni kubona dufashishwa imfashanyo y’umuceri kabisa! Dufise SRDI.

  5. kabingo dora

    Qui est cet analyste que vous ne citez pas  » La découverte des terres rares, des minerais comme le coltan, le nickel, fait qu’il soit convoité. A cela s’ajoute le lac Tanganyika et patati patata… ». Tout se sait depuis que le Burundi existe et même avant , pourquoi rien ne s’est encore passé pour les mettre en valeur ?
    Je commence par la chose la plus simple à réaliser ? Le lac Tanganyika . Dans un pays normal ce lac serait une voie de transport des personnes et des marchandises extraordinaire pour les burundais . Alors la question ? combien de bateaux de transport des personnes circulent sur le lac ? Et vers quelles directions ? Rien Déjà il y aurait du avoir une liaison lacustre entre bujumbura- rumonge et Nynaza Lac pour le transport des personnes mais aussi des biens. Rien . Et les terres rares , ou en êtes vous avec leurs exploitations. Nous , les burundais nous avons la bouche pour parler , lorsqu’il s’agit des bras pour travailler c’est une autre affaire

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