Une détérioration du climat politique s’observe avec une spirale de violences verbales et physiques, deux semaines après l’ouverture officielle de la campagne pour les scrutins du 20 mai. Des actes d’intimidation caractérisés par des propos indécents voire injurieux sont tenus par les acteurs politiques et les militants à l’encontre de leurs adversaires lors des meetings.
Des affrontements entre militants surtout du parti présidentiel, le Cndd-Fdd et son principal challenger, le CNL, gagnent du terrain. Ces vives tensions ont déjà causé mort d’hommes, occasionné des blessés et des disparus. Par ailleurs, il se développe des sentiments de suspicions entre acteurs politiques. Des tentatives de fraudes sont dénoncées, surtout par l’opposition.
Alors que les consultations électorales devraient être des moments de sérénité ou de jouissances populaires, elles risquent de devenir des instants de crainte, de peur et de hantise de violences. A l’instar de cette vieille femme de la commune Bukinanayana qui craint déjà la résurgence de la violence compte tenu du climat politique délétère : « Des tueries pourraient s’observer avant et après les élections. » La situation est donc préoccupante. Il faut des messages forts, recadrer des jeunes envoûtés, endoctrinés par certains politiciens qui cherchent à assouvir leurs intérêts égoïstes. Lorsqu’elle n’est pas gérée de manière assez satisfaisante, l’élection peut contribuer à mettre en danger le processus de démocratisation qu’elle est supposée servir.
Je salue la mise en garde du chef de l’Etat, à Cankuzo ce 6 mai, à quiconque perturberait les élections ou attenterait à la vie de la personne humaine. Que d’autres autorités politiques, administratives, judiciaires, policières, marchent dans ses pas. En évitant surtout le deux poids deux mesures lors des sorties médiatiques que certains politiques commencent à interpréter comme des messages qui visent à les priver de leurs droits civiques ou à les tenir éloignés de la sphère politique.
L’article premier de la Constitution stipule que « Le Burundi est une République indépendante, souveraine, laïque, démocratique, unitaire et respectant sa diversité ethnique et religieuse. » Et selon Schumpeterien, peut être considéré comme démocratique « un système politique où les gouvernants-clés sont choisis à travers des élections libres et compétitives auxquelles participent tous les citoyens jouissant de leurs droits civiques. » Plus que tout autre organe, c’est la Commission électorale nationale indépendante, la CENI, qui doit jouer ce rôle. La Constitution lui confère par ailleurs ce pouvoir à son article 90 : « Une commission électorale nationale indépendante garantit la liberté, l’impartialité et l’indépendance du processus électoral. » Elle doit donc prendre à bras-le-corps la situation, apporter une réponse à ces tensions électorales pour une compétition saine, équitable et juste. L’avenir du pays en dépendra et l’histoire retiendra d’elle des hommes et des femmes qui ont évité la fracture sociale, la dislocation du tissu national.