Le ministre de l’Intérieur, Martin Niteretse, a annoncé, vendredi 8 décembre, un projet en cours d’une carte d’identité biométrique. Pour certains acteurs, cette carte a des avantages et devrait être disponible avant les élections de 2025.
Les premiers tests ont été effectués vendredi dernier. « Et une carte biométrique a été imprimée avec succès » s’est réjoui le ministre Niteretse.
Selon lui, la carte d’identité biométrique pourra décourager la tricherie qui s’observe notamment dans l’octroi des cartes d’identité à l’état civil où une personne peut facilement avoir plus d’une carte d’identité.
Il a alors déclaré que des équipements ont été donnés aux services d’état civil dans 11 communes pilotes. Et rassurer que ces machines fonctionnent correctement.
Martin Niteretse a confié que la seule lacune est le fait que les agents de l’état civil n’ont pas encore bien maîtrisé sa confection. Il espère néanmoins qu’une loi de protection de la carte en cours de préparation sortira au moment où ils auront des connaissances requises.
Le ministre de l’Intérieur affirme que la carte servira à la lutte contre les fraudes dont la fraude électorale en 2025 : « Vous avez entendu dans le passé des gens qui disent qu’il y a eu fraude, tel n’avait pas l’âge pour voter, tel autre a voté deux fois, cela sera évité en 2025. »
Il veut que le recensement électoral de l’année prochaine ait lieu alors que toute la population a une carte d’identité biométrique. Sans préciser le coût de la nouvelle carte, il reconnaît qu’elle sera plus chère vu les équipements qui sont utilisés pour sa confection. Mais le ministre s’est engagé de tout faire pour que tous les Burundais aient cette carte nationale.
Une carte de grande utilité
« Le détenteur n’aura plus besoin d’un laissez-passer pour voyager dans les pays membres de la Communauté Est Africaine », a informé le ministre Niteretse.
Pour le directeur exécutif de l’ONG locale Parcem, Faustin Ndikumana, la carte d’identité biométrique aura des avantages sur plusieurs points.
Au point de vue sécurité, il juge qu’il sera difficile d’avoir des cartes d’identité fraudées. Pour lui, la fabrication des cartes d’identité autant que faire se peut pour avoir plus de membres pendant la période électorale devra disparaître. La carte d’identité biométrique, poursuit-il, améliorera le contrôle de la croissance démographique.
Les organisations de la société civile jugent le document extrêmement important dans la vie du citoyen burundais. « Elle jouera un rôle de protection de données et protégera les Burundais contre plusieurs formes de fraudes dont la fraude électorale et fiscale », estime Gabriel Rufyiri président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les malversations économiques, (Olucome).
Il rappelle que beaucoup d’étrangers utilisent des cartes fraudées et se font passer pour des Burundais. D’autres mentent sur l’âge biologique. Si l’instauration de la carte d’identité biométrique est réussie, pense Rufyiri, les cas de fraude seront atténués.
Mais, il craint que les coupures électriques qui s’observent dans différentes communes risquent de devenir un obstacle, car on ne pourra pas imprimer sans électricité.
Rufyiri note également un autre défi lié au manque des techniciens informaticiens au niveau des communes. S’il faut donner un marché à une maison spécialisée, il plaide pour une transparence dans l’octroi du marché.
Et de rappeler que le projet avait été pensé en 2013. Selon le président de l’Olucome, même une avance de 300 millions BIF avait été donnée. « Mais, on ne sait pas ce qui s’est passé ». Il y a pourtant une loi qui réglemente les données qui devront être sur la carte, car elle doit être étudiée minutieusement. « Et cela exige des experts ».
Le président de l’Olucome espère que la carte d’identité biométrique sera une réussite et luttera contre la fraude électorale en 2025. Néanmoins, il dit que cela dépendra de la volonté politique.
« Il faut dépasser l’étape des tests »
Jean Nduwimana, représentant légal de l’Association des Jeunes pour la non-violence active (Ajna), soutient qu’il faut évoluer vers l’octroi proprement dit de la carte d’identité biométrique à tous les citoyens. Et d’insister : « Il ne faut pas que les élections de 2025 arrivent sans que la carte soit prête. » M.Nduwimana doute que le temps qui reste est très court. Il souhaite que l’enrôlement des électeurs et la préparation du fichier électoral commencent alors que tous les électeurs et candidats ont une carte d’identité biométrique.
Cet activiste de la société civile demande au gouvernement de collaborer avec ses partenaires, pour qu’en 2025, on n’assiste plus à des cas où des gens qui ont plus de 50 cartes nationales d’identité.
Quant à l’Association pour la Consolidation de la Paix au Burundi (Acopa-Burundi), elle estime que le retour du projet est une bonne nouvelle pour les citoyens burundais qui ne disposent pas des moyens suffisants pour se procurer des documents de voyage classiques.
En matière électorale, elle considère cette carte comme un outil de grande importance pour l’éradication des fraudes électorales : « Elle va faciliter l’établissement des statistiques sur le nombre de personnes en âge légal de participer aux élections et le nettoyage du fichier électoral. »
Il ajoute que la carte d’identité biométrique va aussi diminuer sensiblement les conflits familiaux puisqu’aucune personne ne pourra contracter plus d’un mariage sans que le précédent ait été dissout. Il en est de même pour l’enregistrement des naissances : « Aucun enfant ne sera enregistré sur deux pères sans que le premier ne l’ait désavoué. »
La carte d’identité biométrique est aussi la bienvenue pour l’Observatoire africain pour la Démocratie et l’Assistance en matière électorale (OADAME-Burundi). Apollinaire Nzeyimana, son vice-président, demande que sa délivrance ne soit pas uniquement l’affaire de la commune, mais qu’elle soit décentralisée plutôt au niveau des zones.
Iwacu contacté a voulu savoir le coût de la carte, s’il y aurait une société de confection recrutée et a essayé de s’informer au niveau du ministère, sans succès.
Le projet de digitaliser la carte d’identité par les autorités burundaises ne date pas d’hier, des opérations de collecte des données avaient même été effectuées en 2013.
Comment vont ils l’utiliser sans courant electrique avec toutes ces coupures intempestives 😢?
Cette carte est la bienvenue, pourtant dans l’état de délabrement général dès systèmes de generation d’électricité, elle ne sera d’une grande utilité.